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INTERVIEW - Benjamin Djiane, lieutenant de Manuel Valls, candidat aux élections de député des Français de l'étranger

Écrit par Lepetitjournal Tel Aviv
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 7 septembre 2017

Benjamin Djiane est candidat  aux législatives des Français de l'étranger qui auront lieu en juin. Proche de Manuel Valls, il entend être l'élu qui rétablit la liaison entre expatriés et avenir de la France. Il a présenté à la rédaction du Petit Journal Tel Aviv ses propositions pour les Français d'Israël.

 

Résumez-nous votre parcours. Qu'est-ce qui vous a poussé à entrer en politique ?

J'ai quarante ans et j'ai la particularité d'avoir fait autre chose avant d'intégrer le monde politique. J'ai travaillé en entreprise, dans le groupe français "Bonduelle". D'abord, comme responsable de la communication externe avant de partir à l'étranger, en Italie. Là, j'ai travaillé pour la filiale italienne de "Bonduelle" à Milan comme responsable marketing et secrétaire général de la fondation. J'ai toujours eu un engagement politique, en tant que militant au sein du parti socialiste.

À l'issue de mon expérience en Italie, je suis rentré en France. J'ai été le collaborateur du député Patrick Bloche pendant quatre ans. Je me suis investi sur les sujets concernant l'audiovisuel et la culture, à ses côtés. Je suis aussi adjoint au maire du troisième arrondissement de Paris. En 2012, je suis devenu la plume de Manuel Valls, alors ministre de l'Intérieur. Puis, je l'ai suivi quand il est devenu Premier ministre. J'ai toujours eu un amour de l'écriture et un goût pour l'engagement politique. Être la plume d'un homme politique, c'était la rencontre entre ces deux passions. J'ai connu Manuel Valls lors de la campagne de François Hollande en 2012. Ce qui m'intéressait, c'était de travailler auprès du ministre de l'Intérieur parce que je suis persuadé que la gauche a beaucoup à dire sur la sécurité, la république, la laïcité. Sur ces sujets, elle a été trop longtemps timorée. Il faut que la gauche se réinstalle dans ses fonctions régaliennes, notamment face à la menace terroriste.

Que représente pour vous le fait d'être député de la huitième circonscription ?

Je veux redonner du sens à cette élection. L'élection des députés des Français de l'étranger est une grande avancée démocratique. Elle permet aux citoyens français du monde entier, qu'ils soient nationaux ou binationaux, de dire ce qu'ils veulent pour leur pays. Comme tous les autres députés, les députés des Français de l'étranger participent à l'expression de la souveraineté nationale, à travers le vote des lois, les grandes orientations politiques que l'on veut pour la France. Ils ont bien sûr une sensibilité particulière pour les sujets qui touchent très directement les Français de l'étranger.

Quels liens avez-vous avec cette 8e circonscription et notamment Israël qui en fait partie ?

D'abord, mon attachement à cette circonscription commence avec un pays : l'Italie, où j'ai été expatrié. Ensuite, sur la question de l'Etat d'Israël, je m'exprime en tant que Français et en tant qu'homme de gauche, qui, fidèle à l'histoire de la gauche, est attaché à l'existence et à la sécurité de l'Etat hébreu. Cela remonte à très loin : Léon Blum, Guy Mollet, Pierre Mendès France, François Mitterrand, Lionel Jospin.

J'ai un attachement personnel très fort à l'État d'Israël, de par l'histoire de ma famille et mon histoire personnelle. Mais j'ai aussi de l'admiration. Israël est une aventure nationale magnifique qui a fait grandir en 70 ans la seule démocratie du Proche-Orient, et la 8e puissance économique mondiale. C'est un pays plein d'énergie, de dynamisme. Un petit pays par sa taille, mais très grand par son influence. Une partie de ma famille vit en Israël. Mon père m'a raconté tant de fois que, lorsqu'il a quitté l'Algérie avec les siens en 1962, ils ont hésité entre la France ou Israël. Vous connaissez la chanson, « J'ai deux amours »..! Une partie des cousins de mon père a fait le choix de l'alyah. Mon père lui, s'est installé en France. Par la suite, mon père fut l'un des premiers scientifiques français à créer des liens avec le monde scientifique israélien, et cela dans les biotechnologies. C'était dans les années 1990, à l'époque où la coopération scientifique entre la France et Israël n'était pas ce qu'elle est.

Je suis attaché à Israël, mais je suis bien évidemment candidat à ces élections législatives pour représenter les Français de l'Étranger, nationaux et binationaux, sur l'ensemble de cette circonscription, de l'Italie jusqu'à Israël, donc de Rome jusqu'à Jérusalem [Créée en 2010, la circonscription comprend huit pays du pourtour méditerranéen, ? Chypre, Grèce, Israël, Italie, Malte, Saint-Marin, Saint-Siège, Turquie].

 

« Je veux redonner du sens à cette élection ». Quelles sont vos priorités concernant les problématiques des Français qui vivent à l'étranger ?

D'abord, je veux valoriser l'enseignement du français en soutenant nos établissements scolaires, peu importe leurs statuts. Qu'ils soient gérés par l'état ou non. Je veux ensuite continuer la modernisation de nos services consulaires. Beaucoup de choses ont été mises en place depuis 2012, notamment en terme de dématérialisation, pour la délivrance des papiers. Il y a un exemple dont on m'a parlé. Le droit à la retraite et la difficulté de rassembler les pièces nécessaires. Les Français qui vivent en Israël ou dans un autre pays ont du mal à faire valoir leurs droits. Maintenant, il faut que les moyens humains et budgétaires suivent. Je suis inquiet des moyens qui vont être donnés à nos représentations consulaires et à notre tissu associatif. Mon expérience d'élu local m'a appris combien il faut être aux côtés des acteurs associatifs, notamment en matière d'aide sociale. L'autre enjeu, c'est la culture. Tous les Français que je rencontre à l'étranger sont attachés à la présence de la culture française. Pour cela, il faut qu'il y ait des structures adaptées et bien dotées budgétairement. Là encore, j'ai un désaccord fondamental avec Meyer Habib. Il est le candidat de François Fillon donc des 500 000 postes de fonctionnaires en moins, des diminutions budgétaires. Ce sont les Français de l'étranger qui en paieront le prix : moins de professeurs, moins de fonctionnaires dans les consulats. C'est cela, le programme de Meyer Habib. Un député doit s'engager sur les problématiques qui concernent la France. Les Français de l'étranger sont avant tout des Français. Ils votent pour quelqu'un qui doit s'intéresser au destin de la France. Je veux redonner du sens à cette élection, qu'on en comprenne bien les enjeux : je ne veux pas être enfermé dans les questions locales. Elles ont leur importance mais je veux parler de tous les sujets. Les Français de l'étranger méritent de s'inscrire pleinement dans le débat démocratique.

Que proposez-vous pour les Français d'Israël ?

Je propose pour la 8ème circonscription cinq combats : éducation, solidarité, culture et rayonnement de la France, services publics, entreprendre et innover.

Pour Israël, concernant la solidarité des personnes en difficulté, je propose de créer une caisse de compensation pour les retraités qui touchent leur retraite en euros afin qu'elle compense les évolutions du cours du change.

En ce qui concerne l'éducation, je propose un doublement du budget des subventions du dispositif FLAM (Français Langue Maternelle) qui doit réduire le coût des activités extra-scolaires en français mais également s'accompagner du renforcement du soutien pédagogique (davantage de supports pédagogiques fourni par l'Institut français, mise à disposition de professeurs pour les associations FLAM, etc.).

Sur la reconnaissance des diplômes, les choses ne vont pas assez vite : c'est le cas des infirmières françaises qui sont très bien formées et qui n'arrivent pas à exercer en Israël. Il faut taper du poing sur la table pour que les choses aillent beaucoup plus vite. Nous avons perdu trop de temps. Mon suppléant, Amos Schupak, connaît très bien ce sujet pour y avoir travaillé à la Knesset et je sais qu'il mettra toute son énergie pour que ce dossier avance. C'est la même chose pour les permis de conduire, les contacts que j'ai déjà eus avec l'administration française, me laissent penser qu'avec un peu plus d'énergie, on devrait là aussi avancer plus vite (équivalence quasi-automatique).

Pour la culture et le rayonnement de la France, je propose l'extension du programme Erasmus en Israël pour permettre aux étudiants français de venir faire un an d'étude en Israël dans les universités et inversement pour les étudiants israéliens en France. Il s'agit d'un programme européen déjà étendu à d'autres pays hors Europe, et donc je trouve cela légitime qu'Israël y soit inclus.

En matière d'innovation, je suis résolument contre le boycott d'Israël. La France a tout à gagner à renforcer ses liens avec l'Etat hébreu. Je propose donc de mettre le paquet sur les liens entre nos start-ups respectives et je jouerai de toute mon influence pour que les programmes existants soient démultipliés. 

Enfin, pour les services publics français en Israël, je veux le maintien de tous nos services consulaires. Il est hors de question de fermer les consulats. Il faut cette proximité de service public à l'étranger.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le regard que vous portez sur l'action du député sortant Meyer Habib ? En quoi auriez-vous agi différemment ?

Meyer Habib est un personnage sympathique. Nous nous sommes rencontrés, en avril. Je lui reproche d'avoir beaucoup parlé sans pourtant avoir fait avancer les dossiers d'un pouce. Les Français de l'étranger ont besoin d'un député qui défende leurs intérêts, qui soit attentif à leurs préoccupations et leurs inquiétudes. Moi, je veux m'adresser aux étudiants, aux retraités, aux actifs. À ceux qui veulent créer, innover. Et ils sont de plus en plus en Israël. Meyer Habib ne parle jamais d'eux. Moi, je veux parler des sujets qui concernent tous les Français de cette circonscription. Je serai le député qui agit pour l'intérêt général des Français de Rome à Athènes, en passant bien sûr par Tel Aviv et Jérusalem ! 

 

La rédaction (www.lepetitjournal.com/tel-aviv) - vendredi 02 juin 2017

 

logofbtelaviv
Publié le 1 juin 2017, mis à jour le 7 septembre 2017
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