Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Vattenfall, géant suédois à la conquête du marché énergétique français

18668041321_80a6d5570d_z18668041321_80a6d5570d_z
Eolienne du groupe suédois Vattenfall, Esbjerg, Danemark. Photo : Johan Wessman
Écrit par Johann Tsati
Publié le 3 octobre 2018, mis à jour le 4 octobre 2018

Lundi 1er Octobre, Vattenfall a annoncé le lancement d’offres électricité et gaz à destination des particuliers. Le leader suédois du secteur rejoint ainsi la longue liste des fournisseurs implantés sur le marché français.

 

Vattenfall est le groupe historique suédois du secteur de l’énergie. Fondé en 1909, il appartient à 100% à l’Etat suédois. Le groupe dirigé par Magnus Hall s'exporte aussi à l'étranger et compte plus de 10 millions de clients répartis sur sept pays. En France, il fournit de l’électricité aux professionnels depuis 2000 et du gaz depuis 2014. Vattenfall comptabilise aujourd’hui plus de 4.000 clients, soit environ 5% du marché des professionnels. La nouvelle ambition du groupe est donc désormais le secteur résidentiel énergétique français.

 

Un secteur disputé, toujours dominé par EDF

 

Depuis l’ouverture du marché à la concurrence en 2007, de nombreux acteurs se sont lancés dans le secteur de la distribution d’énergie. On dénombre aujourd’hui plus de 25 groupes proposant de l’électricité sur le territoire. Les particuliers ont le choix entre les fournisseurs historiques, EDF pour l’électricité et Engie pour le gaz, et les nouveaux fournisseurs alternatifs comme Total, Cdiscount ou Direct Energie.

Le tarif d’EDF et Engie est indexé à celui des tarifs réglementés de vente (TRV) fixés et régulièrement mis à jour par l’Etat. Les TRV doivent refléter les coûts réels de la fourniture d’énergie, afin que les fournisseurs alternatifs, proposant eux un tarif libre, puissent être en concurrence loyale avec les opérateurs historiques. Les fournisseurs alternatifs proposent généralement des prix légèrement inférieurs à ceux d’EDF. La différence entre ces différents opérateurs est néanmoins peu significative. En effet, tous les fournisseurs doivent s’acquitter des mêmes taxes et mêmes frais de transport de l’énergie, qui représentent deux tiers du coût de revient. Les prix proposés par les fournisseurs alternatifs varient donc uniquement en fonction du dernier tiers, qui correspond aux kilowattheures vendus par EDF aux opérateurs. Les rabais et ristournes promis par les fournisseurs s’appliquent également par rapport à cette partie du coût total.

 

Malgré la concurrence grandissante, EDF est toujours le leader national avec plus de 80% des parts de marché. Cette domination est cependant en constante diminution. En effet, le groupe perd environ 100.000 clients par mois au profit des nouveaux opérateurs récemment arrivés sur le marché.

 

barrage-hydroélectrique-suède
Barrage hydroélectrique, Suède. Photo: Niclas Albinsson

 

Un groupe ambitieux et tourné vers les énergies renouvelables

   

Vattenfall entend se faire une place de choix dans le secteur :  Nous espérons conquérir 500.000 clients avant cinq ans, et figurer ainsi parmi les 5 principaux fournisseurs dans l’Hexagone” a ainsi déclaré Henri Reboullet, PDG de Vattenfall France.

Le principal atout du groupe réside dans la promesse de tarifs attractifs, 12% moins chers en moyenne que le tarif réglementé d’EDF et d’Engie. L’autre argument commercial de Vattenfall est de proposer une électricité “neutre en carbone”. Cet argument est contestable puisque l’électricité qu’achète Vattenfall pour ensuite la fournir aux particuliers provient en partie de centrales utilisant des énergies fossiles et donc émettrices de CO2. Cette énergie devient ensuite “verte” par l’achat de certificats de garantie d’origine renouvelables. Ces certificats garantissent l’injection dans le réseau d'énergie issue d‘installations produisant de l’énergie renouvelable. Ce mécanisme de compensation s’effectue néanmoins à un niveau européen et ne favorise donc pas la transition énergétique française.

Si les énergies fossiles et nucléaires représentent encore près des deux tiers de sa production d’énergie, le groupe suédois semble s’être engagé dans la transition énergétique. Vattenfall a fait le choix, comme la plupart de ses concurrents, d’investir dans les énergies renouvelables. En 2016, il a vendu ses mines et centrales à charbon allemandes à l’entreprise tchèque EPH. Tous ses nouveaux investissements se font désormais vers des énergies renouvelables, notamment l’éolien (en mer). Dans ce domaine, le groupe fait figure de pionnier avec 12 parcs opérationnels répartis dans 5 pays et une dizaine en construction ou en développement. Vattenfall ne produit pas encore d’électricité en France mais l’envisage à terme. En partenariat avec l'allemand WPD et la Caisse des Dépôts, le groupe suédois tentera bientôt de décrocher l’appel d’offres pour le futur parc éolien en mer, au large de Dunkerque.

 

Afin de conquérir le marché français de la distribution d’énergie, Vattenfall aurait investi “une dizaine de millions d’euros”  via notamment le recrutement d’employés, la mise en place d’une plate forme informatique ou encore le développement de partenariats avec des comparateurs de prix. Le groupe va également lancer, à partir du 8 octobre, une vaste campagne médiatique, télévisuelle, radio et digitale, afin de faire connaître son offre auprès du grand public. La diffusion de l'information apparaît en effet comme un point clé: plus de 10 ans après l’ouverture du marché à la concurrence, on estime qu’environ 50% des consommateurs ignorent qu’ils peuvent choisir leur fournisseur d’énergie. Pour Vattenfall, ces moyens seront sans aucun doute nécessaires pour se tailler sa part du gâteau dans ce secteur ultra-concurrentiel.

 

Johann Tsati, 03 Octobre 2018



 

Flash infos