Plus de quatre mois après les élections générales de septembre, la Suède a choisi un nouveau Premier Ministre. Ce dernier n’est cependant pas si inconnu puisque Stefan Löfven qui a occupé le poste ces quatre dernières années a été désigné pour effectuer un deuxième terme. Qu'est ce que cela signifie pour la politique suédoise ?
Une alliance politique inédite
Pour parvenir à choisir un Premier Ministre, la politique suédoise a vu naître une alliance inédite. Un gouvernement rose-vert composé du parti Social Démocrate de Stefan Löfven et du parti Vert mené par Isabella Lövin Gustav Fridolin mènera le pays. Cette coalition n’est en soi pas unique puisque les deux partis sont historiquement liés, mais à eux deux ces derniers ne représentent que 116 sièges au Parlement, loin des 175 mandats nécessaires pour détenir la majorité. Les deux partis ont donc dû s’appuyer sur le soutien de deux autres partis ne faisant pas partie de leur bloc politique.
Les Libéraux de Jan Björklund et le Parti du Centre mené par Annie Lööf ont donc décidé après d’âpres négociations de soutenir un gouvernement mené par Stefan Löfven. Les partis se sont mis d’accord sur 70 problématiques sur lesquels ces derniers avaient des opinions divergentes, notamment sur les questions d’immigration, la privatisation des agences publiques ou la libéralisation du marché du travail. L’agenda politique des années à venir devrait donc se positionner “au centre” pour pouvoir convenir aux différents partis.
Les compromis qu’a fait Stefan Löfven pour réussir à obtenir cette alliance ne lui a pas permis d’avoir le soutien du Parti de Gauche, le parti de Jonas Sjöstedt qui faisait partie de l’alliance rouge-verte ces dernières années. Lors du vote pour élire le Premier Ministre les membres du parti se sont donc abstenus ce qui a permis à Löfven d’être choisi pour un deuxième mandat.
Des incertitudes pour ce nouveau gouvernement
Les partis d’opposition promettent au nouveau gouvernement un mandat qui ne sera pas un long fleuve tranquille. Les Modérés de Ulf Kristersson et Ebba Busch Thor leader des Chrétiens Démocrates membres de l’Alliance de centre droit ne font pas une croix sur les anciens membres de leur Alliance. Les deux partis aspirent à une “alliance conservatrice” qui unirait les députés les plus à droite de l’échiquier politique mais sans inclure les membres du parti d’extrême droite Sverigedemokraterna.
Quant à Jonas Sjöstedt il est prêt à proposer une motion de censure s’il estime que les mesures prises par le nouveau gouvernement sont trop marquées à droite. Dans cette situation, il demanderait le soutien de Ulf Kristersson et Ebba Busch Thor, mais ne se tournerait pas vers Jimmie Åkesson leader de l’extrême droite. Les déclarations des leaders des principaux partis contredisent donc les Démocrates de Suède qui pensent que sans coopération avec l’extrême droite gouverner le pays sera impossible.
En ce lundi, Stefan Löfven présentera l’orientation de son nouveau gouvernement au Riksdag ainsi que la composition de ce dernier qui devrait majoritairement comprendre des ministres sociaux-démocrates. En mai, le gouvernement devra établir un nouveau budget avec les Libéraux et le parti du Centre, ce qui pourrait s’avérer être un défi.
Sarah Chabane, 21 janvier 2019