Plus deux mois après les élections générales du 09 septembre la Suède est toujours à la recherche de son nouveau gouvernement. Petit point sur la situation depuis les élections et les étapes à venir.
Le résultat des élections de septembre
Le résultat des élections de septembre a montré une Suède divisée. Aucune des deux grandes coalitions n’a obtenu les 175 mandats qui lui donneraient la majorité au Parlement. Un seul siège les sépare. La coalition de centre gauche (qui comprend le Parti social démocrate, le parti de gauche et les Verts) compte 144 sièges l’Alliance, la coalition de centre droit (composée des Libéraux, des Modérés, des Chrétiens démocrates et du parti du Centre) cumule 143 sièges. La troisième force politique du pays ne fait partie d’aucune des deux coalitions, il s’agit du parti d’extrême droite Sverigedemokraterna qui a obtenu 62 sièges au Riksdag.
Cette absence de majorité pour l’un des deux grands blocs a rendu la nomination d’un nouveau gouvernement compliqué depuis les élections de même que le choix d’un.e nouveau.elle Premier.ère Ministre. Le précédent gouvernement de Stefan Löfven dirige toujours le pays en attendant de trouver une solution.
Le 24 septembre, Andreas Norlén a été choisi par le Parlement comme son porte parole. Le membre du parti Moderaterna a pour rôle de rencontrer et d’échanger avec les différent.es leaders des partis politiques dans le but d’arriver à un accord. Il propose également les candidat.es au post de Premier.ère Ministre devant le Parlement. Andreas Norlén peut proposer quatre candidat.e.s potentiel.les devant les député.es du Riksdag. Et en cas de quatre votes à l’encontre de la personne proposée, il faudra alors mettre en place des élections anticipées.
Que s’est-il passé depuis ?
Trois leaders ont été choisi par Andreas Norlén pour endosser le rôle de “sonderingsperson”, pour sonder le terrain et mener des pourparlers en vue de la création d’un nouveau gouvernement.
Le 02 octobre le leader du parti des Modérés Ulf Kristersson est nommé par le porte parole du parlement. Kristersson avait deux semaines pour parvenir à un accord, ce dernier a jeté l’éponge 13 jours après. Il avait proposé de mettre en place un gouvernement d’Alliance de centre droit à tout prix ce qu’il appelle la “solution 3-2-1”. C’est à dire que le gouvernement pourrait être composé d’un seul, deux ou trois partis de l’Alliance en plus de Moderaterna si cela était nécessaire pour mettre en place leur agenda.
Annie Lööf à la tête de Centerpartiet (le parti du centre) et Jan Björklund leader de Liberalerna (les Libéraux) ont tout deux dit non à la proposition de Kristersson. Les deux leaders ne voulant pas d’un gouvernement de droite conservateur composé de Moderaterna et de Kristdemokraterna. Ebba Busch Thor (leader du parti Chrétien démocrate) avait elle approuvé la solution de Kristersson.
Après cette première tentative, la même tâche est confiée au le Premier Ministre Stefan Löfven qui a tenté de former un nouveau gouvernement. Mais de la même manière, le 29 octobre et 14 jours après sa nomination ce dernier abandonne.
Andreas Norlén a alors décidé de redonner une chance à Ulf Kristersson. Il ira même plus loin puisqu’il choisit de présenter le leader de Moderaterna devant le Parlement. Le but était de forcer les partis à prendre une décision deux mois après les élections. Le jour avant le vote, Annie Lööf et Jan Björklund ont déclaré qu’ils voteraient contre la nomination d’Ulf Kristersson au poste de Premier Ministre. Bien qu’étant membre de l’Alliance de centre-droit, les deux leaders ont voulu montrer leur désaccord vis-à-vis du choix d’Ulf Kristersson de travailler avec le support du parti d’extrême droite. Cette décision a fragilisé l’Alliance.
Pour être élu le candidat devait obtenir moins de 175 votes à son encontre. Le 14 novembre 195 parlementaires se sont prononcés contre la candidature du leader du parti Moderaterna. C’est la première fois qu’un candidat au poste de Premier Ministre n’obtient pas l’aval du Parlement. Il a ainsi perdu le premier vote, trois votes sont encore possibles avant l’organisation de nouvelles élections.
Après cet échec, c’est Annie Lööf qui a été désignée comme “sonderingsperson” par Andreas Norlén. La leader de Centerpartiet est apparue comme une option alternative aux deux grands partis. Celle-ci s’est entretenue plusieurs fois avec les sociaux-démocrates et les Verts. Elle a tenté de former un gouvernement réunissant l’Alliance et certains des partis de gauche ( les sociaux-démocrates et le parti vert) ou de former un gouvernement minoritaire composé des Libéraux et du parti du Centre. Malgré ses efforts elle n’a pas réussi à rassembler assez de soutien et a abandonné tout comme Kristersson et Löfven.
Quelle est la prochaine étape ?
Vendredi 23 novembre, Andreas Norlén a annoncé qu’il donnerait une deuxième chance à Stefan Löfven le 03 décembre prochain. Dans les quatre jours qui suivent cette date Löfven sera présenté devant le Riksdag pour prétendre au poste de Premier Ministre.
Le porte parole du Parlement laisse ainsi dix jours à Stefan Löfven pour essayer de former un nouveau gouvernement et rassembler des soutiens autour de sa proposition avant le vote du Parlement. Le leader du parti Social Démocrate pourrait compter sur l’abstention de certains partis lors du vote mais pour l’instant Norlén ne veut pas spéculer sur les chances de réussite ou d’échec de Löfven.
La prochaine date cruciale sera donc le 03 décembre pour la Suède en matière de politique.
Sarah Chabane, 26 novembre 2018