Entre le premier grand procès depuis l'ère #metoo qui chamboule l'Académie Nobel et la condamnation à la perpétuité confirmée pour l'inventeur meurtrier Peter Madsen, la Suède a été confrontée récemment à deux procès importants. Retour sur ces deux affaires qui ont secoué le pays !
Dénouement du premier grand procès #metoo
Le mercredi 19 septembre, s’est ouvert le premier grand procès du hashtag Metoo qui a vu le jour lors du scandale de l’affaire Weinstein. À Stockholm, se trouve sur le banc des accusés un Français, Jean-Claude Arnault, inconnu dans l’hexagone mais célèbre en Suède. Ancien directeur artistique de la scène prisée le Forum, époux de la poétesse et académicienne Katarina Frostenson, chevalier de l’ordre royal de l’étoile polaire, l’homme de 72 ans est devenu proche de l’Académie Nobel.
C’est le 21 novembre 2017 qu’il est accusé de viols et agressions sexuelles dans un article du quotidien Dagens Nyheter (DN), par dix-huit femmes. Quatre femmes témoignent à visage découvert, dont l’essayiste Gabriella Hakansson qui s’est faite agresser par le Français en 2007. Plusieurs accusations sont considérées comme prescrites par la justice (certains faits datent de 1996) mais une accusation pour deux viols sur la même plaignante qui dateraient de 2011 a permis d’ouvrir ce procès qui s’est déroulé à huit-clos. La victime accuse le Français de l’avoir forcée à un « rapport oral » puis une pénétration vaginale dans un appartement stockholmois le 5 octobre 2011. Les faits se seraient ensuite répétés dans la nuit du 2 au 3 décembre 2011 alors que la victime dormait dans le même appartement.
Une enquête interne à l’Académie Nobel a aussi confirmée que plusieurs académiciennes, conjointes ou filles d’académiciens avaient aussi subi les « comportements inappropriés » de l’accusé. C’est une affaire qui secoue la Suède car elle révèle le fonctionnement de la prestigieuse et riche Académie qui cultive la culture du silence et qui oscille entre conflits d’intérêts et jeux d’influence.
Lors de la dernière journée d’audience, ce 24 septembre, le parquet suédois a requis un minimum de trois ans de prison ferme à l’encontre de Jean-Claude Arnault.
Lundi 1 octobre, le verdict définitif est tombé, alors qu’au même moment le prix Nobel de Médecine était annoncé. Jean-Claude Arnault écope donc de deux ans de prison ferme.
La perpétuité pour Peter Madsen
Mercredi 26 septembre, la Haute Cour de Copenhague a confirmé en appel la condamnation de Peter Madsen à la réclusion à perpétuité pour l’assassinat d’une journaliste.
Kim Wall, 30 ans, était une journaliste suédoise qui s’intéressait à l’inventeur danois Peter Madsen. Ce dernier est condamné pour meurtre avec préméditation précédé de violences sexuelles. Il s’est attaqué à la jeune journaliste suédoise après que celle-ci soit montée, dans le cadre d’un reportage, dans son sous-marin artisanal, en août 2017. Le sous-marin Nautilus avait fait naufrage alors que la journaliste et Peter Madsen étaient à bord. Ce dernier a été sauvé le 11 aout 2017 par un bateau à moteur dans le port de Copenhague. Le pouce en l’air, il avait affirmé aller bien et avoir tenté de sauver la journaliste en vain. Une théorie qui aurait pu être plus crédible s’il n’avait pas démembré le corps de Kim Wall avant de le jeter à la mer ni omis d’appeler les secours.
Les experts psychiatres qui ont examiné Peter Madsen suite à cette affaire l’ont décrit comme un « manipulateur » avec une « personnalité polymorphe, sévèrement divergente » et « des tendances narcissiques et psychopathes ».
Sa condamnation à la perpétuité est confirmée, alors qu’il avait fait appel en avril dernier. Le procureur Kristian Kirk avait requis la prison à vie ; la préméditation et la nature des violences infligées justifiants cette perpétuité.
C’est une condamnation qui est rare au Danemark lorsque l’affaire concerne un seul homicide. Ces dix dernières années, seules trois personnes ont été condamnées à la même peine dans les mêmes circonstances.
Sarah ZIAI, 2 octobre 2018