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Les jeux traditionnels des enfants dans le monde malais

cerfs volantscerfs volants
@agnieszka-ziomek
Écrit par Jean-Michel Bardin
Publié le 15 décembre 2022, mis à jour le 15 février 2024

Il était une fois un monde où l’informatique n’existait pas : pas de smartphone, d’internet, ni de jeux vidéo. Et pourtant les enfants trouvaient le moyen de s’amuser. Cet article vise à présenter quelques jeux traditionnels que les enfants, voire les adultes, pratiquaient à Singapour, comme dans les pays voisins, et qui, pour certains, ne sont pas sans rappeler ceux avec lesquels les Français, aujourd’hui d’un certain âge, ont joué dans leur enfance. Malheureusement la plupart d’entre eux sont tombés en désuétude, du moins à Singapour, avec la disparition des kampongs (villages traditionnels) et la concurrence de l’électronique.

Gasing (ou la toupie)

Il s’agit du jeu de la toupie, pratiqué par les petits et les grands, plutôt les garçons, à Singapour et en Malaisie depuis le 15ème siècle, mais aujourd’hui seulement en Malaisie. Les toupies peuvent peser jusqu’à 4 kg avec une ficelle de lancement pouvant atteindre 4m.

 

toupie

 

Il y deux manières de jouer : soit en faisant tourner la toupie le plus longtemps possible (les champions approchent les deux heures !), soit en essayant de frapper la toupie de l’adversaire avec un bâton pour la faire tomber.

Goli (ou les billes)

Il s’agit de diverses variantes du jeu de billes. La plus simple consiste à tracer un cercle sur le sol. Chaque joueur y dispose un nombre égal de billes. Puis chaque joueur à son tour lance une bille pour frapper le plus grand nombre d’autres billes et empoche celles qu’il a réussi à sortir du cercle.

Kuti kuti

Ce jeu se joue à deux avec des objets plats, souvent des figurines en plastique colorées. En appuyant sur le bord d’une figurine avec une autre, on peut la lancer en l’air. Si elle retombe sur une des figurines de l’adversaire, alors on la prend, et on rejoue. Sinon la main passe à l’adversaire. La partie est finie lorsqu’un des joueurs a raflé toutes les pièces. Ce jeu se joue encore aujourd’hui en école primaire avec des petites gommes, notamment celles décorées de drapeaux de pays.

 

jeux malais

 

Five stones (ou les osselets)

Ce jeu est analogue au jeu des osselets, pratiqué depuis l’antiquité. Dans la région, il se jouait avec 5 petits sacs pyramidaux remplis de sable ou de riz, voire avec des cailloux (d’où son nom).

 

enfants qui jouent
Élèves de maternelle jouant aux five stones à Singapour (copyright PCF SparkleTots Preschool)

 

Apres avoir jeté les cailloux par terre, le joueur en prend un dans sa main. Il le lance en l’air, et ramasse un autre caillou avant de rattraper celui qu’il a lancé avec la même main. Il lance à nouveau un des cailloux qu’il a dans sa main en l’air pour ramasser un autre caillou par terre avant de rattraper celui qu’il a lancé, toujours avec la même main. Il continue jusqu’à avoir ramasse tous les cailloux par terre. Ensuite, il recommence la série trois fois, en ramassant deux cailloux, puis trois cailloux, puis les quatre cailloux à la fois.

Dans une seconde phase du jeu, le joueur prend deux cailloux dans sa main. Il en lance un et échange l’autre avec un autre caillou qu’il ramasse sur le sol, avant de rattraper celui qu’il a lancé en l’air, tout cela avec la même main. Il répète cela jusqu’à ce que tous les cailloux aient été échangés.

Ce jeu comprend d’autres phases, toutes demandant une grande habileté manuelle.

Chapteh ou capteh

Si le five stones en appelle à l’habileté des mains, le chapteh en appelle à celle des pieds. En effet, il s’agit de maintenir en l’air le plus longtemps possible une sorte de volant de badminton muni de plumes par des coups de talon.

Ce jeu est aussi très ancien puisqu’il est déjà référencé dans la Chine du 5ème siècle avant J-C. Il est encore activement pratiqué à Singapour. Le gagnant est celui qui garde le chapteh en l’air par le plus grand nombre de coups. Pour les plus expérimentés, il existe des variantes consistant à utiliser alternativement les deux pieds, ou à utiliser le genou pour renvoyer le chapteh en l’air.

Une version de ce jeu, le plumfoot, se joue comme le badminton avec deux équipes et un filet. Il existe depuis 1999 une fédération internationale de plumfoot, dont la France fait partie. Elle en a d’ailleurs abrité la coupe du monde en 2019. C’est aussi une des épreuves officielles des jeux de l’Asie du Sud-Est qui ont lieu tous les 4 ans.

Lompat getah ou Zero point

Ce jeu nécessite une corde faite d’une chaine d’élastiques. Deux personnes vont positionner cette corde à différents niveaux successifs : par exemple, chevilles, genoux, taille, épaules, et tête, Les joueurs doivent sauter au-dessus de la corde. A partir de la taille, les joueurs sont autorisés à toucher la corde. Le gagnant est celui qui parvient à aller jusqu’au plus haut niveau de la corde.

 

enfants qui jouent

Sepak takraw 

Ce jeu ressemble au volley-ball, avec des équipes de trois personnes s’affrontant de part et d’autre d’un filet et des règles analogues. Mais à la différence du volley-ball, les joueurs ne doivent pas utiliser leurs mains : ils peuvent utiliser leurs pieds, leurs têtes, leurs genoux, ou leurs poitrines. Ce jeu datant du 15ème siècle est encore pratiqué de nos jours et figure au programme des jeux asiatiques.

 

joueurs de sepak takraw
Sepak Takraw aux 18èmes jeux asiatiques (copyright Lim Yaohui)

Tapak kuda ou tin-walking ou horselegs

Le jeu consiste à franchir une distance le plus vite possible en marchant sur des boites de conserves que l’on tient par des ficelles.

Bola tin

Les boites de conserves sont ici utilisées comme cibles pour une sorte de jeu de massacre utilisant une balle comme projectile.

Lereng ou Hoop wheeling

Le jeu consiste à atteindre le premier une ligne d’arrivée en guidant avec un bâton une jante de bicyclette.

 

jeux de singapour

 

Hantam bola ou dodge ball

Ce jeu, qui s’apparente au jeu français du chat ballon, se joue avec une balle de tennis sur un terrain délimité. Le joueur qui a la balle (le « chat ») essaie de frapper un autre joueur. S’il réussit, c’est le joueur atteint qui récupère la balle et doit à son tour en frapper un autre.

Parmi les autres jeux, qui étaient largement pratiqués à Singapour comme en France, citons aussi la marelle (« hopscotch ») et le cerf-volant.

Congkak

Alors que tous les jeux que nous avons déjà décrits font appel à l’adresse physique, le congkak est un jeu purement intellectuel, plutôt féminin, dont des traces ont été trouvées dans l’Égypte romaine du 4ème siècle après JC et dont des variantes sont très répandues en Afrique. D’ailleurs, le mot signifierait calcul mental en malais ancien.

Ce jeu se joue à deux et nécessite un plateau comprenant 16 trous comme le montre la photo suivante. Les deux trous aux extrémités sont appelés « magasins », les autres « maisons ». Les joueurs se placent de part et d’autre du plateau. Chaque joueur dispose des 7 maisons qui sont de son côté et du magasin qui est à sa gauche. Chaque joueur dispose aussi de 49 jetons, qui étaient traditionnellement des graines de tamarin. Le but du jeu est d’accumuler le maximum de jetons dans son magasin.

 

congkak
Plateau de congkak (copyright Tropen museum)

 

Au début chaque joueur remplit chacune de ses maisons avec 7 jetons. Chaque joueur prend tous les jetons d’une maison pour les repartir un à un dans le sens des aiguilles du montre dans les maisons suivantes, y compris celles de son adversaire. La suite dépend de la quantité des jetons présents dans la dernière maison qu’il atteint et si cette maison lui appartient ou non. Pour choisir la meilleure maison à vider, il faut anticiper plusieurs coups à l’avance comme aux échecs. Pour en savoir plus sur les règles, cliquez ici.

Vous pouvez visualiser beaucoup de ces jeux à la Geylang Serai Heritage Gallery, qui présente également d’intéressants témoignages sur l’histoire du quartier de Geylang et la culture malaise qui s’y épanouissait. Un autre endroit où certains de ces jeux sont exposés au milieu de beaucoup d’autres est le MINT Museum of Toys.

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