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Faire la lumière sur les violences domestiques à Singapour

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@Sydney Sims
Écrit par Dominique Langlois
Publié le 29 janvier 2020

United Women Singapore a eu l’occasion de présenter lors d’une soirée, les résultats d’une étude très poussée menée par leurs partenaires Ipsos et Linkedin. Une vérité qui dérange a été mise en exergue : 3 Singapouriens sur 10 affirment qu’ils sont témoins ou connaissent quelqu’un qui est concerné par ces violences domestiques. Le nombre de femmes concernées ne cesse d’augmenter d’après les associations de soutien. Aware’s Women’s Helpline reçoit en moyenne 2 appels par jour, et 2700 nouveaux cas ont été enregistrés par an entre 2015 et 2018.

 

La réalité en chiffres, une vérité qui dérange

On estime que 75% des femmes abusées ne déposent pas plainte. La majorité d’entre elles sont des jeunes femmes et des femmes âgées, des helpers. Elles ont la liberté de parler, de porter plainte. Elles ont peur ou simplement ne savent pas vers qui se tourner pour obtenir de l’aide. Elles souffrent donc en silence. Et peut-être plus surprenant encore, 1/4 des personnes abusées à Singapour sont des hommes. Ils doivent faire face à une plus grande stigmatisation sociale lors de la divulgation d’abus, ne cherchent pas d’aide avant que le problème ne se transforme en crise et ils sont moins au courant des aides sociales et des interventions possibles.

Le gouvernement singapourien agit en leur faveur par des actes concrets et notables. Par des modifications de la loi sur le harcèlement, une protection meilleure et plus rapide pour les victimes, incluant les membres de leur famille, une dissuasion d’enfreindre les ordonnances de protection et des mesures à l’encontre des délinquants impénitents. Un changement du code pénal a aussi vu le jour, par l’abrogation de l’immunité conjugale pour viol.

 

Les perceptions ont besoin d’évoluer

Plus de 80% des Singapouriens conviennent qu’ils doivent être mieux informés sur la violence domestique dans leur pays, que l’on doit davantage en parler pour mieux la contrer. Ils pensent également qu’il est de leur responsabilité d’agir s’ils sont eux même témoins d’abus. En revanche 40% d’entre eux pensent que les abus domestiques ne sont pas prévalant dans leur pays. Une personne sur cinq pense même que c’est un sacrilège de dénoncer des violences conjugales car il leur parait plus important de préserver le caractère sacré du mariage !

 

La définition des abus domestiques

Les abus comprennent un large éventail de comportements de contrôle, souvent de nature physique, sexuelle et/ou psychologique. Ils impliquent généralement la peur, le mal, l'intimidation et la privation émotionnelle. Cela peut inclure des abus verbaux, des menaces, du harcèlement, le contrôle des comportements, comme limiter l'accès aux amis, aux proches et aux finances. Cela peut arriver à n’importe quel niveau de relation, épouses, partenaires, parents, enfants, fratrie.

Il y a bien évidemment les coups laissant une blessure physique dans 84% des cas, mais aussi, donner des coups sans laisser de marques dans 75% des cas. Un cas sur quatre des auteurs d’abus considère que frapper son épouse ne relève de violences conjugales…

La liste est longue et non exhaustive des abus : instaurer un climat de peur d’intimidation dans 27% des cas, détresse psychologique en rabaissant son épouse et réduisant son estime de soi dans 44% des faits, accès restreint aux soins de santé pour 45% des victimes, contrôle permanent des finances dans le couple, aucune liberté financière pour la femme abusée. Plus courant et quotidien, claquer les portes, frapper sur la table, crier insulter, contrôler les paroles de l’autre, exercer des niveaux incontrôlables et anormaux de danger.

 

violences domestiques singapour
@facebook

 

Quelle peut être la réponse de la société face à cela ?

Plus de la moitié des 300 personnes interrogées pensent savoir où s’adresser pour faire connaitre des violences domestiques. Que pensent-ils des peines devant être acquittées pour les violences conjugales établies ? 77% optent pour une ordonnance restrictive imposée, suivi et conseils obligatoires, exclusion de la résidence partagée. 1/3 des personnes pense que l’incarcération ne représente pas la bonne solution, pas plus qu’une amende financière.

 

Que représentent les coûts des abus domestiques ?

Témoignages :

« Les blessures physiques guérissent toujours mais les dommages émotionnels laissés blessent tellement plus... Je ne savais pas à ce moment-là, mais j’avais développé une dépression à la suite de la violence. »

« Il me fait sentir que je ne vaux rien, que tout est ma faute. Et je l’ai cru pendant si longtemps. Je ne suis pas sûre si j’ai surmonté cela (sentiment)... Je ne fais confiance à personne. »

 

86% des Singapouriens sont d’accord pour dire que les abus sur le conjoint ont un impact énorme sur les enfants. Le coût financier pour la société se chiffre en milliards de dollars par an. Les répercussions au travail sont aussi considérables : un mois de congé maladie par an par employée maltraitée à domicile, une productivité plus faible, et un impact direct sur les performances professionnelles.

 

Que pouvons-nous faire à notre niveau ?

C’est la responsabilité de l’employeur de supporter les employées victimes d’abus domestiques. Quels sont les supports à votre disposition dans votre société ? Vérifiez la politique de votre société, partagez l’information, contribuez à votre niveau. Nous avons tous notre responsabilité engagée. Nous pouvons encourager et accompagner les démarches.

Le système singapourien fonctionne aussi pour les résidents singapouriens en situation d’abus domestique. Si vous pensez que votre statut civique à Singapour ne vous laisse que peu de chance, que vous risquez que votre conjoint annule votre visa et que vous perdiez la garde de vos enfants dans la bataille, sachez que vous disposez des mêmes droits que les Singapouriennes. Vous pouvez déposer une requête en urgence à la cour et faire passer votre visa sous le nom d’un ou une amie au lieu d’être dépendante de votre conjoint. Vous pourrez ainsi rester à Singapour et vous battre. Des lieux d’accueil existent et la structure juridique est à l’écoute.

 

Merci à l’association United Women Singapore représentée par Mme Georgette Tan, merci à Ipsos et particulièrement à Mme Elodie Causier, merci à Linkedin et Mme Jeanne Lee, merci à Lorraine Lim de Singapore Council’s of Women’s organisations (SCWO) et merci à Maitre Malathi Das du cabinet d’avocats Joyce A. Tan & Partners LLC, pour leur implication et travail sur le sujet.

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