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Kim Lim, la gardienne des félins

Enquêtant sur le sort peu enviable des animaux de compagnie à Singapour, Lepetitjournal.com a rencontré une femme exceptionnelle qui leur dédie sa vie et à qui la citation suivante pourrait bien correspondre : « Il n'est pas nécessaire d'être grand pour être grandiose (Anonyme). »

Kim Lim recueille des chats dans son refuge.Kim Lim recueille des chats dans son refuge.
Kim Lim dans son refuge
Écrit par Vanessa Faure Giannetti
Publié le 19 juin 2024, mis à jour le 21 juin 2024

Parlez-nous un peu de vous Kim ?

Je m’appelle Kim LIM et je viens de Hong Kong. Je vis à Singapour depuis environ 28 ans. Je travaille dans le domaine de la gestion de la sécurité, plus précisément dans la gestion de crise. 

Qu'est-ce qui vous a amené à créer un refuge ? Et pourquoi ?

Monter un refuge n'était pas mon objectif premier. Cela est venu secondairement aux activités de bien-être et de sauvetage des animaux errants, dans lesquelles je me suis impliquée presque depuis mon arrivée sur l’ile. J'ai commencé par m'occuper de quelques colonies de chats autour de mon lieu de travail, ou de résidence.

En plus de nourrir les chats de ces colonies, j'ai commencé à les piéger, soit pour les stériliser, soit pour emmener ceux malades suivre un traitement chez le vétérinaire. La stérilisation est primordiale pour réduire la population de chats errants. Parmi ces chats, certains ne pouvaient pas être remis dans la rue. Par exemple, ils étaient aveugles, sourds, devaient être amputés d’une patte, ou encore, souffraient de maladies qui réduisaient considérablement leur espérance de vie.

J'avais donc besoin d'un endroit pour isoler, traiter et prendre soin de ces chats, car je ne pouvais pas tous les accueillir chez moi. De plus, je tombais parfois sur des chats qui semblaient idéaux pour devenir des animaux de compagnie. Ils avaient également besoin d’un logement temporaire, pendant que je répondais à leurs besoins médicaux et essayais de leur trouver un logement décent. C’est ainsi qu’est née l’idée d’un petit refuge privé.

 

Kim Lim recueille de chats dans son refuge privé.
Amy et son nouveau-né Valen, sauvée durant le Covid, enceinte à mi-terme

Combien d’animaux cela représente-t-il aujourd’hui ? Comment arrivent-ils chez vous ? Est-ce que vous les faites adopter ? Si oui, par quels moyens ?

Je ne compte plus le nombre de chats qui ont croisé mon chemin au fil des années... Au début, j'ai essayé de compter, mais j'ai abandonné après les 500 premiers environ. Désormais, je ne peux même plus estimer combien … Probablement des milliers ? La plupart d’entre eux sont récupérés lors de mes tournées de quartier. Il m'arrive, dans des circonstances très spécifiques, de faire appel à un autre sauveteur, mais seulement si cette personne est prête à contribuer à quelques centaines de dollars pour prendre soin du chat.

À titre indicatif, cela peut me coûter entre 500 et 700 dollars pour stériliser, vacciner, « micropucer » et faire des analyses de sang pour un chat qui doit être adopté. Sans parler de tout autre besoin médical, si le chat ne va pas bien, plus le coût du logement pour les accueillir, jusqu'à ce qu'un foyer puisse être trouvé.  

Si le chat s’avère impropre à l’adoption, je dois prévoir où il pourra rester s’il ne peut pas être remis à la rue. Je dois donc faire très attention à travailler dans les limites imparties de mon temps et de mes contraintes financières. Mais j’affiche presque toujours « complet », car je n'ai pas l'espace suffisant pour isoler de nombreux nouveaux arrivants. En ce moment par exemple, je suis au maximum de ma capacite d’accueil, avec 17 chats au sein du refuge.

J'ai donc mes propres chats chez moi (6), mais il existe une frontière bien définie entre les chats du refuge et mes propres chats. J'ai parfois adopté des chats de mon propre refuge, généralement ceux qui ne trouveront probablement jamais un foyer permanent, pour diverses raisons. Mais ceux du refuge sont tous disponibles pour adoption dans des foyers chaleureux. Je ne les considère cependant pas comme mes propres chats.

 

Kim Lim recueille de chats dans son refuge privé.
Une petite sieste s’impose…

Avez-vous des subventions ? Comment prenez-vous soin d’eux ? Comment les nourrissez-vous ?

Je ne suis pas un organisme de bienfaisance enregistré comme tel, je ne mène donc aucune collecte de fonds. Je couvre tous les frais moi-même, même si cela est devenu plus difficile, après la fermeture de l’entreprise avec laquelle je travaillais durant le Covid. Pour autant, je ne demande pas de soutien financier, sauf si j'accepte de prendre en charge un chat chez un autre sauveteur.

Je fais également tout moi-même au refuge et je ne possède pas d’assistant(e). Il faut savoir, que son entretien représente environ trois heures par jour, reparties avant et après le travail. Mes week-ends sont presque entièrement consacrés au nettoyage du refuge et au temps passé avec les chats.

Toutefois, grâce à de nombreuses personnes généreuses, amis des animaux, je peux récupérer certains objets, tels que des jouets, des arbres a chats, des cages de transport, etc., via les pages Facebook dédiées aux dons pour les personnes chargées du bien-être des animaux. J'ai parfois aussi la chance de recevoir de la nourriture pour chats grâce à ces groupes de dons, comme Blessing for singapore shelter/rescue//stray dogs & cats.

Cela m'aide beaucoup car, outre les chats de mon refuge, je nourris également plus de 25 chats dans les alentours de ma communauté. Il est nécessaire de nourrir les chats en colonie, afin de les piéger pour la stérilisation. En effet, les stériliser permet d’endiguer la surproduction de chatons.  J’ai moi-même créé ma page Facebook, pour les animaux perdus ou trouvés.

Vous pensez qu’il existe combien de personnes telles que vous ?

Il y a probablement des milliers de particuliers autour de l'île qui nourrissent, soignent et sauvent les chats des rues. Mais c’est impossible de déterminer combien. La plupart sont des particuliers qui font ce qu'ils peuvent avec leurs propres ressources. D’ailleurs, ils gardent pour la plupart les chats qu’ils sauvent chez eux. Je connais seulement quelques sauveteurs individuels qui disposent d’installations dédiées à leurs chats. Mais sans surprise, eux aussi sont presque toujours complets et à court de ressources.

Bien sûr, je n’inclus pas ici les refuges caritatifs officialisés pour chats, ni les groupes de protection des animaux, dont le but principal est d’héberger des chats et des chiens en vue de leur adoption future, ou de leur donner un foyer.

Connaissez-vous le pourcentage d'animaux abandonnés, ou maltraités à Singapour ?

Je n'ai aucune idée des chiffres actuels. Cependant, en tant que sauveteur, je sais qu’il y a eu une augmentation du nombre d’animaux abandonnés après l’ouverture du pays, post Covid. Il semble que beaucoup de gens se soient ennuyés pendant la pandémie et ont pensé que c’était une bonne idée d’adopter un animal de compagnie. Désormais, ils découvrent qu’ils n’en ont plus le temps ni l’intérêt. C’est très triste de savoir qu’il y ait autant d’abandons. Beaucoup plus d’efforts doivent être consacrés à l’éducation des propriétaires d’animaux de compagnie sur leur responsabilité. 

Quels messages aimeriez-vous transmettre aux lecteurs ?

En plus de s'engager à posséder des animaux de compagnie, s'ils en ont les ressources, j'espère que tous ceux qui s'occupent des animaux pourront contribuer à leur manière à diffuser les messages sur l'importance de la stérilisation des animaux de compagnie, leur possession responsable, et où obtenir de l'aide s'ils ne peuvent plus s'en occuper.

Lepetitjournal.com tient à remercier chaleureusement Sylvie Goussard qui lui a permis de rencontrer Kim Lim et son refuge. Toutes deux de belles âmes…

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