Faut-il s'inquiéter de sa retraite quand on part à l'étranger ? Comment faire pour préparer l'avenir et s'assurer que, la retraite venue, on bénéficiera des ressources suffisantes pour maintenir un niveau de vie conforme à ses besoins ? La réponse dépend du pays où l'on part et du statut – expatrié, détaché ou en contrat local – dont on bénéficie sur place. Elle dépend aussi du parcours de mobilité et de l'âge de l'expatrié.
Quand la question de la retraite se pose-t-elle ?
Pour les détachés, la question ne se pose pas. Ils bénéficient du maintien à l'identique de leur couverture sociale. L'entreprise qui les a envoyés à l'étranger continue de verser pour eux les cotisations sociales et particulièrement celles qui correspondent au système de base en France et aux retraites complémentaires.
Pour ceux qui ont le statut d' "expatrié" et qui bénéficient à ce titre d'un "package d'expatriation", la retraite fait partie des éléments essentiels qui sont précisés, compte tenu du pays d'accueil, soit au travers d'un maintien dans le système français, via la Caisse des Français de l'étranger, soit au travers du système de retraite du pays hôte. La confiance n'excluant pas la vigilance, il est tout de même conseillé de surveiller la situation dans le détail et dans le temps ; particulièrement si le système retraite du pays hôte est réputé faible et si les périodes d'expatriation se multiplient dans des pays différents.
La question de la retraite devient incontournable lorsqu'on est en contrat local. Dans ce cas, l'entreprise, sauf exception, ne s'occupe pas du sujet. La couverture applicable est celle du pays hôte. Tant mieux si elle est de qualité, tant pis si elle est inexistante.
Si les expatriés en contrat local souhaitent continuer de cotiser en France, ils peuvent le faire à travers la Caisse des Français de l'étranger, mais ils doivent, dans ce cas, assumer la totalité de la charge, c'est à dire financer, en plus de la part des cotisations à la charge des salariés, celle qui est d'habitude prise en charge par l'entreprise.
Continuer, ou non, de cotiser dans le système français
Dans tous les cas, la question qui se pose est de savoir si l'on souhaite maintenir une continuité avec le système français, en se donnant les moyens d'acquérir les trimestres qui permettront, à terme, de liquider une retraite à taux plein, ou bien si l'on décide de rompre cet ancrage. A chacun de formuler la réponse qui lui correspond. Les plus jeunes, nourris des commentaires pessimistes qui pèsent sur le système de retraite français, peuvent être tentés, plus que les autres, de ne pas cotiser du tout à un système dont ils n'attendent rien. Les autres, surtout ceux qui ont déjà réalisé un long parcours dans le système français auront probablement davantage à cœur de s'y maintenir.
Au-delà la préoccupation porte sur les moyens de se constituer, au cours de sa vie professionnelle, un niveau de ressources suffisant pour subvenir à ses besoins au moment de la retraite.
La retraite à Singapour
A Singapour, le système de retraite est fondé pour l'essentiel sur le CPF, le logement et, au-delà, sur l'encouragement de chacun à réaliser des investissements complémentaires. A ce titre, une étude réalisée par HSBC en 2013 faisait ressortir que 69 % des Singapouriens considèrent épargner en vue de leur retraite, cette source de revenus pouvant représenter 34 % de leur ressources futures.
Le Central Provident Fund (CPF) est composé de 3 comptes. Le premier – Medisave – est lié au financement des frais de santé. Le second – compte spécial – est spécifiquement dédié à la retraite. Le troisième – compte ordinaire – peut être utilisé pour des investissements tels que l'achat d'une résidence principale et, à ce titre, concourt à la préparation de la retraite, qu'il s'agisse de limiter les dépenses (pas de loyer) ou de générer des ressources (via la vente du logement, sa location ou le dispositif du lease buyback). Le discours du Premier ministre Lee Hsien Loong lors du National Day Rally a donné lieu à une intéressante démonstration – très pédagogique – sur la manière d'évaluer ses besoins futurs et sur les choix à faire pour les financer. Depuis, les annonces se succèdent, largement relayées dans les media, sur la possibilité d'offrir des choix d'investissement plus diversifiés pour les fonds du compte "spécial retraite" du CPF, et sur l'assouplissement du dispositif de lease buyback, une forme de vente de son logement en viager, l'acquéreur pouvant être dans ce cas le HDB.
Le système du CPF n'est cependant accessible qu'aux Singapouriens et aux résidents permanents (PR). Pour les autres, expatriés en contrat local, le système n'est pas applicable.
Quelles solutions pour l'expatrié en contrat local en matière de retraite ?
Maintien dans le système français. Si l'expatriation se fait dans un pays qui a conclu une convention de Sécurité Sociale avec la France, les périodes de cotisations peuvent être validées comme des périodes de cotisation en France pour l'acquisition de trimestres. Attention cependant, cette disposition n'est applicable que dans la limite d'un pays d'expatriation (l'ensemble des pays de l'Union Européenne étant considéré comme un seul pays). Il est aussi possible de continuer de cotiser au système de base via la Caisse des Français de l'étranger, voire d'acquérir des points de retraite complémentaires, toujours via la CFE, auprès d'organismes comme IRCAFEX.
De la même manière que le gouvernement singapourien le recommande aux Singapouriens, il est possible de préparer sa retraite à travers une variété d'investissements, à commencer par l'acquisition d'un logement, qui permettront de constituer un capital et de générer des ressources.
Parmi les investissements spécifiquement orientés "retraite", un certain nombre de produits sont proposés par les banques et les sociétés d'assurance. A chacun de faire son choix en faisant la part de la durée d'immobilisation, du risque et des perspectives de rendement de ses placements, mais aussi de leur fiscalité, au moment de la retraite, du point de vue des impôts en France .
A Singapour, l'investissement en Assurance Vie peut être réalisé, dans la limite de 5000 SGD par an, en déduction de son revenu imposable.
Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) mercredi 11 janvier 2017
(article déjà publié le 24 septembre 2014)