Anne Genetet, députée de la 11ème circonscription des Français de l’étranger, qui couvre l’Asie, l’Océanie et l’Europe orientale, a été investie par Ensemble !, la majorité présidentielle qui regroupe LREM, le MoDem, Horizons, et Territoires de Progrès pour se représenter aux prochaines élections législatives (5 et 19 juin 2022) dans cette même circonscription. Ancienne résidente à Singapour, où elle tient une réunion à l’ambassade ce 24 mai, Lepetitjournal.com l’a interviewée sur son parcours et son programme.
Anne, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Originaire de Paris, je suis médecin. J’ai commencé à travailler dans un centre de santé Croix Rouge, m'impliquant dans l'accompagnement des toxicomanes et de personnes en difficulté sociale (RMI, sans-papier), participant au fonctionnement d'un service de PMI (protection maternelle et infantile), toujours désireuse de découvrir, d'approfondir et de continuer à me former.
J’ai ensuite suivi par curiosité une formation au journalisme médical qui va faire basculer ma carrière de praticien vers la communication. Le fil conducteur de ce que j'ai fait, c'est ma passion de transmettre aux autres. Apprendre pour apprendre n'est pas suffisant. Ce qui est passionnant c'est de partager et transmettre. Je viens d'une famille d'enseignants. Finalement une très grande partie du métier de médecin consiste à expliquer les choses. Il est important, pour bien soigner, de prendre les gens dans leur globalité. Ce que les gens traversent à un moment de leur vie, conditionne les choix thérapeutiques.
Arrivée à Singapour en 2005 à la faveur d’une opportunité de carrière de mon mari, j’ai rejoint la société de conseil SOS International, pour aider les entreprises à mettre en place des plans de prévention des pandémies (sujet d’actualité s’il en est !). Je me suis ensuite consacrée aux employés de maison dont la situation m’avait choquée dès mon arrivée à Singapour. J’ai participé aux activités de plusieurs ONG et me suis engagée auprès de l'association Home, comme conseiller médical d'un centre hébergeant des employées de maison maltraitées. En 2009, j’ai créé The Help Agency offrant notamment, aux employés de maison, des formations aux urgences pédiatriques, mais aussi à l'hygiène, la prise en charge et la surveillance des jeunes enfants et l'éducation sexuelle, tout en animant un blog santé à destination de la communauté francophone.
J’ai quatre fils, aujourd’hui âgés de 20 à 29 ans.
Qu’est-ce qui vous a amené à vous présenter aux élections législatives en 2017 ?
Très jeune, j’ai été intéressée par la vie politique, sans pour autant adhérer à un parti, avec un haut niveau de conscience citoyenne. Le droit de vote est pour moi très important. J’ai eu 18 ans 6 jours avant le 1er tour des élections présidentielles de 1981 et je tenais absolument à exercer mon droit de vote. Mais pour l’administration, il était trop tard pour que je puisse obtenir une carte d’électeur. J’ai donc fait le siège de mon sous-préfet, jusqu’à ce que j’obtienne ce précieux sésame et j’ai finalement pu voter. J’ai eu ainsi un avant-gout de l’inertie de certaines administrations et de la nécessité de parfois devoir les bousculer un peu pour obtenir gain de cause.
Dans toutes mes activités antérieures, je n’avais eu de cesse d’être au service des autres pour alléger leurs souffrances et résoudre leurs problèmes. Pouvoir faire cela à une échelle plus vaste, dans le cadre d’une fonction politique m’intéressait, mais je ne me trouvais pas d’atome crochu avec aucun des partis de l’époque. J’étais alors particulièrement inquiète de la montée de l’extrême droite, d’autant que je considère qu’elle est en grande partie le produit de ma génération.
Puis est arrivé Emmanuel Macron, dont la démarche, nouvelle, m’a tout de suite intéressée. Il cochait toutes les cases de ma vision politique. Je suis devenu sympathisante, puis militante. Au hasard d’un déplacement à Paris pour effectuer un stage d’urgentiste, j’ai été invitée à m’inscrire à LREM, puis à devenir candidate à la candidature, puis candidate pour les élections législatives de 2017. Je n’étais pas complètement préparée à cela, mais ma famille m’a encouragée dans cette voie et je ne le regrette pas aujourd’hui.
Comment jugez-vous votre bilan ?
Depuis 5 ans, j’ai été l’une des députées les plus actives de la législature sur tous les sujets en lien direct avec les intérêts de la France et des Français dans le monde. J’ai porté deux projets de loi, dont un pour reconnaître le rôle décisif des entrepreneurs français à l’étranger. J’ai rédigé 10 rapports et plus de 150 amendements avec à chaque fois la ferme volonté de faire reconnaître les Français à l’étranger comme des Français à part entière. Ma principale contribution durant ce mandat a été le « rapport sur la mobilité internationale des français » qui a recensé 215 propositions dans des domaines aussi divers que la fiscalité (régime des prélèvements obligatoires) applicable aux citoyens Français non-résidents, leur accès aux prestations de sécurité sociale, la simplification en cours de l’accès aux services publics et leurs conditions de retour en France. Nombre de ces propositions ont donné lieu à des décisions qui sont en cours de déploiement comme la Plateforme France Consulaire pour simplifier vos démarches administratives ou la mise en œuvre du certificat d’existence unique pour les retraités.
Certains pensent que je n’ai pas été suffisamment présente sur le terrain. La pandémie a évidemment constitué un frein aux déplacements ces deux dernières années. Mais au-delà, il faut comprendre que l’essentiel du travail de député se situe à Paris, pour trois raisons. Tout d’abord, durant les sessions parlementaires, il y a des séances obligatoires toutes les semaines. Il est absolument nécessaire d’être présente pour discuter et amender les lois, pour défendre les intérêts des Français de l’étranger. Ensuite, Paris c’est aussi là où se trouvent les décideurs, sur lesquels il faut maintenir une pression permanente pour faire aboutir ses dossiers. C’est aussi à Paris que se font les propositions de loi. Enfin, la plupart des problèmes, même individuels, qui remontent du terrain, ne peuvent se résoudre sans une contribution parisienne qu’il faut aller solliciter sur place avec persévérance.
D’autres trouvent aussi que je suis trop présente sur les plateaux de télévision. Mais le travail de député est aussi un travail de communication. La plupart de mes interventions visent à mettre en lumière la valeur ajoutée apportée par les Français de l’étranger, et ainsi donner plus de poids à leurs intérêts. Il faut cependant rappeler qu’un député représente avant tout la nation tout entière, même s’il y a toujours un lien privilégié avec sa circonscription. Si on veut que l’ensemble des députés votent en faveur d’une mesure intéressant plus particulièrement les Français de l’étranger, nous devons en contrepartie être attentif aux intérêts du reste des Français.
Pourquoi vous représentez-vous aujourd’hui ?
Tout d’abord les raisons qui m’ont conduit à me présenter en 2017 sont toujours d’actualité, sinon davantage. Les projets mais aussi les valeurs des Français à l’étranger doivent être entendus. C’est aussi parce que je suis convaincue que le projet d’Emmanuel Macron apporte les solutions dont notre pays a besoin.
Ensuite, même si je pense avoir fait du bon travail pour la communauté des Français de l’étranger, et ceux-ci me le montrent à travers les nombreux messages positifs que je reçois, certains dossiers n’ont cependant pas avancé aussi bien que je le souhaitais et je les poursuivrai. Par exemple je continuerai à me battre pour que les exemptions fiscales accordées aux Français résidant dans l’Union Européenne soient étendues à ceux résidant dans le reste du monde.
Enfin et surtout, l’expérience m’a appris que l’efficacité de l’action parlementaire résulte d’un effort dans la continuité. Les administrations centrales, où la plupart des décisions se prennent ou se préparent, sont un peu des « forteresses conservatrices » qui ont l’éternité devant elles. Elles voient les députés comme des empêcheurs de tourner en rond, mais savent que leur mandat est fini : en jouant la montre, elles peuvent éviter de bouger. Un nouveau député devra tout reprendre à zéro, construire son réseau, et apprendre à démonter les mêmes raisonnements que les administrations avancent pour défendre leur inertie. Ayant déjà passé ce stade, je serai immédiatement plus efficace pour continuer à résoudre les difficultés des Français de l’étranger, défendre leurs intérêts et bien sûr bâtir de nouveaux droits.
Quel est votre programme ?
Pour les 5 années à venir, je veux continuer à donner tout mon temps et toute mon énergie pour préparer l’avenir de nos enfants. Nous leur devons de construire un futur désirable pour tous.
J’ai été investie par Ensemble !, la majorité présidentielle qui regroupe LREM, le MoDem, Horizons, et Territoires de Progrès. Agir au service d’une France ouverte sur le monde, d’une France à l’avant-garde pour ériger une Europe puissance, d’une France plus juste et d’une France résolument engagée dans la transition écologique, c’est l’essence même de mon engagement. Cette France, c’est le projet que les Français de la circonscription ont choisi en votant largement pour Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle.
J’ai quatre priorités pour les cinq ans à venir.
Tout d’abord, je resterai au plus proche du terrain. De la Russie jusqu’à la Nouvelle-Zélande, notre circonscription avec 49 pays est immense mais cela n’a jamais été un obstacle pour dialoguer : je continuerai à me déplacer régulièrement, à communiquer via ma lettre d’information mensuelle, à organiser des permanences virtuelles et des visioconférences, à travailler étroitement avec les conseillers des Français à l’étranger ainsi qu’avec les associations.
Puis, je m’attacherai à créer un nouveau droit pour la résidence en France de Français résidant à l’étranger, avec un statut fiscal de « résidence de repli », qui ne sera ni résidence principale, ni résidence secondaire, et qui pourra bénéficier de nouveaux avantages à l’image de ceux accordés aux résidences principales.
Ensuite, je souhaite simplifier l’accès aux services publics. Comme je le préconisais dans mon rapport au Premier ministre, après la plateforme de réponses téléphoniques et email « France Consulaire », nous créerons « France Services Français de l’Étranger », une maison de services publics dans laquelle les Français de l’étranger trouveront 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, des réponses à leurs questions et un accompagnement sur leurs dossiers auprès de conseillers expérimentés.
Enfin, je poursuivrai le développement de notre réseau d’enseignement en français afin d’accueillir le plus grand nombre d’élèves, monter en qualité, le tout en garantissant une scolarité accessible à tous. Pour les enfants scolarisés dans des écoles locales, nous créerons le Pass Education en langue française pour qu’ils puissent conserver un lien fort avec notre langue.