Une nouvelle campagne médiatique va être mise en place par les autorités de Singapour afin d'inciter les célibataires à penser davantage à l'amour plutôt qu'à leur carrière professionnelle. Ils doivent s'investir dans des relations durables et penser à fonder une famille
Malgré plusieurs précédentes campagnes publiques d'incitation, les Singapouriens ne se marient pas plus et n'envisagent pas de faire plus d'enfants. C'est pourquoi Singapour va lancer, par le biais du ministère de la Société, de la Jeunesse et des Sports, un appel d'offre pour « une campagne de communication visant à promouvoir les relations » entre les célibataires, afin de relever les taux de mariage et de natalité qui sont de plus en bas depuis plusieurs dizaines d'années. Comment promouvoir le mariage et les enfants - car il est bien sûr sous-entendu que l'un ne va pas sans l'autre - quand Singapour est confronté à un problème commun à de nombreux pays riches et développés : la chute du nombre de mariages et la baisse de sa natalité.
Nombre de mariage et de naissance en chute libre
Le taux de mariage qui était de 7,8 unions pour 1000 habitants en 1999, a chuté à 6,6 en 2009. C'est le plus bas taux depuis la création de Singapour. Le nombre de célibataires dans la cité du Lion ne cesse d'augmenter. L'année dernière, le nombre de célibataires hommes entre 30-34 ans est passé à 40% alors qu'il était de 33% en 1999. Quand aux femmes, elles ne sont pas mieux loties, en dix ans, le pourcentage de femmes mariées entre 30-34 ans a chuté de 8% en passant de 22% en 1999 à 30% en 2009.
Il est à noter que les mariages se font de plus en plus tard et que les Singapouriens se marient de plus en plus à de « non-citoyens ». Entre 1999 et 2009, une augmentation de 10% de ces mariages a été enregistrée. Ils représentent maintenant 41% des unions célébrées. Il important de dire que ces mariages extra-singapouriens sont à une très large majorité, pour plus de 80%, des unions entre un Singapourien et une « non-Singapourienne ».
Le nombre de mariages en berne engendre logiquement la baisse, inquiétante pour le gouvernement, du nombre des naissances. Le taux de fertilité est, en 2009, à 1,22. L'âge moyen des femmes ayant leur premier enfant est passé de 28,6 ans en 1999 à 29,6 en 2009.
Campagnes d'incitation mises en place
Devant de tels chiffres, qui confirment le lent déclin de la population singapourienne, le gouvernement tente de réagir en incitant sa population par diverses campagnes médiatiques. Comme en 2003 avec la campagne : Romancing Singapore pour célébrer l'Amour qui se voulait un Festival of Love, lancé lors de la Saint Valentin. Sur le site web officiel de Romancing Singapore, le gouvernement faisait de la publicité pour des produits et des événements conçus dans le but de mettre les couples dans « l'esprit romantique », avec par exemple le lancement d'un parfum exclusif, ou encore avec le gâteau au chocolat appelé "Aphrodisiaque". Le gouvernement voulait alors promouvoir l'importance du mariage et de la famille dans la société singapourienne.
Une seconde campagne avait été développée par les autorités, intitulée : Magnificently imperfect, afin de démontrer à la population qu'il était totalement illusoire de rechercher le partenaire parfait et qu'il ne fallait pas avoir d'attentes exagérément hautes quant au choix de son futur mari ou de sa future femme.
Depuis février 2010, la campagne intitulée Symphony of Love est basée sur un programme de rencontre proposé aux célibataires avec des ateliers de théâtre, danse, musique et film afin de favoriser les rencontres, les échanges. Qu'en sera-t-il de la prochaine ? Le gouvernement espère inciter les célibataires (en âge de procréer !) à penser davantage au mariage et à ne pas penser exclusivement à leur carrière professionnelle.
Depuis son indépendance, Singapour a orchestré de nombreuses campagnes publiques afin de promouvoir tel ou tel aspect de la vision gouvernementale et dans le souci « d'éduquer » sa population. « Ne pas cracher par terre », « tirer sa chasse d'eau », « parler correctement l'anglais » sont des campagnes menées par le gouvernement et qui font parti du quotidien de la population singapourienne au travers son histoire récente, mais « faire des bébés » ou « se marier » est peut-être plus difficile à faire entendre et relève plus de l'intimité des gens. Le fait de tomber amoureux ou de vouloir se reproduire ne peut pas être ordonné par un gouvernement même aussi volontaire que celui de Singapour?
Claire Plessis (www.lepetitjournal.com-Singapour) mardi 28 septembre 2010
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