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NORIA - Le nouveau spectacle de l’option théâtre du LFS

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Écrit par Cécile Brosolo
Publié le 10 mai 2017, mis à jour le 14 mai 2017

Le spectacle de l'option théâtre du LFS est devenu un rendez-vous incontournable dans le paysage culturel mois de mai à Singapour. Année après  année, un théâtre audacieux, créatif et exigeant révèle le formidable talent des élèves et imprime sa marque auprès du public. Cette année, Géraldine Obédia nous présente une création originale, fruit d'un travail d'écriture collégial avec les élèves. « NORIA » est une fresque sociétale dans laquelle la jeunesse, plongée dans la spirale infernale d'un monde violent et en pleine mutation, fait renaitre une société meilleure.

 
photo (c) Marion Napolitano


www.lepetitjournal.com/singapour - Quel est le thème de la pièce présentée cette année ?

Géraldine Obédia ?  C'est une pièce allégorique qui parle des problèmes de notre société et qui invite le public à réfléchir, le temps d'une représentation, au nouveau visage que l'on veut lui donner, pour un avenir meilleur.

Elle montre une évolution de la société en partant du constat, assez noir, du monde tel qu'il est pour aboutir, dans une sorte de sacrifice, à une renaissance pour une société meilleure. C'est l'idée de cycle de destruction, de renaissance et d'espoir, de mouvement incessant, absurde, de spirale infernal, qui a donné son titre à la pièce : NORIA.

Le spectacle est composé de sept tableaux, eux-mêmes constitués de plusieurs scénettes, présentés de façon ni chronologique ni narrative et qui n'ont pas forcément de lien, mais qui débouchent sur un cycle et qui ont tous en commun de faire changer les choses.

Nous abordons les thèmes de la migration des hommes, de la relation de couple, de la pauvreté, de la consommation, de la violence ou encore de la destruction intérieure, comme la drogue par exemple.
 

Il s'agit d'une création originale. Comment est née cette pièce?

- La pièce est née du besoin de parler des problèmes de notre société, de la violence que l'on vit depuis plusieurs années. Pour aborder ce sujet et m'engager, j'avais envie que ça passe par l'art, par le théâtre, et par la voix de la jeunesse.

A partir de cette problématique, j'ai proposé aux élèves de créer ensemble une fresque sociétale, dans laquelle seraient mis en scène différents tableaux, des tranches de vie. Je dirige le jeu des élèves mais la création est un travail collégial avec eux. J'ai commencé à les faire travailler en improvisation au début de l'année, à partir d'un sujet et de consignes en liaison avec le thème de la pièce, et j'ai gardé ces improvisations pour les intégrer dans la création, simplement en les retravaillant et en les mettant en scène.

Marc Goldberg, metteur en scène et dramaturge de talent, nous a également aidé pour le travail d'écriture, la mise en cohérence des tableaux et la théâtralisation. Il a été très enthousiaste dès le départ et nous a accompagné tout au long de l'année. Son regard très juste, bienveillant et son professionnalisme ont été une aide extrêmement précieuse.
 

NORIA - Géraldine Obédia - Marc Goldberg - LFS
Quelle réaction du public attendez-vous ?

- Nous sommes assez intransigeant sur les images que nous montrons, il n'y a pas de consensus. Le public va être saisi, je l'espère, puis il va venir petit à petit vers cette nouvelle ère que nous luis proposons. C'est une pièce sombre, mais il y a des scènes drôles et grinçantes.

Le public interagit beaucoup cette année. Il va être à la fois spectateur, complice, voyeur et acteur de ce monde, car cette nouvelle société ne peut se faire sans lui. Il va donc être sollicité et pris à parti très souvent.

Je voudrais lui dire de venir voir la pièce et de se laisser porter par le mouvement, de vivre cette expérience sans résistance morale ou physique et de jouer le jeu !
 

Quelle mise en scène et scénographie avez-vous choisi ? 

- Il faut savoir que c'est un spectacle muet. Ma principale motivation pour cela est que le spectacle soit accessible aux non francophones, et en particulier aux singapouriens. Mais nous ne sommes pas dans le mime ou la narration gestuelle pour autant, mais plus dans un travail sur le corps et l'espace. Nous avons beaucoup travaillé sur les lumières et les déplacements sur scène.

La scénographie est parfaitement adaptée aux dimensions de l'amphithéâtre du LFS. Il y a beaucoup de mouvements spiralaires dans cette pièce, qui portent une énergie pour faire éclater le système social et proposer une autre vision du monde.
 

Quelle est la composition de la troupe cette année ?

- J'ai 25 élèves à l'option théâtre et 1 chanteuse de l'option chorale de Mme Demange qui chante a cappella pendant le spectacle. Certains élèves étaient déjà là l'année dernière et d'autres sont nouveaux, mais tous ont au moins un an de pratique du théâtre et de la scène avec l'atelier théâtre de Mme Arzens.

Comme chaque année, il y quatre représentations, et quatre distributions différentes. Les élèves changent de rôle chaque soir. C'est très intéressant pour eux de pouvoir changer de rôle et éprouver chaque soir une émotion différente. Il n'y a que le théâtre pour vivre ça.
 

Comment les élèves réagissent-ils à cette pièce ?

- Ils savent que je suis très exigeante et que je demande un engagement fort, et que je les fais travailler dans des conditions professionnelles, mais je crois qu'ils en sont contents et qu'ils ont besoin de cette aération intellectuelle et physique, pour travailler et s'exprimer différemment.

Mon parti pris est de faire réfléchir les élèves par un théâtre subversif qui transgresse la morale des parents et qui les laisse vivre leur expérience et grandir. Je souhaite qu'ils grandissent par leur expérience théâtrale, qu'ils voient les choses autrement, par le prisme de leur sensibilité et grâce aux efforts qu'ils ont fourni tout au long de l'année. En deux ans, ils acquièrent une grande maturité et un esprit critique ; ils en sortent plus forts et plus armés pour affronter la vie et ses souffrances.

Ce sont des enfants très talentueux, qui ont une sensibilité, une générosité et une ouverture d'esprit formidables. Je suis très fière d'eux. Je vis des moments très forts avec eux, c'est une expérience très riche pour une enseignante.
 

On sent que vous êtes passionnée par le théâtre et la mise scène. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

- Toute ma jeunesse a été plongée dans la danse et les lumières de la scène, ce qui est assez grisant. J'aime le plateau et l'odeur des salles de théâtre, et j'aime particulièrement mettre en scène.

Je suis enseignante depuis 15 ans, et j'ai toujours intégré le théâtre dans mon enseignement. En France, j'ai créé l'association « lever de rideau 19 » qui touche les enfants défavorisés de banlieue parisienne pour leur permettre un accès la culture, à l'art en général. Nous avons joué des pièces comme « le bourgeois gentilhomme », « les précieuses ridicules » ou encore « douze hommes en colère » avec des élèves de collèges classés en ZEP et zone de prévention violence, c'était une expérience précieuse.
 

Propos recueillis par Cécile Brosolo, www.lepetitjournal.com/singapour, Jeudi 11 mai 2017

Présenté dans le cadre du festivla Voilah! du 17 au 20 mai à 20h dans l'amphithéâtre 2900 du LFS.

Ouvert à tous. Entrée libre. S'inscrire ici ou par mail.

Spectacle conseillé à partir de 13 ans.

 

 

 

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