

En 13 ans et 6 longs-métrages, Jan Kounen s'est fait une place dans le cinéma français. Il livre avec Coco Chanel et Igor Stravinsky* dont l'avant première a eu lieu le 23 mars, un film sensuel et harmonieux. Sortie en salle le 15 avril
Lepetitjournal.com: Comment êtes-vous venu à la réalisation de ce film?
Jan Kounen: Je travaillais sur un projet de dessin animé lorsque l'on m'a apporté le scénario de Coco Chanel et Igor Stravinsky. Ce n'est pas un biopic car il revient sur 8 semaines de passion amoureuse et secrète entre deux fortes personnalités, deux créateurs obsessionnels. Ils sont morts la même année, ils sont restés amis toute leur vie. J'ai tout de suite succombé aux charmes de cette histoire qui parle du désir, de l'amour et de la passion. C'était un projet atypique et j'étais très intéressé par l'aspect huis clos, par cette atmosphère lente et tendue. Ce fut une magnifique aventure.
Que souhaitiez-vous montrer ?
Ce n'est pas un film romantique. Je souhaitais parler de la dimension psychologique de la personne, de son destin, de sa dimension mystique. A travers le portrait de Coco, je décris la dureté, la solitude du personnage et je traite ainsi de l'émancipation de la femme et de ses paradoxes. Je me permets d'évoquer aussi l'homosexualité par petites touches humoristiques, de suggérer la mélancolie d'un c?ur exilé ou de représenter l'exotisme et ses rites ancestraux à travers "Le sacre du printemps" qui a comme principe la mort et la renaissance.
Comment avez-vous choisi les acteurs ?
Mads Mikkelsen était une des raisons pour laquelle j'ai accepté le film, c'est un acteur danois avec qui je désirais travailler, que j'admire. C'est un acteur de composition unique, peu connu du grand public. Au début, j'avais des doutes sur le choix d'Anna Mouglalis car elle avait été l'égérie de Chanel, mais sa voix, sa manière de bouger, m'ont convaincu. Elena Morozova est une actrice russe que j'ai rencontrée au cours du casting à Moscou. Ce fut une belle rencontre, elle joue un rôle subtil, une femme séduisante avec du caractère et capable de rivaliser avec Coco.
Oui, car c'est un film contenant peu de mots. Beaucoup de messages passent par les visages, les costumes (Karl Lagerfeld a créé une robe spécialement pour le film), les objets, la musique et l'agencement des plans. J'ai utilisé ces "langages" pour décrire les sentiments.
Comment vous définiriez vous ?
Je suis un aventurier, j'aime prendre des risques. Je marche à l'intuition et au coup de c?ur. Réaliser des courts ou des longs métrages me permet de tisser des liens.
Réaliser des spots publicitaires fut un bon tremplin et cela m'a permis d'explorer différentes voies. J'ai eu l'énorme chance dans ma vie de cinéaste de pouvoir un jour disposer d'une enveloppe de 35 millions d'euros pour faire un film personnel : Blueberry. Ainsi j'ai déjà fait le film que je souhaitais faire.
Avez-vous des projets en cours ?
Je prépare un documentaire fiction sur l'histoire des 14 Dalai Lama en co-réalisation avec Anne Paris.
Propos recueillis par Carole Chomat (www.lepetitjournal.com-Singapour) lundi 5 avril 2010
*Coco Chanel et Igor Stravinsky sortira en salle le 15 avril 2010. Cliquez ici pour plus d'informations

















