

A l'occasion de la semaine de la Francophonie * qui se déroule actuellement, voici une sélection d'expressions françaises populaires un peu démodées mais faciles à utiliser. Alors prêt à faire votre Kéké !
1- C'est parti, mon kiki ! Ça commence ! En route !
D'après le Dictionnaire du français non conventionnel, Cellard et Rey trois explications seraient à l' origine de cette expression. Tout d'abord, lorsqu'elle est apparue dans les années 1930-1940, elle s'employait ironiquement à propos d'une aventure sentimentale inattendue et rapide ; puis "mon kiki" désignait familièrement un amant ou un mari ; enfin les dames de petites vertu utilisaient cette appellation pour héler le chaland dont elles ne connaissaient pas le prénom et pour signaler à leurs collègues qu'elles avaient réussi à convaincre leur cible et qu'elles disparaissaient temporairement avec elle.
2- A tire-larigot ! Des problèmes, j'en ai à tire-larigot !
Cette expression dans le sens de "beaucoup", serait apparue au XVIe siècle, notamment chez Rabelais, pour désigner dans un premier temps le fait de boire excessivement en associant le verbe "tirer" (dans le sens de "tirer un liquide" pour le boire) au mot "larigot", qui désignait une petite flûte.
"Boire à tire-larigot" désignait donc le buveur qui passait tout son temps le goulot à la bouche, comme s'il prenait sa bouteille pour une flûte.
3- Jouer les saintes Nitouche. Regarde cette hypocrite, qui joue les innocentes...
La Sainte-Nitouche, c'est la sainte "qui n'y touche pas"... Popularisée par Rabelais au XVIe siècle, l'expression désigne les femmes qui jouent les prudes en société, mais qui se comportent de manière tout autre en privé.
4- Fagoté comme l'as de pique. Il est mal habillé
Le verbe "fagoter" vient des fagots de bois qui désigne le fait d'assembler et de lier des branches et brindilles en fagots. Mal liées, les branches dépassent dans tous les sens du fagot. Tout comme les vêtements de la personne "mal fagotée", la chemise sortie du pantalon par exemple.
Quant à l'as de pique, selon certains, l'as serait la carte la moins bien "habillée" d'un jeu de cartes (notamment par rapport aux "figures", valets, dames et rois).
5- Faire son sucré. Il est obséquieux, se montre d'une gentillesse exagérée, ridicule...
Bernard Pivot dans ''100 expressions à sauver'', explique que "faire son sucré" (ou sa sucrée...) est une "délicieuse expression qui a quasiment disparu - diététique oblige ?". Elle est pourtant "évocatrice d'une gentillesse tellement excessive qu'elle en devient éc?urante" !
6- Etre beurré comme un petit Lu. Etre soûl, ivre mort...
L'expression "être beurré" est semble t-il une déformation de l'expression "être bourré", pour désigner l'ivresse. Quant au "petit Lu", il fait référence au nom du "petit beurre", le fameux biscuit commercialisé depuis le milieu du XIXe siècle par Lefèvre-Utile (LU). Ainsi il ne peut qu'être associé à l'adjectif "beurré".
7- Se faire chanter Ramona. Il s'est fait disputer sévèrement
"Chanter Ramona" est une expression apparue dans les années 30 et inspirée de la chanson de Tino Rossi, "Ramona" qui a d'abord signifié "faire la cour", puis "faire l'amour" à une femme.
C'est par antiphrase que "chanter Ramona", puis "se faire chanter Ramona", est devenu synonyme de se faire "engueuler".
8- Changer de crémerie. Aller voir ailleurs
A la fin du XIX ème siècle la crémerie évoquée est un petit restaurant populaire où l'on servait au départ des produits laitiers pour designer ensuite une gargote entre le café et le restaurant où l'on servait des petits plats avec le café. Changer de crémerie était donc le cri de dépit lancé par un ivrogne jeté par le patron des lieux à l'heure de fermeture. Depuis la fin du XX ème siècle, cette expression française s'emploie dans un contexte commercial, pour signifier que, mécontent des services d'un fournisseur, des prestations d'un commerçant, toute personne peut faire jouer la concurrence et voir ce que propose le voisin.
9- Pas piqué des vers ! Ce n'est pas banal, remarquable, voire incroyable
Le ''Robert des expressions et locutions'' voit dans cette expression - relevée notamment chez Balzac - la déclinaison d'une expression plus ancienne : "Quelle mouche le pique ?" (question rhétorique qui s'adressait aux personnes victimes d'un coup de folie). L'expression est ensuite devenue "Quel ver le pique ?", et, par opposition, l'individu qui n'était "pas piqué des vers" était parfaitement sain d'esprit.
10- Yoyoter de la touffe. Il divague, il déraisonne, il fait ou dit n'importe quoi
Selon Bernard Pivot (dans son recueil ''100 expressions à sauver''), le verbe "yoyoter" viendrait de l'argot des prisons, et serait inspiré du "yoyo" : qui monte et descend le long de son fil de manière répétitive. Celui qui "yoyote" perd son temps à divaguer, à ne rien faire d'utile, à revenir toujours au même point.
La "touffe" désigne ici la tête (la touffe de cheveux) et non le sexe féminin en argot?
Carole Chomat (www.lepetitjournal.com-Singapour) mardi 20 mars 2012
* De multiples événements durant ces deux prochaines semaines permettront d'explorer la richesse et la diversité de la Francophonie à travers des films lors du 1er Festival du film d'animation avec conférence le 24 mars en libre accès, des expositions, des concours, des jeux et activités qui se tiendront à l'Alliance Française et au Lycée Français de Singapour.
Ils auront pour dénominateur commun d'inviter les étudiants français et le public singapourien à célébrer la vitalité de la langue française.

















