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ANDAYOMA – “Ma source d’inspiration ce sont les gens”

Écrit par Lepetitjournal Singapour
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 5 mars 2016

Installée à Singapour depuis 2001, Andayoma, chanteuse française d'origine créole, s'est fait une spécialité de l'écriture et de l'interprétation de chansons qui mêlent les multiples influences auxquelles elle a été exposée depuis l'enfance, parmi lesquelles le jazz, le gospel et la musique caribéenne.

Elle était sur scène au Singjazz Club le 18 février dernier. Ambiance intime : l'espace ressemble à une bonbonnière dont les sucreries se consomment en chansons. Celles du moment ont un goût de miel, de vanille de Cayenne, de fruits colorés et savoureux. Sur le fond tendu de satin rouge, la silhouette d'Andayoma, en robe noire, se dessine, ondulant tranquille et décontractée. La chanteuse offre à son public une variété de ses compositions et de mashup. A ses cotés, Mario Serio, professeur, arrangeur, et accompagnateur, est assis au piano. Le « world class musician », ainsi qu'elle le désigne avec tendresse, qui impressionnait tellement ses amis musiciens en Guyane, qu'ils l'ont obligé, pour être eux-même à la hauteur, à travailler de longues, très longues matinées et soirées. La Guyane justement, le pays d'origine d'Andayoma, où réside une grande partie de sa famillle et de ses amis et où elle s'est rendue en novembre dernier, pour y présenter son album dans le cadre de la première tournée vraiment programmée sur place. Ce retour en Guyane est le fil rouge de la soirée. Comme autant de cartes postales, Andayoma envoie à son public, chanson après chanson, des nouvelles de son pays natal et des liens qui unissent les textes et les musiques de ses compositions à ce petit bout de France en terres américaines.
 
Comment êtes-vous devenue chanteuse?
 
Andayoma - Je le suis devenue sur le tard. J'ai commencé ma carrière professionnelle comme secrétaire dans une entreprise qui faisait de la Recherche & Développement. Je n'ai pas eu de formation musicale à proprement parler. Au début, j'ai voulu travailler le chant simplement parce que je chantais des berceuses à mes filles et que j'ai éprouvé le besoin à ce moment là de le faire bien. Avant de venir à Singapour, je pratiquais le chant gospel (ndlr- Andayoma a participé à un concert du Golden gate quartet ) mais je le faisais essentiellement comme un hobby.
 
Quand les choses ont- elles changé ?
 
- Lorsque nous nous sommes installés à Singapour en 2001, j'ai commencé par chercher, sans succès, une chorale de Gospel-Negro spiritual. Mais ce qui se faisait à Singapour relevait essentiellement du Gospel contemporain. J'ai alors décidé de prendre des cours et ai eu la chance de Babes Conde .
 

Andayoma et Mario Serio
Comment en êtes-vous venue à vous produire sur scène et à faire du chant votre activité principale ?
 
- C'est arrivé un peu par hasard. Au départ il s'agissait simplement de me maintenir dans la perspective de retrouver la chorale de Gospel que j'avais quittée. C'est mon professeur Babes Conde, qui m'a poussée à faire des concerts. Et puis en 2005 s'est produit un déclic, quand j'ai décidé d'être chanteuse, c'est à dire de me présenter comme chanteuse.
 
Comment les choses se sont-elles déroulées par la suite ?
 
- J'ai fait une série de concerts ? Love & Translation ? dans lesquels je reprenais des chansons : celles du groupe Sympathique ou des chansons créoles comme Kolé Séré. Puis je me suis mise à l'écriture de mes propres chansons. J'ai fait un 1er CD en 2010 avec mes propres compositions, co-écrites avec Jean-Luc Mangattale. Il m'envoyait des mélodies. Je mettais des mots.
 
De quoi parlent vos chansons ?
 
- Mon inspiration est très ouverte. Souvent, je regarde, j'écoute, j'entends la tristesse des gens. Ma source d'inspiration privilégiée ce sont les gens. Pour I don't know, je pensais à une femme qui passait son temps à mentir. Il y a toujours eu un fond de jazz. Ce sont les mélodies qui me viennent en premier.
 
Comment ça vient ?
 
- Ca vient comme ça. Quand je peux, je les enregistre. Si la technique ne fait pas défaut, je peux les reprendre ensuite. Mais je n'ai pas la phobie des mélodies qui disparaissent. Je pense que je suis assez fataliste sur le sujet. Si une mélodie me vient en tête et que je l'oublie, elle ne reviendra probablement jamais et c'est une autre qui prendra sa place. Quand la mélodie vient et que je décide d'investir du temps pour travailler dessus, je commence par la structurer et par la jouer au piano. Ensuite j'utilise un programme pour mettre la musique en forme. Mario Serio vient ensuite pour m'accompagner et réaliser les arrangements.

Et sur scène ?
 
- Chanter me donne beaucoup de plaisir. Si je peux en faire profiter les gens. J'en suis très heureuse. Je ne fais pas des chansons en me disant que je vais faire un spectacle. J'ai besoin de prendre le temps de posséder mes chansons. C'est seulement à ce moment, quand on possède ses chansons, qu'on peut faire un CD. Je vis comme un honneur le fait de pouvoir chanter mes propres chansons. Au SingJazz Club, je ne veux pas imposer ce que je vais chanter, il faut tenir compte de ce que souhaite le lieu. Au Blu Jaz  , j'ai développé une niche dans la musique caribéenne. Mon ambition est d'être une professionnelle qui fait bien son travail. En France, je me suis produite au Cosy Montparnasse en octobre 2015. Il y avait dans la salle un certain nombre d'amis de Singapour. En novembre, j'ai été invitée à chanter en Guyane. Ca a été émotionnellement très fort.
 
Est-ce qu'il est difficile de se faire une place sur La scène singapourienne?
 
- Je n'ai jamais eu le sentiment de devoir me battre. D'ailleurs Je n'aurais pas envie de me battre, s'il le fallait, pour chanter. Par contre, Je travaille beaucoup ma technique vocale.

C'est parfois difficile d'être à Singapour, à la fois pour des questions géographiques et pour des questions d'identité. Je ne suis ni en France ni en Guyane, je ne suis pas Singapourienne. A contrario, l'avantage de Singapour est que j'ai pu y développer ma niche avec la musique caribéenne .
 
Des projets ?

- Faire travailler ma chorale ? Les girl'Z-, créée il y a 10 ans avec un certain nombre de femmes qui viennent chanter du gospel. J'aimerais aussi aller chanter en Martinique Guadeloupe.
 
Propos recueillis par Bertrand Fouquoire (www.lepetitjournal.com/singapour) jeudi 10 mars 2016

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Publié le 9 mars 2016, mis à jour le 5 mars 2016

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