Selon une étude publiée récemment par l’université médicale de Guangzhou (Canton), une équipe de médecins sous la houlette du dr He Jianxin vient de réaliser une greffe chez l’humain de poumon provenant d’un cochon. Un exploit qui redonne espoir à toutes les personnes en attente de greffe d’organe.


Greffe du cochon vers l'homme
Une greffe de poumon provenant d’un mini-cochon Bama génétiquement modifié a été réalisée à l’université médicale de Guangzhou. Bien que la transplantologie se développe de manière significative depuis des décennies et compte déjà de plusieurs greffes réussies d’organes d’origine animale chez l’humain, la transplantation d’un poumon est une première. En effet le poumon est un organe très difficile à prélever et à greffer du fait de sa vascularisation importante qui augmente le risque de rejet par le système de défense immunitaire du patient.
Le cochon est un animal qui se prête particulièrement bien à la transplantologie car plusieurs de ses organes sont proches de ceux des humains. Des greffes d’organes provenant du cochon avaient déjà été réalisées en Chine et aux Etats-Unis chez un petit nombre de patients.
Le premier organe à avoir été greffé chez l’humain a été le coeur en 2022, suivi par les reins. Des essais cliniques sur la greffe du coeur, du foie et des reins de cochon génétiquement modifié ont été validés par des autorités américaines.
Une première réalisée à Canton
La greffe du poumon a été réalisée avec l’accorde de la famille sur un patient âgé de 39 ans, en état de mort cérébrale suite à un accident. Son poumon gauche a été greffé et il a fonctionné pendant 9 jours, suite à quoi l’expérience a été arrêtée à la demande de la famille du patient. Le poumon de l’animal donneur avait été modifié par la suppression de 3 gènes animaux et par l’ajout de 3 gènes humains pour limiter le risque de rejet. Il a été souligné dans l’étude qu’aucun signe de rejet ni d’infection n’a été noté durant les 3 premiers jours après la transplantation. Ensuite on a observé quelque lésions pulmonaires qui avaient progressivement diminué.
Par la suite, les médecins chinois prévoient de continuer leurs essais cliniques sur des patients en phase terminale des maladies du poumon, n’ayant pas d’autre recours à part la transplantation.
“Nous devons rester prudents: en l’état nous ne pouvons pas envisager d’essais cliniques sur des patients vivants (…) il faut plus d’essais sur des patients en état de mort cérébrale pour réduire les lésions au poumon” - He Jianxing
Un nouvel espoir mais aussi un défi
La xénogreffe qui consiste à greffer une organe animal à un homme redonne espoir à de nombreux patients alors qu’à travers le monde on fait face à une grosse pénurie d’organes humains. Rien qu’en France, 22 000 personnes sont en attente de greffe d’un organe. Aux Etats-Unis ce chiffre dépasse les 100 000. D’une manière générale la demande est infiniment plus importante que les dons d’organes.
L’opération réalisée à Canton est déjà perçue par le milieu médical mondiale comme une avancée majeure dans l’histoire de la transplantologie. Bien sur il reste de nombreux défis au niveau immunologique mais aussi éthique qu’il va falloir régler.
L’avantage d’une future source d’organes d’origine animale, par rapport aux donneurs humains, est aussi une meilleure qualité de l’organe. Celui provenant d’un donneur humain est rarement en parfait état et on n’est jamais sur de la qualité de l’organe que l’on va recevoir. D’une manière générale, seulement 20 pour-cent de poumons prélevés sur donneur sont en état d’être transplantés. Et la réussite de la greffe reste très incertaine. Ceci pourrait changer avec le développement de xénogreffes.
Pour rappel: un donneur d’organes humain peut sauver jusqu’à huit vies humaines et sensiblement améliorer la qualité de vie de 75 autres.












