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Liuqing et Marvin : "Entre Paris et Shanghai, une même histoire nous lie"

Yang Liuqing, originaire de la banlieue de Shanghai et étudiante en France, et Marvin Bonheur, photographe ayant grandi dans la banlieue parisienne du 93, se sont unis pour un projet artistique ambitieux à Shanghai. Nous avons discuté avec eux à cette occasion

liuqing et marvinliuqing et marvin
@Marvin Bonheur
Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 11 juin 2024, mis à jour le 12 juin 2024

Je suis née dans la banlieue de Shanghai

Pouvez-vous nous parler de votre enfance respective dans la banlieue de Shanghai et dans le 93 ? Quels souvenirs en gardez-vous ?

Marvin : Mon enfance a été marquée par des moments de joie et de peine. Grandir en quartier difficile rend la construction émotionnelle compliquée, mais j'ai eu la chance de grandir dans une communauté diversifiée.

Liuqing : Je suis née à Fengxian, à la périphérie de Shanghai. Je passais mes week-ends et vacances chez mes grands-parents à la campagne. Je ne me suis jamais sentie seule grâce à la présence d'autres enfants du village. En semaine, je vivais avec mes parents à Nanqiao. Ma grand-mère m'emmenait à l'école et me récupérait le soir.

Je me suis formé seul à la photographie

Comment s’est déroulé votre parcours scolaire jusqu’à maintenant ? Qu’est-ce qui vous a poussé à choisir vos domaines respectifs ?

Marvin : Mon parcours scolaire a été compliqué. J'ai dû faire de nombreux sacrifices pour me rapprocher d'une filière artistique, mais le manque de motivation m'a empêché de faire de longues études. J'ai commencé à travailler jeune et me suis formé seul à la photographie.

Liuqing : Enfant, j'ai commencé par la peinture traditionnelle chinoise, ce qui m'a donné une passion pour l'art. Au collège, j'ai découvert la mode en regardant des émissions et en lisant des magazines. 

ecole chine
@Marvin Bonheur

J'ai été attirée par la mode française

Liuqing, pourquoi avez-vous choisi la France pour vos études ? Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce pays ?

J'ai été attirée par la mode et, après un séjour à Lyon en lycée, j'ai décidé d'étudier en France. Paris était un choix évident pour la mode. Je voulais aussi me distinguer de mes camarades qui préféraient des destinations anglophones. Finalement, j'ai étudié à Shanghai Jiao Tong avant de venir à l'Institut Français de la Mode à Paris.

Marvin, qu’est-ce qui vous a mené à la photographie et comment avez-vous développé votre style unique en grandissant dans la banlieue parisienne ?

Enfant, ma mère me donnait un appareil photo jetable pour les vacances. J'ai repris la photographie sérieusement après mes vingt ans avec une série appelée "Alzheimer". Mon style reflète mes observations de la banlieue et ma fascination pour les espaces et populations populaires.

Comment vous êtes-vous rencontrés ? Pouvez-vous nous raconter les circonstances de votre première rencontre et ce qui vous a attiré l’un vers l’autre ?

Marvin : Nous nous sommes rencontrés par hasard lors d'une de mes expositions à Paris en janvier 2023. Nous avons discuté de nos expériences d'enfance en banlieue. J'ai été attiré par son ouverture d'esprit et son intérêt pour le 93, bien qu'elle n'y soit jamais allée.

Liuqing : Nous avons discuté des contrastes entre le centre-ville et la banlieue de Paris, ce qui nous a rapprochés. Marvin a ensuite proposé de m'apprendre à faire du vélo et a exprimé son intérêt pour Shanghai.

Paris, Shanghai, deux villes, deux banlieues

Qu’est-ce qui vous a donné l’idée de partir ensemble à Shanghai pour réaliser ce projet photographique ?

Marvin : L'idée est née de notre première conversation. J'avais déjà réalisé plusieurs séries photos à l'étranger en miroir à "Alzheimer" en Seine-Saint-Denis. Nous avons donc pensé à un projet en banlieue de Shanghai lié à l'histoire de Liuqing.

Liuqing : C'était une invitation inattendue. Marvin a proposé l'idée après avoir discuté des similitudes et des contrastes entre nos banlieues respectives. Il voulait capturer la vie en banlieue de Shanghai à travers mon histoire, en miroir à ses propres expériences en Seine-Saint-Denis. Nous avons vite réalisé que ce projet pouvait offrir une perspective unique et enrichissante sur nos deux mondes.

Pouvez-vous décrire le projet en détail ? Quels aspects de la vie de Yang à Shanghai souhaitez-vous capturer et transmettre à travers vos photos ?

Marvin : Le projet s'est construit en cours de réalisation. L'intention était de plonger dans les souvenirs de Liuqing pour capturer la vie dans une banlieue chinoise. J'ai photographié des lieux et symboles de son enfance, souvent surpris de voir des similitudes avec mon propre passé.

@photo Marvin Bonheur
@Photo Marvin Bonheur

Nous avons appris à respecter nos différences

Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées en travaillant ensemble, que ce soit culturellement ou artistiquement ? Comment les avez-vous surmontées ?

Marvin : La communication a été parfois compliquée en raison de nos éducations différentes. J'ai dû adapter mon processus de création en suivant Liuqing pour comprendre la ville, ce qui a parfois limité ma liberté. Nous avons fait un effort pour comprendre et respecter nos différences.

Liuqing : Comprendre le milieu artistique n'était pas facile pour moi. Il a fallu convaincre mes parents d'accueillir Marvin. Tout était imprévisible, y compris notre première visite dans la maison de campagne sans mes grands-parents. J'ai pris soin de Marvin selon mes habitudes culturelles, même si cela le stressait parfois. Marvin était curieux et positif, ce qui a facilité notre collaboration.

En quoi ce projet vous semble-t-il important, non seulement pour vous deux, mais aussi pour les spectateurs qui découvriront vos photos ?

Marvin : Ce travail est important car il enrichit la compréhension des cultures étrangères. Dans une période de division ethnique, ce projet invite à questionner les valeurs et à briser les préjugés. Il offre un regard sincère sur deux jeunesses différentes mais proches, toutes deux sujettes à des discriminations.

Liuqing : Marvin a eu l'opportunité de s'immerger dans une culture différente, ce qui enrichira ses créations futures. Le projet offre une perspective authentique sur la vie à Shanghai, peu connue des Français et même de nombreux Chinois.

Cette collaboration n'est pas terminée

Quels sont vos projets futurs après cette collaboration ? Avez-vous d’autres idées de projets en duo ou individuellement ?

Marvin : Nous aimerions publier ce projet et organiser des expositions à Paris et Shanghai. J'aimerais réaliser d'autres séries photo en Asie, peut-être avec l'aide de Liuqing, et continuer à travailler sur la jeunesse oubliée du monde.

Liuqing : Je pense que cette collaboration n'est pas terminée. J'ai une nouvelle idée pour que Marvin puisse vivre une autre expérience en Chine. Je passe aussi du temps à Aulnay-sous-Bois, où Marvin a grandi, pour mieux comprendre ce quartier.


Le talent et le professionnalisme de Yang Liuqing et Marvin Bonheur se reflètent dans chaque étape de leur collaboration. Leur capacité à fusionner des perspectives culturelles différentes est impressionnante et prometteuse. Nous espérons que ce projet ambitieux à Shanghai rencontrera le succès qu'il mérite et ouvrira la voie à de futures réalisations. Leur créativité et leur détermination sont des atouts précieux pour les défis à venir.

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