La représentation médiatique des familles chinoises dans les médias occidentaux est souvent stéréotypée. C'est pourquoi j'ai plaisir a partager mes impressions lors d'une immersion d'une semaine dans une famille de la région de Shanghai.
Une "petite ville" de 1,5 millions d'habitants
Les clichés vont bon train sur les familles chinoises vues par les étrangers : une ambiance familiale anxiogène centrée sur l'avenir de l'enfant, une mère constamment sur son dos, une vie focalisée sur ses résultats scolaires, les grands-parents vivant sous le même toit dans un petit appartement. Cependant, il est rare d'avoir l'occasion de vérifier par soi-même la véracité de ces clichés.
J'ai eu l'opportunité de vivre pendant une semaine en immersion totale dans une famille de classe moyenne supérieure d'une "petite ville" chinoise d'environ 1,5 million d'habitants, située dans la province du Jiangsu, à une heure de Shanghai : Zhangjiagang
Ma première impression en sortant du train fut le froid mordant, avec une température ressentie de moins deux degrés en cette période hivernale. La seconde impression fut le vide. Bien qu'un train complet s'arrêtât à cette gare, seuls quelques passagers en descendaient pour prendre le bus en direction de Zhangjiagang. Les rues étaient désertes : les étudiants à l'école et les parents au travail. L'atmosphère évoquait une ville fantôme : tout était parfaitement quadrillé, la ville organisée de manière utilitariste avec des centres commerciaux, lieux ultimes de loisirs, un ensemble de banques sous forme de gratte-ciel, et des "gated communities" remplies d'appartements résidentiels où j'allais séjourner. Ce qui m'a le plus surpris, c'est l'architecture de ces résidences. Bien que standardisées et plutôt austères, on remarquait au sommet de ces bâtiments de petites tours rappelant des châteaux forts, leur conférant un aspect quelque peu "Disneyland".
J'ai été tout de suite intégrée
Je n'aurais pas pu être mieux accueillie : j'avais ma propre chambre, mon hôte parlait lentement en chinois pour que je comprenne, et utilisait au maximum ses bases en anglais pour communiquer. Je me suis sentie immédiatement intégrée, surtout lorsqu'on m'a offert des fruits dès mon arrivée. C'est le seul cliché sur les mères chinoises que j'ai retrouvé chez mon hôte. Je m'attendais à une personnalité rigide et sérieuse, mais j'ai découvert l'une des personnes les plus souriantes et drôles (d'après ce que je comprenais en chinois) que j'aie jamais rencontrées. Bien que la fille de mon hôte n'ait pas suivi un parcours dit "exemplaire" selon les critères chinois en passant le gaokao, la famille semblait plutôt en rire qu'en pleurer, et je n'ai ressenti aucune pression particulière concernant l'univers académique. Mais j'ai senti tout de même la pression des études, en voyant sortir du lycée à 22h00, une myriade d'élèves qui avaient encore de nombreuses heures de travail à effectuer le soir même. Mais la pression ne s'est pas retrouver au sein de la famille qui ont instauré une ambiance très chaleureuse. Ils m'ont fait découvrir la cuisine locale, mais mon végétarisme ne m'a pas permis de tout apprécier, leur régime alimentaire étant essentiellement basé sur la viande. Cependant, ils ont été très compréhensifs à ce sujet, et je ne me suis pas sentie jugée.
Culture et traditions au quotidien
La ville de Zhangjiagang n'est pas réputée pour être un centre culturel, et il est vrai que les seules sorties que j'ai pu y faire étaient au centre commercial pour un karaoké ou au restaurant. Il faut prendre le train en direction de Suzhou ou Shanghai pour des activités culturelles. Zhangjiagang me semblait immense, et je m'y perdais rien qu'en la regardant depuis la fenêtre du 17ᵉ étage. Cependant, les habitants de Zhangjiagang vivent en communauté et tissent des liens importants avec leurs voisins. Ainsi, lorsque mes hôtes m'ont gentiment organisé un dîner de Noël, sachant que je le célébrais habituellement, ils ont convié leurs voisins, amis de longue date. C'était totalement nouveau pour eux, et disons qu'il n'y avait pas de bûche pour le dessert, mais plutôt des œufs de cent ans et d'autres plats mijoté minutieusement préparés par les grands-parents de la famille. J'ai été agréablement surprise de toute l'aide apportée par le grand-père tout au long du repas : c'était un véritable travail familial. Mon moment préféré de cette expérience reste la séance de thé à la fin du repas avec mon hôte, sa fille, leurs voisines et leurs filles. Elles discutaient en buvant du thé autour d'une table à thé traditionnelle. Non seulement le thé et les graines de tournesol étaient délicieux, mais je me sentais vraiment intégrée à la discussion et à leur quotidien, même si mon niveau de chinois m’autorisais de comprendre qu'une phrase sur quatre.
En résumé, cette expérience est l'un des plus riches que j'ai vécue et je vous souhaite de connaître la même chose.