

Si vous suivez notre agenda et nos idées de sorties culturelles tous les mois, vous avez peut-être déjà remarqué la mention de certaines expositions dans un lieu insolite. Ni galerie, ni musée, le 240 Beijing East Road à Shanghai est en réalité le siège des groupes Mei.com et SuperChina. Spécialisés dans la communication, l'événementiel, le e-commerce, les relations publiques mais aussi bien d'autres choses, ces sociétés se sont installées dans ce magnifique immeuble historique début 2014. Et ont décidé d'y inviter régulièrement des artistes pour habiller ses grands murs blancs, mais surtout pour y créer une atmosphère toute particulière, propice aux échanges et à l'inspiration? Visite guidée par Sophie Dariel (Managing Director de SuperPress/Superbla!) dans cet espace bouillonnant de créativité !
SuperChina, la rencontre des cultures chinoise et occidentale?
L'histoire en Chine commence en 2004, lorsqu'Isabelle et Olivier Chouvet, ainsi que leur associé Alain Soulas, débarquent à Shanghai après des années passées au Japon. Les trois amis entrepreneurs dans l'âme n'en sont pas à leur coup d'essai en Asie et sentent que la Chine est un marché prometteur. Et aujourd'hui, avec un quatrième associé, Alexandre Monteux, ils ont bâti en Chine un véritable empire, incontournable dans le monde de la communication événementielle, du e-commerce, du design, des relations publiques et du lifestyle : K2 Asia, SuperPress, Superbla!, Glamour-Sales/Mei.com (aujourd'hui propriété d'Alibaba en Chine) en association avec Thibaut Villet, mais aussi naço architectures et le fameux bar-lounge-restaurant Unico en partenariat avec l'architecte Marcelo Joulia. Malgré la diversité de leurs activités, il existe une très grande cohérence dans leur approche. En effet, leurs clients sont tous issus de secteurs tels que le luxe, la mode, la gastronomie, la culture, l'art de vivre. Citons par exemple ShangXia, Martell, Saint Louis, Puiforcat, Cartier, Christie's? Aujourd'hui, la holding peut revendiquer une histoire forte avec la Chine et "son ADN est bel et bien la compréhension et la rencontre des cultures chinoise et occidentale" affirme Sophie Dariel. Mais pour vivre cela pleinement, il lui fallait trouver un lieu à la hauteur?
240 Beijing East Road, une adresse symbolique?

Le graphisme des quatre clartés interprété par Pan Jianfeng ©SuperPress
Des expositions sources d'inspiration pour tous ceux qui passent

La première exposition a démarré en février 2014 avec Pan Jianfeng, un artiste chinois qui fait de la calligraphie contemporaine et de la photo. Les lieux, mais aussi les horizons et l'identité même du groupe l'ont fortement inspiré : plusieurs nationalités y travaillent ensemble, K2 est aussi implanté à Tokyo, à Séoul, à Paris, le nom même de K2 est évocateur du deuxième sommet le plus haut du monde? Il a donc aussi réalisé un magnifique journal, qui rend hommage aux valeurs et aux hommes qui composent le groupe. Depuis, une quinzaine d'expositions se sont succédés, tantôt solos, tantôt collectives, d'une durée de 4 à 8 semaines à chaque fois.
Les bénéfices de cette animation artistique sont multiples : tout d'abord, cela crée un dialogue, un lien fort entre les employés (environ 200 personnes). "Tous viennent de cultures très différentes, il y a environ dix nationalités représentées, les histoires professionnelles de chacun sont toutes très diverses et riches". Par ailleurs, cela crée du lien avec tous les interlocuteurs, les prestataires, les artistes qui viennent travailler ponctuellement. Ainsi, "la relation professionnelle est animée par une dynamique de collaboration pas uniquement commerciale mais aussi fondée sur le plaisir et l'échange". Et bien sûr, cela participe à la décoration des lieux ! "Les séances d'accrochage et de décrochage des ?uvres sont d'ailleurs toujours des moments forts dans les étages : on découvre, on discute, on échange ses impressions, et tout le monde s'accorde sur une chose : les murs ne doivent pas rester vides trop longtemps entre deux expositions !", nous confie Sophie.

Un choix des artistes nourri par la richesse de la variété et de l'alternance
Le 240 (comme on l'appelle en interne) est aujourd'hui reconnu comme une plateforme pour les artistes, un facilitateur. Certaines expositions sont organisées en partenariat avec des galeries, d'autres avec des artistes indépendants, chacun peut y vendre ses ?uvres, mais le 240 joue le rôle de "facilitateur", pas celui de l'agent.
A gauche : Atman One, en haut à droite : Key Sook, en bas à droite : Federico Bascher
Le choix des artistes peut se faire selon les envies des collaborateurs, les sollicitations des galeries, mais aussi selon les rencontres. L'expérience professionnelle de Sophie Dariel dans plusieurs galeries et studios en Chine aide à la démarche. De plus, l'orientation de l'agence SuperPress et de tout le groupe vers l'art et la création rend les choses plus naturelles encore. "L'idée est de privilégier avant tout des oeuvres qui inspirent, qui stimulent et qui respectent les lieux si particuliers et les hommes qui y vivent". Tout en veillant à garder une alternance d'artistes chinois ou occidentaux, de matériaux et de supports utilisés.

- l'Argentin Federico Bascher et son immense dragon de papier calligraphié suspendu au-dessus de l'atrium
- la Coréenne Key Sook et ses modèles de robes et vestes aériennes réalisées en fil de fer
- Atman One avec ses puissantes peintures et photos inspirées de l'art traditionnel chinois
- ou encore le Français JR et son camion-photomaton itinérant. Pour l'anecdote, cet événement de JR s'est déroulé différemment. A l'occasion de son exposition itinérante qui s'arrêtait à Shanghai, l'équipe du 240 a réussi à faire venir JR sur place pour un happening inédit ! Le camion-photomaton était situé dans la cour derrière l'immeuble, les clichés ont du être pris en un temps très réduit (moins de 48h), et ensuite, chacun a du monter sur le toit-terrasse pour y coller sa photo. Un projet collaboratif auquel ont participé de nombreuses personnes, qui a donné un résultat étonnant, enthousiasmant et?éphémère?
Le toit-terrasse de l'immeuble avec les photos de JR
Et demain ? De nouvelles expos, un nouvel immeuble et un jardin-terrasse?

A l'heure actuelle, le 240 accueille (jusqu'au 17 juin) "After Words", l'exposition de photos hautes en couleurs de Michel Temman dont nous vous avons parlé dans notre article L'homme aux mille et une vies, la passion de l'Asie en plus. L'été nous réservera sans doute une surprise et pour le mois de septembre, Sophie souhaite une autre très belle expo photo, à l'occasion du salon Shanghai Photo. A suivre donc?
Mais d'autres projets agitent Mei.com et SuperChina. D'une part, un agrandissement (prévu pour l'automne 2016) avec l'immeuble tout neuf construit juste à côté sur la Beijing East Road. Les locaux du 240 seront dédiés à l'entité Mei.com qui a besoin de plus d'espace, les autres filiales prendront leurs quartiers dans le nouvel immeuble. Côté agenda culturel, le champ des possibles va pouvoir s'élargir : l'espace disponible pour les artistes sera doublé, l'ancien côtoiera le contemporain? De belles thématiques et plus d'expositions collectives sont donc à attendre !
Et cerise sur le gâteau, un jardin va voir le jour sur chacun des deux toits ! Dessinés par un urban garden designer réputé, ces jardins devraient être inaugurés cet été. Potager participatif, espace "déjeuners sous la tonnelle", événements créatifs, décidément le 240 Beijing East Road nous réserve encore de belles surprises?
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Infos pratiques Adresse : 240 Beijing East Road (près de Jiangxi Middle Road), Shanghai |
Propos recueillis auprès de Sophie Dariel, Managing Director de SuperPress/Superbla!
Delphine Gourgues lepetitjournal.com/shanghai Mercredi 1er juin 2016







