ANNE RIBES ET SHANGHAI - Quand accueil rime avec énergie !

Par Delphine Gourgues

Ce mois-ci, nous vous proposons le portrait d'une personne de la communauté française que vous êtes nombreux à connaître, mais la connaissez-vous vraiment ? Présidente du CFS (Cercle Francophone de Shanghai), mère de famille avant tout, et aussi commerciale pour la société Equance, Anne a aussi vécu plusieurs expériences très riches et variées avant d'arriver en Chine ! Portrait d'une femme multi-casquettes, à l'énergie inépuisable, pour qui le plus important est d'aider l'autre et de créer du lien.

Du BTP à la maternelle?

Arrivée à Shanghai en septembre 2014, Anne s'est tout de suite mise en mode "action/intégration" ! Il faut dire qu'elle avait déjà une certaine expérience de la découverte de nouveaux horizons et de la reconversion? Petit retour en arrière sur "sa vie d'avant". Après de brillantes études à l'ESTP Paris (Ecole Spéciale des Travaux Publics, du Bâtiment et de l'Industrie), option bâtiment/parasismique, Anne décide rapidement de changer de voie. Peu de temps après son diplôme d'ingénieur, elle se présente, en candidate libre, au concours de professeur des écoles, concours qu'elle réussit haut la main ! Elle s'installe à Lyon et y fonde sa famille. Son métier de maîtresse, elle l'a adoré ! "Mes classes favorites étaient les maternelles, apprendre à lire aux tout-petits, quel bonheur !". Elle choisit aussi de prendre un an de congé parental à chacune des naissances de ses enfants (aujourd'hui âgés de 16, 14 et 10 ans), car c'est une priorité pour elle.

D'ouest en est, sa vie avant Shanghai

En 2008, c'est le départ pour une première expatriation, direction le Brésil ! La famille Ribes s'installe à Curitiba, ville située à 400km au sud de Sao Paolo. "C'est la ville la plus sûre du Brésil, mais tout est relatif là-bas?". Pas de poste pour elle au Lycée Français, Anne se tourne alors naturellement vers Curitiba Accueil pour "y rencontrer des gens, découvrir la ville, le pays et pour profiter un peu !". Rapidement, elle est repérée pour les organisateurs pour son dynamisme, ses idées novatrices et sa bonne humeur ! Elle se retrouve donc vice-présidente et secrétaire. Curitiba Accueil comprenait à l'époque 53 familles et était une association très active dans le domaine caritatif, les besoins étant énormes dans le pays. Anne s'implique par ailleurs dans l'école américaine de ses enfants, et s'investit aussi dans son département caritatif. Elle avait tout particulièrement à c?ur de venir en aide aux très jeunes filles, violées et donnant naissance à des enfants, alors qu'elles ne sont elles-mêmes encore que des enfants?

2011, cap sur l'Inde, à New Delhi, où elle restera 4 ans. "Une expérience extraordinaire pour toute la famille, d'une richesse incroyable, même si tout n'était vraiment pas facile?". Un mari absent toute la semaine, un pays aux conditions de vie et de travail très difficiles, une immense pauvreté partout, aucune structure culturelle? "Même si nous avions les facilités matérielles des expatriés, trouver un logement, faire ses courses alimentaires ou circuler dans la rue étaient quelques-uns des challenges quotidiens? Et côté vie sociale, pas un restaurant, ni un café où se retrouver?". En Inde aussi, l'accueil tend les bras à Anne : "La FIAFE* m'a recommandée tout de suite à Delhi Accueil, qui m'a proposé de prendre le poste de présidente dès mon arrivée". 300 familles inscrites, des besoins énormes pour tous les nouveaux, elle s'investit à fond dans cette nouvelle communauté, et travaille aux côtés de l'Ambassade. Delhi Accueil était une assez grosse association d'accueil, avec notamment 63 bénévoles ! Elle y a donc développé de nombreuses activités artistiques et manuelles, l'offre étant pratiquement inexistante dans la ville. Mais aussi l'organisation de nombreux rendez-vous, petits déjeuners, voyages en Inde, soirées diverses, tout ce qui pouvait contribuer à aider les autres et à nourrir ce lien social si important, notamment lorsque l'on vit loin de ses racines ! Elle se spécialise aussi dans le sponsoring, tâche ardue dans ce pays, et dans le management des bénévoles? "Pas toujours facile de gérer les susceptibilités de chacun, tout en motivant l'ensemble de l'équipe !".

*FIAFE : Fédération Internationale des Accueils Français et francophones à l'Etranger. http://www.fiafe.org/index.php

Professionnelle de l'accueil

Lorsque l'appel de Shanghai se fait entendre, c'est avec le même enthousiasme qu'Anne y installe sa famille : "Je me sens bien partout de toutes façons !". Elle reconnaît aussi qu'après l'Inde, Shanghai, c'est l'Europe pour elle ! Par le hasard d'une rencontre de voisinage (mais y-a-t-il vraiment du hasard dans tout cela ?), Anne intègre en moins d'une semaine l'équipe événements et sponsors du CFS. Rappelons que le CFS, c'est aujourd'hui une quarantaine de bénévoles, 1.800 adhérents, le plus gros accueil mondial ! La première année passe à toute vitesse, et voilà qu'Anne se présente à la présidence du CFS lors de l'AG 2015, poussée par un certain nombre de membres du bureau en place. Son légendaire dynamisme, son empathie et son énergie communicative n'ont trompé personne ! La transition se fait en douceur, la plupart des bénévoles déjà engagés entourent toujours Anne (sauf départs vers de nouvelles contrées). Celle-ci fait aussi évoluer l'association pour mieux accueillir les plus jeunes, notamment grâce à ses apéros afterwork qui fonctionnent plutôt très bien auprès de la population des 30-35 ans. "Il y a de nombreux jeunes Français à Shanghai, le CFS s'adresse à tous, il ne doit pas uniquement être une association de tai-tai?". "J'adore Shanghai", poursuit-elle, "je m'y suis tout de suite plu. Mais il faut reconnaître que la structure de la ville et la taille de la communauté rendent l'accueil assez froid et anonyme. Pas de point de rencontre à l'école trop loin, personne n'attend les nouveaux?".

Multi-casquettes, un mode de vie chez Anne !

Anne est maintenant bien connue au siège parisien de la FIAFE, on lui a même demandé de faire partie du bureau, pour mettre à profit son expérience auprès des différentes structures d'accueil du monde entier. Et comme si elle avait encore un peu trop de temps libre (!), Anne est aussi depuis juillet 2015 conseillère en gestion privée pour la Chine chez Equance, société de conseil en optimisation de patrimoine. Repérée pour son charisme et son professionnalisme, elle a bénéficié d'une solide formation financière avant de démarrer. Sa mission est de proposer des préconisations sur des sujets tels que la complémentaire retraite, la capitalisation pour financer les études des enfants, l'investissement immobilier en France etc. Mais pourquoi Anne s'est-elle lancée dans cette nouvelle aventure ? "Pas pour l'argent, c'est certain, mais pour le besoin de satisfaire le client ! Et si le client dit qu'il est content, je suis contente !".

Quand la pause s'impose?

Vous l'aurez compris, Anne est une "pile électrique", comme elle se définit elle-même, elle adore faire de nouvelles rencontres, accueillir et aider les gens et a sans cesse besoin de se tourner vers l'extérieur. Cette énergie incroyable, elle la puise justement dans ses relations avec les autres. N'oublions pas qu'elle est aussi une des fondatrices des fameuses Crazy Tai-Tai, ce groupe Wechat de femmes qui aiment se retrouver une fois par semaine entre filles pour faire la fête (relire notre article sur les CTT). "Mais à minuit, je suis dans mon lit !", précise-t-elle. Rassurez-vous, il lui arrive de se poser, et là c'est en famille, avec mari et enfants pendant les vacances, ou l'espace d'un week-end, déconnectant de toutes ses responsabilités pour se faire une journée "cuisine-DVD-pop corn" par exemple ! "J'ai aussi la chance de ne pas avoir besoin de beaucoup de sommeil", avoue-t-elle, "il me suffit d'une bonne nuit de 12h une fois par mois." Et son jardin secret, quand elle éprouve le besoin de se retrouver seule, c'est la peinture. "J'avais commencé une grande toile en Inde, je l'ai terminée à Shanghai. La peinture m'apaise?". Mais Anne restera toujours fidèle à elle-même, à 200 à l'heure et le c?ur sur la main, à l'image de notre chère ville de Shanghai?

(Crédits photo : Anne Ribes)

Retrouver nos portraits précédents dans notre rubrique Communauté 

Delphine Gourgues lepetitjournal.com/shanghai Lundi 18 Avril 2016