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Cannes 2025 : les films chinois ont brillé sur la Croisette

"Résurrection est comme un OVNI" indiquait Juliette Binoche lors de la remise du Prix Spécial du Jury au lauréat Bi Gan ce samedi à Cannes. Ce film a consterné les critiques, adulé par les uns et hué par d'autres pour finalement emporter les suffrages du jury du célèbre festival français. Au delà de cette reconnaissance, la créativité chinoise a été une nouvelle fois au rendez-vous de cette édition 2025. Analyse.

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Extrait du teaser du film "Resurrection" du Chinois Bi Gan
Écrit par Didier Pujol
Publié le 25 mai 2025, mis à jour le 26 mai 2025

Bi Gan récompensé pour son œuvre poétique

Le réalisateur chinois Bi Gan a marqué de son empreinte le 78e Festival de Cannes. Son dernier long-métrage, Résurrection (Kuang Ye Shi Dai), a reçu le Prix spécial du Jury, remis par Juliette Binoche, présidente du jury, qui a salué "un film exceptionnel, un rêve éveillé plein de poésie".

Projeté pour la première fois le 22 mai, ce film de 2h40 mêle esthétique du cinéma muet, science-fiction post-apocalyptique et narration sensorielle. Bi Gan y raconte l’histoire d’une femme qui réanime un androïde en lui transmettant la mémoire d’une Chine disparue. Un hommage vibrant au pouvoir du cinéma à travers le temps.

"Il devrait y avoir un film sur le cinéma qui puisse réconforter les gens dans ce monde plein de changements", a déclaré Bi lors de son discours. À 35 ans, le réalisateur confirme son statut de figure majeure du cinéma d’art chinois. Pour Peter Bradshaw (The Guardian), Résurrection est "audacieuse et ambitieuse, visuellement étonnante, trippy et effrayante", tandis que le critique français Gérard Marion parle d’un "univers très particulier".

Une sélection éclectique et audacieuse

Outre Résurrection, 9 autres films chinois étaient présents cette année à Cannes dans différentes sections, témoignant de la richesse de la création cinématographique du pays. Parmi ceux-ci : 

  • Sons of the Neon Night de Juno Mak, en Séances de Minuit, a offert une plongée dans les bas-fonds de Hong Kong à travers une mise en scène stylisée et une bande originale envoûtante.
  • En Un Certain Regard, The Falling Sky (Chute du ciel) de Liu Jian a impressionné par son style d’animation audacieux et son regard critique sur les fractures sociales en Chine urbaine.
  • A Time of Prosperity de Feng Xiaogang a été présenté en Hors Compétition, explorant les illusions du progrès économique à travers une fresque sociale émouvante.
  • Enfin, Les Oiseaux Migrateurs de Wang Xiaoshuai a figuré dans la section Cannes Classics, hommage aux grands noms du cinéma chinois.

Une reconnaissance croissante

La sélection de plusieurs œuvres chinoises dans des sections prestigieuses reflète la place grandissante de la Chine sur la scène cinématographique mondiale. Si le cinéma chinois s’est longtemps illustré par des fresques historiques ou des œuvres contemplatives, une nouvelle génération de réalisateurs – à l’instar de Bi Gan, Liu Jian ou Juno Mak – s’empare aujourd’hui de nouveaux genres, entre thriller urbain, animation sociale et poésie expérimentale.

Cette reconnaissance cannoise consacre une année forte pour le 7e art chinois, capable de se réinventer tout en restant fidèle à son identité culturelle. Avec Résurrection, Bi Gan offre une méditation universelle sur la mémoire, le rêve et le rôle du cinéma, qui résonne bien au-delà des frontières.

Didier Pujol
Publié le 25 mai 2025, mis à jour le 26 mai 2025
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