Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

EDOUARD COURTIAL – Le Secrétaire d’Etat des Français de l’étranger en tournée en Asie

Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 26 octobre 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Après un déplacement au Japon et en Corée du Sud pour lequel le Secrétaire d'Etat chargé des Français de l'étranger accompagnait  le Premier Ministre François Fillon, Edouard Courtial était en visite officielle à Shanghai ce lundi 24 octobre, avant de poursuivre sa tournée à Wuhan, Manille et Singapour. Au cours de son entretien avec lepetitjournal.com, Edouard Courtial a évoqué sa récente nomination au gouvernement, la prochaine élection des députés des Français de l'étranger, ses rencontres avec nos compatriotes en Asie, ainsi que ses priorités pour les prochains mois Laurence Huret

Le Secrétaire d'Etat Edouard Courtial, entouré de Thierry Huret General Manager de Polaris Asia-Pacific, Annick de Kermadec-Bentzmann Présidente de la CCIFC, Cyril Bertschy Chargé de mission UMP Shanghai et Thibaud Sarrazin-Boespflug Président de l'UFE Shanghai et Administrateur de l'UFE Monde

Lepetitjournal.com : Monsieur le Secrétaire d'Etat, le 28 septembre dernier, vous avez été nommé secrétaire d'Etat chargé des Français de l'étranger. Vous avez remplacé à ce poste David Douillet, devenu Ministre des sports, à la place de Chantal Jouanno, démissionnaire après son élection comme sénatrice de Paris. Agé de 38 ans, vous êtes maire d'Agnetz dans l'Oise. Elu à l'Assemblée nationale pour la première fois en 2002, vous étiez alors le plus jeune député de France, avant d'être réélu en 2007. Vous êtes également Délégué général aux Fédérations au sein de l'UMP. Pourquoi les Français de l'Etranger ? Etait-ce un souhait de longue date?
Edouard Courtial :
D'abord mon engagement politique le montre, j'ai toujours voulu servir mon pays, servir mes compatriotes, servir l'intérêt général. De ce fait, lorsque le Président de la République et le Premier ministre m'ont proposé d'entrer au Gouvernement pour traiter des Français de l'étranger, c'est avec enthousiasme que j'ai aussitôt accepté. D'abord, parce que c'est dans la continuité de mon implication dans la vie publique et ensuite parce que c'est pour moi l'occasion de servir mes compatriotes à une nouvelle échelle, comme je le fais dans ma circonscription électorale. J'étais député-maire : j'ai l'habitude d'être au contact des réalités. Je le montre à la faveur des déplacements que j'effectue. Au cours de ceux-ci, je rencontre systématiquement nos compatriotes pour échanger avec eux sur leurs préoccupations, les difficultés qu'ils rencontrent, les contraintes et les problèmes qui sont les leurs. Ces plus de deux millions de compatriotes sont des Français à part entière et doivent être traités comme tels ! J'ajoute que je fais partie d'une génération qui a grandi à un moment où la mondialisation s'est imposée comme une réalité incontournable, à un moment où l'expatriation est devenue un phénomène de plus en plus banal. Ainsi je connais bien nombre de nos compatriotes établis hors de France et donc leur situation. Enfin, ma nature m'incline à la découverte d'autrui et de l'étranger. 

Le Consul général de France à Shanghai Emmanuel Lenain, durant le discours d'Edouard Courtial

Nommé au gouvernement en pleine session annuelle de l'Assemblée des Français de l'Etranger (AFE), vous avez dû affronter une première polémique.  Vous étiez  en effet cosignataire à l'Assemblée Nationale d'une proposition de loi déposée le 11 mai 2011, qui visait à introduire la déchéance de la nationalité française pour un citoyen résidant hors Union Européenne, ne payant pas d'impôt en France, s'il dispose de la double nationalité du pays dans lequel il réside. Pouvez-vous nous éclairer sur ce sujet.
Je crois que je me suis expliqué de la façon la plus honnête et la plus claire sur ce point : on ne pouvait pas le faire davantage. Je l'ai dit publiquement, je l'ai dit devant l'Assemblée des Français de l'Etranger : « Le Secrétaire d'Etat que je suis regrette que le député que j'étais ait signé une telle proposition de loi ». Il y a six mois, j'avais voulu, avec des collègues parlementaires, non pas fustiger les Français de l'étranger, mais me pencher sur le cas spécifique de ceux dont la double-nationalité n'est pas le fruit de leur histoire, mais d'une stratégie pour échapper à l'impôt. Quand j'ai cosigné cette proposition de loi, mon intention était d'ouvrir un débat, fût-ce au prix d'une position exagérée. Aujourd'hui, j'ai mis mes actes en parfaite conformité avec ce que j'ai annoncé : je me suis désolidarisé de cette proposition de loi, qui, en tout état de cause, n'a plus aucune actualité, puisque le Président de la République lui-même, a clos la controverse sur la double nationalité. Aujourd'hui cette affaire est derrière moi. Les Français que je rencontre à l'étranger vivent parfaitement bien cette pluri-nationalité et il n'est pas question de revenir sur cette liberté qui consiste, en fonction des histoires familiales et des déplacements favorisés dans un monde globalisé, à avoir plusieurs nationalités.

Edouard Courtial et Gilbert Mennetret, General manager du Mercure Hongqiao et vice-président de l'UFE Shanghai

En 2012, près d'un million et demi de Français vivant à l'étranger voteront pour la présidentielle et, pour la première fois, pour l'élection de 11 députés représentant les Français établis hors de France, suite à la réforme de la constitution française du 23 juillet 2008. Jusqu'à présent, les Français de l'étranger n'étaient représentés qu'au Sénat, avec 12 sénateurs élus par les conseillers à l'AFE. Quelle sera votre implication dans cette élection inédite? Quel mode de travail envisagez-vous avec les sénateurs, les élus à l'AFE et ces futurs députés ?
Membre du gouvernement, chargé des Français de l'étranger, je m'efforce de trouver toutes les solutions possibles pour répondre à leurs préoccupations, qu'il s'agisse de sécurité, de protection sociale, de scolarité ou de simplification administrative. Il est bien évident que mon champ d'activité ne s'arrête pas là. Nous devons veiller au bon déroulement des élections à venir, pour que cela se passe dans un esprit républicain, aussi bien à l'étranger qu'en France et que le fait d'être expatrié ne soit pas un obstacle à l'expression du suffrage universel. Comme le ministre de l'Intérieur le fait en France, je suis chargé par le Président de la République, par le Premier Ministre, par le Ministre d'Etat, Ministre des Affaires Etrangères et européennes de veiller à la bonne organisation de ces élections. Je le fais donc avec toute une équipe : l'administration centrale, les ambassadeurs, les chefs de postes consulaires?
Je travaillerai avec les parlementaires comme tout membre du Gouvernement a l'habitude de le faire : dans un esprit de dialogue et de coopération. Les députés élus par les Français de l'étranger complèteront l'action des 12 sénateurs qui siègent au Sénat ainsi que celle de l'Assemblée des Français de l'étranger. Je voudrais signaler que c'est le Général de Gaulle qui a fait inscrire dans la Constitution, en 1958, le principe de la représentation des Français de l'étranger au Sénat. 50 ans après, en 2008, c'est Nicolas Sarkozy qui a introduit le principe de cette représentation à l'Assemblée nationale. En parfaite cohérence avec cette avancée institutionnelle, il y a maintenant un membre du gouvernement chargé des Français de l'étranger : nos compatriotes établis hors de France ont la représentation qui résulte de leur importance dans la Nation.

Edouard Courtial et Antonio Duarte Président de Dpark

Depuis votre récente nomination, vous vous êtes déjà rendu à Maurice pour participer à la Commission de l'Océan Indien, en République Dominicaine et en Haïti, à Oslo et à Berlin pour rencontrer la communauté française. Vous étiez ce 24 octobre en visite officielle à Shanghai, en provenance du Japon et de la Corée du Sud. Quels sujets avez-vous abordés? Quel est votre programme de rencontres avec la communauté française en Asie?
Ma tournée en Asie a commencé par un déplacement au Japon et en Corée du Sud pour lequel j'accompagnais le Premier ministre. J'ai souhaité poursuivre cette tournée ensuite à Shanghai, à Wuhan, à Manille et à Singapour, où, comme je vous l'ai dit, je rencontre les Français, là où ils habitent, là où ils travaillent, là où ils sont le visage de la France.
La Chine est un pays dans lequel notre communauté augmente très rapidement et dans des proportions extrêmement fortes. Ce n'est pas étonnant, puisque c'est un foyer de l'économie mondiale en plein essor. La France doit être présente en Chine. Je voudrais à cet égard rappeler à tous ceux qui préconisent la démondialisation qu'ils seraient bien inspirés d'aller sur place voir ce que la mondialisation apporte aussi à la France, à ses entreprises et aux Français. A Shanghai, j'ai rencontré la communauté française et visité le lycée français. Je me suis ensuite rendu à Wuhan, foyer industriel où Peugeot S.A., en liaison avec une entreprise chinoise, a implanté des usines de montage de véhicules, destinés au marché intérieur chinois. J'ai rencontré nos compatriotes installés sur place. Ils m'ont expliqué comment leur expatriation s'était faite, quelles difficultés ils ont rencontrées, pour que cette opération nourrisse notre expérience pour d'autres implantations en Chine ou ailleurs. Je leur ai indiqué que nous avions entamé la négociation d'une convention bilatérale de sécurité sociale, et qu'en Chine, comme dans d'autres pays d'Asie, nous recherchions  activement à augmenter notre capacité d'accueil dans les établissements d'enseignement français qui ressentent évidemment la pression liée à l'augmentation du nombre d'expatriés et recueillent les bénéfices de l'excellence de leur niveau d'enseignement.

Edouard Courtial avec Thierry Huret et Franck Bleunven, Président de Shanghai B&G Investment Consulting Group

Et pour terminer, de façon plus générale, le poste de Secrétaire d'Etat dédié aux Français de l'étranger vous permet de prendre en compte leurs demandes spécifiques, là où les différents ministères n'apportent que des réponses génériques ou inadaptées aux Français de l'étranger. Comment travaillez-vous ? Quelles sont vos priorités pour les prochains mois?
J'ai dit d'emblée que, sous l'autorité d'Alain Juppé, mon action se situerait dans un cadre interministériel, car les questions qui intéressent les Français de l'étranger relèvent de domaines très différents. Au sein de ce cadre interministériel, je servirai de point d'entrée, de guichet unique, pour nos compatriotes concernés. Pour ce faire, je m'appuierai aussi bien sur les structures centrales que sur le réseau des postes consulaires ?  je voudrais à cette occasion rendre hommage au travail quotidien et inlassable de leurs personnels. Je vous signale d'ailleurs que ce réseau consulaire français est l'un des plus denses du monde et celui qui fournit la gamme de services la plus étendue.
Je pense qu'il faut développer une politique spécifique pour les Français de l'étranger,  justifiée par leur nombre, justifiée également par leurs besoins spécifiques, justifiée enfin par leur dynamisme, leur esprit d'entreprise, leur courage. Les expatriés travaillent à l'étranger non pas seulement pour eux, non pas seulement pour leurs entreprises mais également pour la France toute entière. Dans les universités, les centres de recherche, les grands groupes internationaux, partout où ils sont, ces Français participent au rayonnement et à l'influence de la France. Cela justifie pleinement, et je reviens à votre première question, qu'il existe au sein de l'Etat des structures (l'Assemblée des Français de l'étranger, le Sénat, l'Assemblée nationale, au sein du gouvernement) qui les soutiennent.
Mes priorités sont à la fois simples et ambitieuses : rechercher tous les moyens pour faciliter et simplifier la vie des Français à l'étranger aussi bien dans leurs relations avec l'administration consulaire que dans leurs relations avec les autorités de leur pays de résidence.

Laurence HURET (www.lepetitjournal.com/shanghai.html) mercredi 26 octobre 2011

Lire notre article du 17 octobre 2011: - MICHEL MERCIER ? Le Garde des Sceaux Français en visite officielle à Shanghai

Lire notre article du 12 septembre 2011: ALAIN JUPPE - Le Ministre des Affaires Etrangères en visite en Asie et Océanie

Le Petit Journal Shanghai
Publié le 26 octobre 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

Flash infos