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ESCAPADE A SHAOLIN - Temple, berceau du Kung Fu et montagne Song

Écrit par Le Petit Journal Shanghai
Publié le 20 janvier 2025

Par Carole Colomb

Entre Zhengzhou, capitale du Henan, province juste au Nord de Shanghai, et Luoyang -la ville de la pivoine-, se situe la ville de Dengfeng. Si celle-ci n'a aucun intérêt, elle est le point de départ des nombreuses randonnées permettant le grimper le SongShan, un des cinq monts sacrés de la Chine ancienne, mais surtout d'effectuer un véritable pèlerinage à Shaolin, "La Mecque" du Kung Fu, ses milliers d'élèves et adeptes.


Shaolin, une longue histoire On dit que le monastère de Shaolin a été fondé au Vème siècle par Ba Tuo, un moine indien de l'école bouddhiste du chan (zen), féru d'arts martiaux. Il mit au point toute une série d'exercices physiques que les moines devaient accomplir avant ou après leurs longues méditations en position assise. Telle est l'origine de la pratique des arts martiaux chinois (wushu) dans ce monastère, qui se fondent donc sur le sentiment religieux et le mode de vie contrairement au karaté, taekwondo japonais ou au kickboxing thaïlandais. En Occident, on appelle ces arts martiaux kung fu, mais en réalité, leur nom chinois est gonfu, qui signifie « habilité » ou « maîtrise » qui peut s'appliquer à n'importe quel domaine. Le Gonfu, chemin ardu semé d'obstacles insiste sur la profondeur et regroupe plusieurs disciplines, certaines dites douces ou internes, les autres sont dures ou externes.

 Le Gonfu interne (neijia)  correspond à une quête taoïste ; son objectif est de passer en un instant d'un état vide à un état plein afin que l'attaquant puisse être repoussé. Il s'appuie sur le pouvoir interne (le qi) utilisant esquive et souplesse.

  • Taiji quan ou tai qi ou taichichuan (boxe suprême) : mouvements lents et gracieux comme en apesanteur
  • Bagua zhang (paume des huit trigrammes) : frappes de la paume et non du poing, mouvements circulaires lors des déplacements et des frappes qui en font des adversaires insaisissables et redoutables
  • Zui quan (la boxe de l'homme ivre) : le pratiquant doit bouger comme s'il était ivre ce qui permet de tromper l'adversaire et de le prendre par surprise, ce style requiert une grande souplesse
  • Xingyi quan (poing de la forme et de l'esprit) : frappe et blocage linéaire

 Le Gongfu externe (waijia)  est issu du bouddhisme, il regroupe des techniques recherchant à dominer par la force et la puissance physique. L'élève travaille beaucoup sur le développement de ses muscles et de ses membres.

  • Baimei quan (boxe des sourcils blancs) caractérisé par des coups rapides
  • Laohu quan (boxe du tigre)

Le kung fu emploie de nombreuses armes : épée, bâton, fouet et même parfois des objets de la vie quotidienne.

Shaolin, rêve de nombreux jeunes On dit qu'il existe aujourd'hui plus de 300 types d'arts martiaux en Chine. Les styles du Sud sont différents de ceux du Nord, chaque école a développé son propre genre, mais Shaolin reste la référence en la matière. On y trouve beaucoup d'écoles qui accueillent des enfants venant de tout le pays ; ils alternent les cours classiques et des heures et des heures d'entraînement, basés sur la répétition à l'infini des mouvements, des enchaînements et des assouplissements. Dès leur plus jeune âge, les élèves pensionnaires sont formés sur les différents styles d'art, et sur les positions de base comme celle du cheval (mabu), essentielle pour s'enraciner dans le sol et garder une position stable au combat. Essayez, et vous ne tiendrez pas cinq secondes... !

Une initiation ? Débutez d'abord par la visite du monastère. Plusieurs sites à voir sur ce vaste espace encore en construction, encore peu organisé et qui draine déjà une foule énorme de visiteurs. Visitez le temple, ne manquez pas le pavillon Pilu, son sol est creusé par les traces des moines soldats ayant accumulé des heures d'entraînement. Dans la salle Chuipu, on peut voir des personnages en céramique adoptant les différentes positions de gongfu ainsi que des figures de la boxe Shaolin. Après le temple, une petite forêt de stupas s'étend sur les flancs de la colline. Chaque édifice célèbre la mémoire d'un moine. Les sportifs pourront ensuite gravir la montagne jusqu'au pic Wuru, la vue y est belle et on se sent à la campagne.

Reprenez le chemin principal vers la sortie pour ne pas manquer l'école, de nombreuses représentations y sont données deux à trois fois par jour, à l'intérieur mais aussi à l'extérieur sur la grande esplanade vers la sortie. Ces jeunes garçons à l'air sérieux et concentré sont à chaque fois impressionnants de précision et de maîtrise. Essayez de vous faufiler dans les couloirs ou allées par derrière pour aller discuter avec eux à l' abri du regard de leur maître, ils seront ravis, certains parmi les plus grands parlent quelques mots d'anglais.

A quelques kilomètres du monastère est organisé chaque soir à 20h un grand spectacle en extérieur (couvrez-vous) durant 1h15, le Shaolin Zen Music Ritual. C'est certes très touristique et un peu onéreux mais incroyable par le jeu des lumières sur une scène naturelle immense et par le nombre de participants ahurissant. Et si ensuite, vous avez envie de tester le kung fu par vous-même, alors les nombreuses écoles de Dengfeng sont ouvertes aux étrangers : vous pouvez y passer deux heures comme deux semaines ou deux mois. Mais attention, avant de parvenir à la moitié de ce qu'ils sont capable de faire, il vous faudra au moins deux ans, voire plus ! Il faudra vous armer de patience car on doit répéter les mêmes mouvements des centaines de fois avant de les mémoriser et de les aligner parfaitement, après avoir fait des centaines d'abdos, d'étirements, de sauts, d'exercices de musculation et d'assouplissement des articulations. Par contre, se retrouver au milieu de ces centaines de petits bonhommes habillés tous de la même façon avec leurs Feiyue blanches au pied, leur crâne rasé et leur moue sérieuse est un moment incroyable !

Quelques sites à ne pas manquer dans la région 

Le Temple Zongyue Miao (temple du pic du centre) : on dit que c'est le premier sanctuaire taoïste de Chine, datant du 2ème siècle avant J.-C.

Poussez jusqu'aux incroyables grottes de Longmen le long de la rivière Yi, elles regroupent une formidable collection de statues sculptées entre 386 et 534, dans la roche dans des multitudes de grottes de toutes tailles.

Si vous prévoyez un périple en avril, alors évidemment allez admirer les parcs de pivoines de Luoyang. Sur le retour, à Zhengzhou, faîtes un crochet au musée la province du Henan, le troisième musée de Chine. Il présente fort bien une superbe collection de vestiges de tous les temps de la Chine ancienne. Les rives du Fleuve Jaune, qui passe à une cinquantaine de kilomètres au Nord ne sont pas encore très bien aménagées, mais un site est en cours d'installation. L'endroit n'est pas très attractif, mais les enfants apprécieront une virée en hovercraft sur le fleuve.

Une escapade originale, manquant parfois d'authenticité, mais de laquelle vous rapporterez sans doute des moments et des images inoubliables.

Carole Colomb - Kung Fu Master en formation lepetitjournal.com/shanghai Vendredi 22 mai 2015

Le Petit Journal Shanghai
Publié le 21 mai 2015, mis à jour le 20 janvier 2025

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