Ville mythique, Shanghai fascine depuis plus d’un siècle cinéastes du monde entier. De l’effervescence des années 1930 aux métropoles futuristes, des drames intimes aux fresques historiques, la cité se révèle à travers des regards multiples. Sélection de dix films emblématiques où Shanghai joue plus qu’un décor : un véritable rôle de personnage.


De la mère courage des années 1930 au James Bond contemporain, en passant par les amours contrariées et les intrigues d’espionnage, ces dix films offrent une mosaïque de regards sur Shanghai. Plus qu’un décor, la ville est un protagoniste à part entière, tour à tour lumineuse, tragique, sensuelle ou mystérieuse.
Empire of the Sun (1987) – Spielberg à Shanghai
Adapté du roman semi-autobiographique de J. G. Ballard, ce film raconte le destin de Jim, un jeune garçon britannique séparé de ses parents lors de l’invasion japonaise. Interné dans un camp près de Shanghai, il doit apprendre à survivre dans un monde en guerre. Steven Spielberg met en valeur les contrastes entre l’opulence des concessions occidentales et la dureté de l’occupation japonaise. Shanghai y apparaît comme une ville déchirée, mais aussi comme un lieu fondateur pour le passage à l’âge adulte du héros.
Shanghai Triad (1995) – Les triades au cœur de la ville
Réalisé par Zhang Yimou et porté par Gong Li, le film suit un adolescent engagé comme domestique auprès d’un chef de gang. À travers ses yeux, on découvre les rivalités de pouvoir, les passions et la violence qui animent les triades shanghaïennes dans les années 1930. Les cabarets, les rues illuminées et les quartiers sombres composent un Shanghai à la fois séduisant et dangereux, théâtre d’intrigues où se mêlent glamour et brutalité.

Flowers of Shanghai (1998) – L’élégance des maisons de courtisanes
Hou Hsiao-hsien signe ici un chef-d’œuvre visuel et contemplatif. Le film se déroule dans les maisons de plaisir huppées de la fin du XIXe siècle, où les courtisanes entretiennent des relations complexes avec leurs riches clients. Filmé presque entièrement à la lueur des lampes à huile, il recrée l’atmosphère raffinée, mais oppressante, d’un Shanghai ancien, où l’amour et l’argent s’entrelacent dans des jeux subtils de dépendance.
Suzhou River (2000) – Une romance urbaine et moderne
Lou Ye revisite le mythe de Vertigo d’Hitchcock dans un Shanghai en pleine transformation. Le récit suit un jeune homme obsédé par une femme disparue, qui semble réapparaître sous une autre identité. Entre amour fou, illusions et désenchantement, le film capte l’énergie brute d’une ville en mutation rapide. Les rives de la Suzhou Creek deviennent un symbole de la frontière floue entre passé et présent, réalité et fantasme.
Lust, Caution (2007) – Espionnage et passion
Réalisé par Ang Lee, le film est tiré d’une nouvelle d’Eileen Chang. Dans le Shanghai occupé par les Japonais, une jeune étudiante se voit confier une mission : séduire et assassiner un haut responsable collaborant avec l’ennemi. Mais le jeu de la séduction se transforme en passion dangereuse. Entre atmosphère feutrée et tension dramatique, Shanghai y est dépeinte comme un lieu de secrets, de soupçons et de trahisons, où l’intime se mêle au politique.

The White Countess (2005) – Shanghai, refuge des exilés
James Ivory met en scène Natasha Richardson dans le rôle d’une comtesse russe ruinée, réfugiée à Shanghai avec sa famille. Pour survivre, elle devient danseuse dans un cabaret, où elle croise un diplomate britannique désillusionné (Ralph Fiennes). Le film dresse le portrait d’une ville cosmopolite et refuge, qui attire à la veille de la guerre des exilés venus de toute l’Eurasie. Les cabarets scintillants contrastent avec la menace d’un avenir incertain.
The Goddess (1934) – Le Shanghai des laissés-pour-compte
Chef-d’œuvre du cinéma muet chinois, réalisé par Wu Yonggang, The Goddess suit le destin bouleversant d’une mère célibataire obligée de se prostituer pour subvenir aux besoins de son fils. La ville, filmée dans sa dureté sociale, devient le reflet des inégalités de l’époque. Interprété par Ruan Lingyu, star tragique du cinéma chinois, ce film reste un jalon essentiel dans la représentation réaliste et humaniste de Shanghai.
Skyfall (2012) – James Bond face au Shanghai futuriste
Dans ce volet de la saga 007 réalisé par Sam Mendes, Daniel Craig affronte un tueur dans une scène mémorable située dans une tour de verre de Pudong, illuminée par des néons bleutés. Shanghai devient le décor spectaculaire d’une course-poursuite stylisée, incarnation du dynamisme et de la modernité chinoise. Si la ville n’est pas au centre de l’intrigue, son skyline hypnotique reste l’un des moments visuels marquants du film.

B for Busy (2021) – Shanghai au présent
Succès en Chine, ce film de Shao Yihui adopte un ton intimiste et chaleureux. Il raconte l’histoire d’un peintre vieillissant, entouré de ses amies, qui explore les relations humaines dans le Shanghai contemporain. L’originalité du film réside dans l’usage du dialecte shanghaïen, rarement entendu à l’écran, qui ancre l’histoire dans la culture locale et offre un portrait sincère de la vie quotidienne dans la mégalopole.
The Longest Night in Shanghai (2007) – Une nuit, deux destins
Ce film sino-japonais de Zhang Yibai met en scène l’improbable rencontre entre un coiffeur japonais et une conductrice de taxi shanghaïenne. Au fil d’une nuit errante dans la ville, les deux personnages partagent confidences et émotions malgré la barrière de la langue. Shanghai y est présentée comme une métropole vibrante, mais aussi comme un lieu propice aux rencontres intimes et aux échanges inattendus.
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