Édition internationale

Arnaud Landrin, l’homme qui a conquis Séoul avec ses crêpes

Arnaud LandrinArnaud Landrin
Écrit par Louise
Publié le 22 novembre 2020

Il y a sept ans, Arnaud Landrin arrivait en Corée du Sud. Son rêve ? Ouvrir une crêperie à Séoul. Aujourd'hui, à la tête d'un bar à crêpes dans un quartier tendance de la capitale, le jeune Breton revient sur son parcours.
 

Arnaud Laudrin en aura parcouru du chemin en dix ans. Le homme jeune originaire de Guénin, un petit village du Morbihan, a toujours voulu ouvrir une crêperie en Asie. Aujourd'hui gérant d'un bar à crêpes, le jeune Français a réalisé son rêve. Pourtant rien ne le prédestinait à la restauration. En 2008 il décroche son BTS en négociation et relations clients. Ce métier ne lui convenant pas, il s'envole pour la Nouvelle-Zélande. Il y reste trois ans, bien plus que les neuf mois initialement prévus. C'est là il rencontre sa future épouse, Yeon-Jung, une jeune Coréenne, qu'il suit dans son pays natal en 2011.

 

Des débuts compliqués

Arnaud Laudrin prend des cours de coréen mais il peine à trouver du travail. Un an après son arrivée en Corée du Sud, il décide alors de monter sa petite affaire à Hwajeong-dong où il réside. La tâche s'avère plus compliquée que prévu. Dans ce quartier de Gimpo, les commerces sont exclusivement réservés aux Coréens et la législation de l'époque imposait aux étrangers d'investir au moins 80.000 € pour monter une société dans le pays. Pour contourner ces obstacles, le jeune Breton met l'affaire au nom de sa femme, coréenne. Dans sa Pojangmacha, une échoppe typiquement coréenne vendant de la nourriture dans la rue, il enchaine la vente de crêpes sucrées. Sept jours sur sept, douze heures par jour, pendant un an. "En un an, on a pris sept jours de congés", se souvient le Français de vingt-neuf ans.

 

Emission de télé et notoriété

Mais la chance lui sourit. Trois mois après s'être lancé, il est sollicité pour participer à une émission sur KBS, la première chaîne coréenne en termes d'audience. Le programme en question? "Mon voisin Charles", une émission qui donne la parole à des étrangers aux habitudes de vie étonnantes. Après ça, tout s'enchaîne rapidement: Parties pour trois émissions, les équipes en tourneront cinq. Devenu coqueluche de l'émission, Arnaud se fait régulièrement invité sur le plateau de "Mon voisin Charles" et s'essaie même au mannequinat. La fréquentation de son échoppe explose suite à la diffusion du programme sur KBS. Mais cette mini-célébrité fatigue rapidement le jeune Breton. "Ca a été une aventure extraordinaire et un tremplin non négligeable, mais au bout d'un moment j'en ai eu assez. Toute cette attention, cette notoriété, ce n'était pas moi", confie Arnaud, qui sourit en repensant à cette période de sa vie.

 

 

Une clientèle "difficile à fidéliser"

Grâce à l'émission et à son travail acharné, il ouvre sa crêperie en février 2016 dans le quartier jeune d'Hapjeong. Son nom ? "Yec'hed-mat ", "à la tienne" en breton. Les clients sont au rendez-vous mais les habitudes et goûts culinaires des locaux surprennent le jeune restaurateur: "Ici les gens sont des adeptes du concept "entrée plat dessert tout en un", comme la fraise servie sur les pâtes carbo au resto. J'avais un client régulier qui demandait systématiquement un supplément glace sur sa crêpe au thon", se souvient Arnaud Landrin, qui ajoute: "Pour ouvrir un restaurant de plats traditionnels en Corée, il faut être droit dans ses baskets. Les Coréens sont une clientèle difficile à fidéliser. Ils aiment l'idée d'aller dans un restaurant français, mais pour ce qui est de la cuisine, c'est différent".

 

"Le rendez-vous français de Séoul"

Six mois après l'ouverture de "Yec'hed-mat", Arnaud Landrin décide de changer de cible: il délaisse les crêpes sucrées, trop peu rentables, pour privilégier une clientèle tournée vers le vin. Pour qualifier son établissement, il n'emploie plus le terme "crêperie" mais parle de "bar à crêpes". Et la mayonnaise prend, notamment auprès des Français, qui représentent maintenant la majorité de ses clients. "On est devenu le rendez-vous français de Séoul. Les expats' se retrouvent ici entre eux quand ils ont le mal du pays", explique le Guéninois.

Il faut dire qu'Arnaud a soigné la décoration de son restaurant. Difficile de se croire à Séoul une fois passée la porte du bar à crêpes. De la vaisselle à l'horloge, tout est importé de son village natal "C'est une reconstitution du patrimoine familial", raconte le jeune homme, en montrant la photo de mariage de ses arrière-grands-parents. Avec un voyage en France par an, cette sorte de musée de la Bretagne, permet également à Arnaud de ne "jamais avoir le cafard".

 


Diversifier ses activités

Arnaud Landrin s'est pas arrêté en si bon chemin.. En octobre 2016, il ouvre avec son partenaire Thomas Kim Desruets, "A la tienne", un bar à champagne. Situé dans le quartier branché d'Itaewon, "c'est le seul bar de Corée producteur de champagne, c'est à dire qu'on vend des bouteilles de la maison Desruets" souligne Arnaud.

Plus récemment, le jeune homme s'est lancé dans une nouvelle aventure: transformer les terres de sa grand-mère et en cidrerie. Le cidre, qui se vendra exclusivement en Corée, sera disponible en juin. En attendant, le restaurateur vient de rallonger la carte des vins de "Yec'hed-mat". Le bar à crêpes propose dorénavant plus cent-trente bouteilles, contre quatre-vingt jusqu'à présent.

 

L'aventure coréenne semble donc loin d'être finie pour le jeune Breton.

 

 

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