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Manifeste : le Brésil « comme une chambre à gaz à ciel ouvert »

Bolsonaro Brésil Covid-19Bolsonaro Brésil Covid-19
Écrit par Guillaume Thieriot
Publié le 8 mars 2021, mis à jour le 8 mars 2021

Dans une “lettre ouverte à l’humanité“ de nombreuses personnalités en appellent aux Nations Unies et à la Cour pénale internationale pour stopper la politique jugée génocidaire du président Bolsonaro.

Le ton est volontairement dramatique, pour frapper les esprits. "Le Brésil est comme une chambre à gaz à ciel ouvert. Il faut que des groupes, des institutions et des entités se manifestent pour la vie, contre un génocide qui frappe notre peuple." Paroles du père Júlio Lancellotti, coordinateur de la pastorale du Povo de Rua (peuple de la rue), l’un des signataires de ce manifeste avec de nombreuses autres personnalités, parmi lesquelles les chanteurs Chico Buarque, Paulinho da Viola, ou le théologien Leonardo Boff.

Le manifeste est intitulé  « La vie au-dessus de tout », pied de nez (des nombreux religieux signataires notamment) au slogan de campagne de Bolsonaro : « Dieu au-dessus de tout. »

Il a été publié ce samedi 6 mars 2021, alors que le Brésil enchaînait les journées à 75.000 contaminations et totalisait plus de 10.000 morts en 7 jours - nouveaux records depuis le début de la pandémie. Pendant ce temps-là, le président Bolsonaro restait fidèle à son registre négationniste, déclarant le 5 mars dernier : "Nous devons affronter nos problèmes, ça suffit avec les jérémiades et les chichis. Vous allez continuer à pleurer jusqu’à quand?“

Ferme à variants

Selon de nombreux épidémiologues, l’absence de politique sanitaire au niveau fédéral a permis au virus de circuler trop librement, ce qui explique la facilité avec laquelle le virus peut muter, faisant craindre que le pays tout entier ne devienne à terme une grande “ferme à variants“.

D’où l’appel à des organisations internationales comme les Nations Unies ou la CPI. Car si le Brésil affronte seul (et dans une certaine indifférence générale) son propre chaos sanitaire, se débattant avec ses contradictions internes, ce qui se passe sur son territoire pourrait encore, tel le nuage radioactif bien connu, déborder de ses frontières.

Ci-dessous le texte intégral en français de cette lettre ouverte, à retrouver ici en portugais.

 

LETTRE OUVERTE À L'HUMANITÉ

"Nous vivons des temps sombres, où les pires ont perdu leur peur et les meilleurs ont perdu leur espoir." Hannah Arendt

Le Brésil crie au secours.

Les Brésiliennes et les Brésiliens attachés à la vie sont pris en otage par le génocidaire Jair Bolsonaro, qui occupe la présidence du Brésil avec un gang de fanatiques animés par l'irrationalité fasciste.

Cet homme sans humanité nie la science, la vie, la protection de l'environnement et la compassion. La haine de l'autre est sa raison dans l’exercice du pouvoir.

Le Brésil souffre aujourd'hui de l'effondrement intentionnel du système de santé. Les négligences en matière de vaccination et de mesures préventives de base, l’encouragement des agglomérations et la rupture du confinement, combinés à l'absence totale de politique sanitaire, créent un environnement idéal pour de nouvelles mutations du virus et mettent en danger les pays voisins et l'humanité tout entière. Nous assistons avec horreur à l'extermination systématique de notre population, en particulier des pauvres, des quilombolas (descendants des esclaves qui vivaient dans des quilombos, et des indigènes.

Le monstrueux gouvernement génocidaire de Bolsonaro n'est plus seulement une menace pour le Brésil, mais une menace globale.

Nous en appelons aux organismes nationaux - STF (Tribunal Supérieur Fédéral), OAB (Ordre des Avocats du Brésil), Congrès national, CNBB (Conférence Nationale des Evêques du Brésil) - et aux Nations unies. Nous demandons à la Cour pénale internationale (CPI) de condamner d'urgence la politique génocidaire de ce gouvernement qui menace la civilisation.

La vie avant tout ».

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