Christian Rodriguez, candidat NUPES aux élections législatives pour la 2e circonscription des Français établis hors de France, a accepté de répondre à nos questions :
Christian Rodriguez, pouvez-vous vous présenter en quelques mots?
Entrer en politique, souvent, ce n'est pas un choix. Cela s'impose à vous. Mon chemin a commencé au Chili où je suis né, et dans lequel j'ai grandi à l’époque du Gouvernement Allende. Avec le coup d’État de 1973, mon engagement politique m’a obligé assez vite à m'éloigner de ma famille. J'ai même été mis en prison pour avoir défendu les valeurs démocratiques et de justice sociale contre le régime de Pinochet. Victime de la dictature de l’extrême droite, j’ai dû quitter mon pays natal à 17 ans pour la France, mon pays d'adoption.
En exil depuis, j'ai beaucoup voyagé, habité plusieurs pays d´Amérique latine, et j’ai pu constater à quel point, partout, les êtres humains étaient semblables par leur désir d’amour, de fraternité et par leur commune indignation face aux injustices sociales et écologiques.
C’est pourquoi j’ai naturellement consacré ma vie professionnelle à l’aide aux plus démunis, à la formation d’éducateurs et de travailleurs sociaux. Formé en anthropologie, j’ai aussi participé à la réouverture des départements de sciences sociales au Chili qui avaient été interdits sous la dictature.
L’Amérique Latine, où je suis né, ne m’a jamais quitté. Une fois devenu responsable des relations internationales de la France Insoumise, j’ai œuvré à créer des ponts entre ceux qui se battent contre les injustices, la pauvreté, l’exclusion, en France et partout ailleurs. J'ai suivi de près les luttes pour la Constituante au Chili, le retour de la gauche et les luttes pour la décriminalisation de l'avortement en Argentine, le Coup d´État au Brésil et les funestes mandats de Temer et Bolsonaro, XXXXX. Je compte réunir les initiatives progressistes des Français d´Amérique Latine au sein d'un Parlement Populaire de l´Amérique Latine et des Caraïbes, qui fonctionnera en relation constante avec nos partenaires latino-américains.
Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections législatives ?
Tout d’abord, laissez-moi rappeler les enjeux de ces élections législatives en France : d’un côté, la campagne de Jean-Luc Mélenchon a suscité un enthousiasme exceptionnel qui s’est traduit par un score historique, notamment parmi la jeunesse. De l’autre côté, E. Macron a été élu par défaut pour préserver un ordre établi qui est en train de s’effriter, et qui a montré ses carences face aux urgences sociales, écologiques et démocratiques. La partie est donc loin d’être terminée : les Français ont besoin de ce troisième tour et de montrer que le projet néolibéral ne leur correspond plus. E. Macron en a conscience et il craint ces élections législatives, car il sait que ce sera la nouvelle majorité parlementaire qui déterminera la politique de la nation dans les 5 prochaines années.
L’alliance des partis de gauche autour de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale rendra donc possible le nouveau monde auquel nous aspirons : nous sommes la force qui réunit le plus de partis, et logiquement, nous sommes premiers dans tous les sondages pour les élections législatives : la politique de Macron n’est donc plus une fatalité, nous n’avons jamais été aussi près de changer de cap.
En ce qui concerne la 2e circonscription des Français de l’étranger, le choix est simple : ou bien se reporter vers une députée qui portera l’orientation et la politique de Macron et donc, passer l’âge de la retraite à 65 ans et poursuivre 5 années de plus d’inaction écologique, de creusement des inégalités de recul des services publics et du bien-être ; ou bien me choisir, en tant qu’unique candidat de gauche, et voter pour un projet écologiste et social. Pour les Français de l'étranger, nous avons un programme ambitieux, fait de nouveaux droits et de nouvelles solidarités.
Vous pouvez télécharger le livret thématique français à l'étranger: droits nouvelles solidarités.
La candidate choisie par la majorité présidentielle en 2017 n'a absolument rien fait pour les Français de l'étranger. Les budgets consacrés sont en baisse constante alors que les besoins sont chaque année plus intense. La gestion des Français de l'étranger par la politique de Macron et de ses députés s'est soldée par un immense échec, et même un certain mépris de nos concitoyens d´Amérique Latine et des Caraïbes. Je ne pense pas que les Français de la 2e circonscription voudront renouveler cette pénible expérience. Ils veulent du changement.
Au regard du contexte et de la qualité de notre projet, je suis candidat pour gagner, et non pour témoigner. Nous allons battre la candidate de Macron et mener à bien notre projet écologique et de justice sociale avec La France Insoumise, Europe écologie les verts, le Parti Socialiste et le Parti Communiste.
Quel est votre rapport avec cette circonscription ?
J'ai toujours maintenu des liens très forts avec l’Amérique latine. En tant que responsable du pôle des affaires internationales de la France insoumise, j'ai œuvré pour la construction de relations entre notre mouvement et les partis progressistes d’Amérique latine : Le Parti des Travailleurs de Lula, Morena d’Andres Manuel Lopez Obrador mais aussi le grand mouvement de la jeunesse chilienne qui a porté au pouvoir Gabriel Boric.
J’ai ainsi construit un vaste réseau social et politique dans la plupart des pays de l’Amérique Latine et des Caraïbes, qui pourra renforcer l'action du Parlement Populaire que je souhaite inaugurer en Amérique Latine et Caraïbes.
Je pense que ma candidature se distingue des autres sur ce point précis. Elle porte un vrai projet pour les relations entre la France et l’Amérique Latine, ainsi qu'un projet ambitieux pour les Français résidents de la 2e circonscription. Je serai un député extrêmement présent dans ma circonscription, et les Français de l'étranger pourront compter sur moi pour défendre leurs droits et améliorer leur vie. Bien entendu, ce sera bien plus facile avec Jean-Luc Mélenchon premier ministre.
En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français de l'étranger ?
Au cours de mes déplacements, j’ai rencontré et tissé des liens avec la communauté française. Ils et elles ne sont pas de passage en Amérique latine. Ils et elles y ont construit leurs vies, beaucoup sont même binationaux, comme moi. J’ai constaté à quel point nos compatriotes, loin d’être les privilégiés auxquels ils voient injustement associés, avaient besoin d’une école française accessible, peu chère et de qualité pour leurs enfants ; d’une présence d’une administration réceptive et efficace pour réaliser leurs démarches de la vie courante, pour se faire vacciner contre le COVID et s’intégrer en bonnes conditions à la vie sociale et économique du pays de résidence. Je travaillerai aussi à rendre l’accès à notre système de retraite public par répartition et à que notre sécurité sociale soit une garantie de bien-être et de sécurité dans des pays de résidence où ces prestations sont souvent privées ou inexistantes. En ce sens, nous avons des projets concrets, qui répondent aux principales préoccupations de nos compatriotes d´Amérique Latine et Caraïbes.
Tout ce système qui nous permet de vivre et qui fut conquis par nos luttes, forment le service public. Ce service public fait l’honneur et la fierté de la France à l’étranger, notamment quand il permet, par le biais des Instituts Français, que la culture ne soit pas un bien de luxe réservé à quelques privilégiés.
C’est précisément à ce système que Macron et ses candidats à députés de l’étranger entendent mettre fin. Ils ont d'ailleurs déjà commencé, et les Français s'en rendent compte au quotidien. Les projets macronistes se résument à aggraver le sous-investissement chronique dans toutes les institutions qui faisaient le rayonnement de notre pays et qui assurait une bonne qualité de vie pour nous, les Français de l’étranger : lycées, instituts et Alliance françaises. Ils imposent la fermeture de la Maison de France à Rio, des prix prohibitifs d’accès aux lycées. Nos concitoyens expatriés subissent du recul de la France sur le continent, particulièrement pour l’organisation de leur vie et de leurs projets sur place. Le gouvernement de Macron et de ses députés considère que notre implantation en Amérique Latine se réduit à de simples relations commerciales et finalement, finit par perdre sur tous les plans. Au contraire, nous voulons redonner à la communauté française toute sa place dans un véritable projet de renforcement des relations entre la France et l’Amérique Latine.
Comment voyez-vous le mandat de député ?
Assumer ce mandat signifie pour moi de m’investir dans une relation permanente avec tous les expatriés de la circonscription. Pour cela, je compte construire, avec l’aide de tous les militants de la NUPES, un Parlement Populaire de l´Amérique Latine et des Caraïbes qui fonctionne comme un parlement citoyen qui sera ouvert à tous. Cette instance se réunira en assemblées par visioconférence au moins 3 fois par an et autant de fois que nécessaire. Dans son sein, je rendrai compte de mon activité et les Français.es de la circonscription y pourront débattre et présenter leurs préoccupations et leurs propositions.
J’œuvrerai aussi dans le sens d’organiser les Français et Françaises de la circonscription qui souhaitent participer aux relations des bases de la NUPES en France avec les bases des mouvements ou partis progressifs des pays de résidence pour mener un travail internationaliste. En somme, je souhaite développer une diplomatie altermondialiste par en bas, une diplomatie des peuples et de ses organisations civiles, pour contrecarrer, au moins au sens symbolique et culturel, la défaillante et néfaste diplomatie menée par en haut par E. Macron et ses acolytes. Ce rôle diplomatique entre tout à fait dans les prérogatives du député des Français de l’étranger qui participe toujours aux missions diplomatiques parlementaires.
Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français de votre circonscription ?
Le principal défi qui attend les Français d’Amérique latine et des Caraïbes est celui de pouvoir vivre dignement. Pouvoir vivre face à la hausse mondiale des prix. Pouvoir vivre ses rêves et ses projets d’installation. Mais pour pouvoir vivre bien, encore faut-il avoir les moyens. Contrairement à ce que prétendent les clichés, j’ai rencontré, au cours de mes déplacements au Brésil, par exemple, de nombreux Français dans une très grande précarité et un très grand dénuement économique. Et même pour des familles plus à l’aise, des questions délicates se posent : pourrais-je encore scolariser les enfants au lycée français alors que les frais d’inscription ne cessent d’augmenter ? Pourrais-je envoyer mes enfants faire leurs études supérieures en France, et bénéficier de la future allocation de 1063 € pour qu´ils étudient sans obligation de travailler ? Pourrais-je toucher pleinement ma retraite alors que le gouvernement Macron impose une injuste double décote et ne fait pas son travail pour signer les accords bilatéraux nécessaires ? Pourrais-je bénéficier de la protection de la sécurité sociale lorsque je voyagerai en France, alors que Macron prévoit un délai de carence qui nous retire ce droit à la santé sur le sol national ? Cette sécurité, à la fois du quotidien et de long terme, est nécessaire à tout projet de vie, elle est d’autant plus que les Français d’aujourd’hui s’installent de plus en plus longtemps.
Comment est organisée votre campagne et qui sont vos soutiens ?
Nous serons en campagne jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’aux premier et second tour qui auront respectivement lieu pour les Français de l’étranger les 4 et 18 juin, et à partir du 27 mai par internet.
La brièveté de la campagne est peut-être un problème pour nos adversaires, mais elle ne l’est pas tant pour nous. En réalité, cette campagne s’inscrit dans la continuité de l’implantation que nous tissons patiemment en Amérique Latine depuis des années. Jean-Luc Mélenchon et l’Union Populaire, ont, comme vous le savez, un attachement très fort pour le continent dans lequel nous voyons des expériences sociales qui pourront aider l’humanité à tourner cette page difficile de son histoire.
Nous avons de nombreux soutiens dans la communauté française d´Amérique Latine et caraïbes, et nous disposons de réseaux militants dont les victoires récentes ne cessent de confirmer la qualité de leur travail et de leur engagement auprès des Français de l'étranger. Ces derniers jours, je me suis déplacé à la rencontre des Français à Rio de Janeiro, Florianópolis, Sao Paulo et Brasilia. J'ai été d'ailleurs choqué par ma visite de la Maison de la France de Rio : mais par quelle folie le gouvernement Macron s'apprête-y-il à vendre un lieu qui a tant contribué au rayonnement de la France et des Français? Un lieu de culture exceptionnel qu'il nous faudra sauver, une fois au gouvernement.
Nous continuerons cette campagne au Mexique, en Argentine, au Chili et en Colombie notamment, entre autres pays. Nous comptons discuter avec tous les acteurs de la vie française sur place : le monde éducatif, le monde culturel mais aussi le monde économique. Nous avons et des idées à porter devant chacun d’entre eux, mais aussi des revendications à écouter. L’important est d’être au plus près des demandes de nos citoyens qui sont tous unanimes à défendre le maintien des services publics et de l’enseignement français à l’étranger, propositions phares de notre programme.
Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élu ?
On travaille à s’organiser autour de 2 axes qui sont liés :
Tout d’abord, être en contact permanent avec les Français de l’étranger et de leurs représentants, notamment en soutenant la création de nouvelles initiatives de représentation, tel qu’évoquée plus haut avec le Parlement Populaire de l´Amérique Latine et des Caraïbes. L’objectif principal : permettre à tous les Français de pouvoir vivre en Amérique latine et dans les Caraïbes. Nous nous orienterons sur les chantiers prioritaires : tout d’abord, l’arrêt immédiat des privatisations des lycées français et de la hausse des frais d’inscription ; le contre-exemple du lycée français de Mexico ne doit pas se reproduire. Mais aussi, le chantier des retraites et de la sécurité sociale : je porterai à l’Assemblée nationale le retour à la retraite à 60 ans, mesure qui est crédible et finançable dans le cadre du programme économique de la NUPES selon le Haut-Conseil de retraite. Au-delà d'une révision du système injuste de calcul des retraites des Français de l'étranger, nous travaillerons particulièrement à la mise en place et à l'amélioration de conventions bilatérales signées avec les différents pays de la circonscription.
C’est ici qu’arrive le 2e axe : je mobiliserai pleinement la diplomatie parlementaire pour que les intérêts des Français de l’Amérique latine soient pris en compte dans les négociations entre le gouvernement et les états de la région. Mes excellentes relations avec de nombreux gouvernements et partis politiques du continent pourront être d’une grande aide en ce sens. Aussi, je défendrai une approche écologique de la diplomatie, en soutenant, avec les gouvernements progressistes, la création d’une normalisation mondiale de l’écologie. Cette approche de diplomatie parlementaire, parallèle à celle du Chef de l’État Macron se déroulera en parallèle avec la diplomatie altermondialiste par en bas menée avec l’aide des militants NUPES et d’autres Français·es volontaires dans la circonscription.