

D’incarcéré pour scandale financier, à favori à l’élection présidentielle brésilienne 2022, Luiz Inácio Lula da Silva, dit « Lula » est un homme politique au parcours très mouvementé. Portrait de l’ancien (et futur ?) Président du Brésil.
Avec des origines modestes, un fort engagement auprès de la classe ouvrière et une excellente oration, Lula s’impose très vite comme une figure de l’opposition de gauche. Après plusieurs échecs à la Présidentielle, il dirige le pays de 2003 à 2011, privilégiant une forte politique sociale. Entaché de scandales financiers et politiques, il est condamné, emprisonné puis blanchi en 2019. Lula est désormais au second tour des élections présidentielles, face à une autre personnalité politique incontournable, l’actuel Président Jair Bolsonaro.
Lula devient très vite une personnalité politique incontournable
Né en 1945 dans une famille nombreuse et modeste du Nordeste, Lula est ouvrier métallurgiste de profession. Dans les années 60, le jeune homme, bon orateur, se syndicalise et se bat pour la classe ouvrière en pleine dictature militaire dans le pays.

Dans les années 80, l’homme se lance vraiment en politique en fondant le “Parti des Travailleurs » (« Partido dos Trabalhadores »). En 1986, Lula est élu député et rentre au Congrès. En 1989, après des années de dictature, ont lieu les premières élections démocratiques, la Présidentielle. Il se présente mais échoue. En 1994, il échoue à nouveau, avec 27% des suffrages, face à Fernando Henrique Cardoso. En 1998, il est battu pour la troisième fois, dans un contexte où le gouvernement sortant bénéficie d’une bonne situation économique. Le Parti des travailleurs est alors perçu comme trop « radical » et ne convainc pas les classes moyennes. L’année 2002 est enfin la consécration de l’homme politique : Lula est élu Président de la République du Brésil, face à José Serra. Il prend ses fonctions le 1er janvier 2003.

Avec sa politique sociale, Lula sort des millions de Brésiliens de la pauvreté
Lula da Silva tente de concilier la politique économique en place et ses promesses de campagne : des emplois, des écoles, une couverture sociale pour tous, l’amélioration du service public entre autres. Secoué par quelques mouvements sociaux mécontents, le Président annonce une reprise économique début 2004. En 2003, Lula lance la « Bolsa Familia », un programme d’allocations familiales pour lutter contre la pauvreté. En 2007, il débloque de gros budgets pour améliorer les conditions de vie des favelas des grandes villes brésiliennes. En 2010, plus de 12 millions de familles bénéficient de la Bolsa Familia ; l'allocation profite à environ 60 millions de Brésiliens, soit près du tiers de la population totale du pays.
En 2006, la figure de gauche est réélue à la tête du pays. Son action jusqu’alors est jugée positive contre la faim et la pauvreté. Sous ses deux mandats, la malnutrition a reculé de 70 % et la mortalité infantile de 47 %. Mais des voix commencent à s’élever contre les importantes dépenses publiques et la corruption. Pendant la campagne, un scandale de détournement de fonds publics pour l’achat de votes et de soutiens parlementaires est mis en lumière.

Des scandales financiers et des affaires judiciaires rattrapent Lula
À partir de 2011, Lula, - qui se bat contre une tumeur du larynx (aujourd’hui en rémission complète) - est mis en cause dans plusieurs affaires judiciaires de corruption, blanchiment d’argent et détournement de fonds publics. Le scandale le plus emblématique est celui du « Lava jato » (lavage express en français). L’ancien président est accusé d’être intervenu dans l’attribution de contrats à l’entreprise pétrolière Petrobras contre beaucoup d’argent et un luxueux appartement. L’affaire dévaste l’ensemble de la classe politique. Lula – qui clame son innocence - est condamné à la prison, au moment même où il s’était à nouveau présenté aux élections présidentielles face à Jair Bolsonaro, figure politique de droite. Plusieurs mois plus tard, la justice brésilienne, ainsi que les Nations Unies jugent que « le procès a été partial, qu’il n’a pas respecté la présomption d’innocence et que la preuve du délit n’a jamais été apportée » Lula sort de prison fin 2019, officiellement blanchi.
2022, le retour en Grâce de Lula à la tête du Brésil ?
De retour sur la scène publique, Lula monte au créneau pour tenter de destituer Bolsonaro en mai 2020. A l’international, Lula prend position, notamment dans le conflit en Ukraine. En mai 2022, il déclare que « Volodymyr Zelensky est aussi responsable de la guerre que Vladimir Poutine. Une guerre n’a jamais un seul coupable », critiquant également les décisions des Etats Unis et de l’Union Européenne : « Les Etats-Unis ont un poids politique très important et auraient pu éviter le conflit. ».

En 2022, Lula se présente aux élections présidentielles, avec un programmé axé sur la politique sociale et la protection de l’environnement. Le pays, sous la présidence autoritaire et conservatrice de Jair Bolsonaro, est mal en point et plus que jamais divisé. Le Covid a fait des ravages, l’économie va mal et la faim a fait son grand retour. Avec un score de 48,43% au premier tour le 2 octobre 2022, Lula se positionne en première place, mais surtout en « homme providentiel » et se rapproche d’autres partis plus au centre. La gauche sera-t-elle de retour au pouvoir ? Réponse au second tour, le 30 octobre 2022.
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