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“Vivez vos rêves!“: paroles d’entrepreneurs aux lycéens de Brasilia

Lycee français de BrasiliaLycee français de Brasilia
Le lycée français François Mitterrand de Brasilia
Écrit par Guillaume Thieriot
Publié le 27 avril 2021, mis à jour le 28 avril 2021

L’AEFE et l’association 100.000 entrepreneurs ont inauguré un nouveau partenariat au lycée français François Mitterrand de Brasilia. Des rencontres avec les élèves, dans les classes, pour leur insuffler « l’esprit d’entreprendre ».

On aurait pu s’attendre à un énième "salon carrières". Ce qui, en soi, n’aurait pas été sans intérêt. Mais ce matin, c’est autre chose que les entrepreneurs viennent vendre aux élèves du lycée français de Brasilia. Du rêve ? Encore mieux: la foi en leurs propres rêves.

Bienvenue au forum des métiers organisé par le lycée François Mitterrand. Sa 12ème édition déjà, mais en réalité une première : l’inauguration d’un partenariat entre l’association 100.000 entrepreneurs et l’AEFE, l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger.

“Faites-vous confiance“

La première a été créée à Paris en 2007. Son président et fondateur, Philippe Hayat, en résume l’idée originelle d’un trait: “aller dire aux jeunes qu’ils peuvent choisir leur vie.“ Une gageure, quand on sait les inquiétudes exprimées par la jeunesse et sa crainte obsédante d’une forme de “déclassement“.

Mais Philippe Hayat insiste. À rebours de ce pessimisme ambiant, son association veut justement aller à la rencontre des jeunes là où ils se trouvent, c’est-à-dire dans les établissements scolaires, pour leur dire “qu’ils ont au moins un talent, et que ce talent, ils doivent le cultiver pour porter un projet et donner du sens à leur vie.“

En clair, et en version positive du célèbre “n’ayez pas peur“ papal, le message martelé est de “se faire confiance“. Pas forcément pour créer son entreprise, mais pour au moins avoir l’“esprit d’entreprendre“. Nuance.

“Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.“

Laurent Donnat, proviseur passionné du lycée français, a une flamme qui brille à travers l’écran (nous sommes en ligne, fatalement), quand il évoque certains de ses anciens élèves qui sont allés au bout de leurs rêves, comme ces garçons devenus paysagiste et sage-femme, ou cette jeune-fille devenue pilote de chasse. Tous des exemples selon lui de cet esprit d’entreprendre, en ce qu’ils ont trouvé en eux-mêmes leur source d’inspiration, de motivation, pour “donner du sens à leur potentiel et être heureux tous les matins.“ L'aboutissement, pour un chef d'établissement.

Message individualiste ? Le proviseur, qui a déjà pratiqué les “clubs entreprises“ dans ses lycées précédents en France, s’en défend par avance avec cet adage des coureurs de trail, sport faussement individuel: “seul on va plus vite, ensemble on va plus loin.“ De fait, l’entreprise est un sport d’équipe où la confiance des uns rejaillit sur l’ensemble. Et même “sur le pays“, souligne Philippe Hayat.

Entreprendre dans la société

Dans les salles de classe en ligne, les intervenants ne disent pas autre chose. Qu’ils viennent de multinationales, de start-up ou d’entreprises familiales, ils enveloppent les élèves dans le même nuage de mots: passion, fun, collectif, volonté, envie, rêve, projet, confiance, créer.

Mais ils les mettent en garde aussi contre certaines visions un rien abusives où l’entrepreneur serait celui qui a une idée, et qui deviendrait ensuite millionnaire. Le mythe Steve Jobs est ainsi l’arbre qui cache une forêt d’entrepreneurs dans beaucoup de secteurs, et pas seulement l’entreprise. Émilie Mellerio, qui a créé sa propre start-up après avoir dirigé l’entreprise de joaillerie familiale éponyme, rappelle que c’est “un état d’esprit, plus qu’un métier“. Autrement dit, “une façon de gérer sa vie professionnelle“.

Patrick Sabatier, du groupe L’Oréal, s’emploie à faire le même départ entre “monter sa société“ et “entreprendre dans la société“. L’entrepreneur, au contraire des idées reçues, se situe dans la deuxième catégorie. Car à côté de sa propre passion pour ce qu’il fait, il y a aussi le goût du travail avec les autres, le penchant pour les logiques collaboratives, et la recherche dans toutes les négociations de solutions “win-win“.

Rencontre AEFE 100000 entrepreneurs au lycée français de Brasilia

Qui va garder les enfants?

Brice Filiatre, entrepreneur franco-brésilien, qui aurait pu rester dans son entreprise familiale, mais qui a préféré créer sa marque de lunettes “rever“ (à la fois “rêver“ en français et “revoir“ en portugais), insiste sur cette disponibilité qui caractérise sa fonction. Disponibilité “pour aider, pour être au service des gens.

Natalie Witte, qui est passée par des hauts et des bas entre tous ses investissements (elle possède aujourd’hui 4 entreprises et investit dans plusieurs autres), ne dit pas autre chose. Si elle aime ce qu’elle fait, c’est aussi parce que cela lui permet “d’aider d’autres personnes“.

Et quand on lui demande si c’est plus difficile pour une femme d’être entrepreneur, elle répond simplement qu’elle s’est trouvée un peu seule au début, mais qu’elle voit apparaître une nouvelles génération de femmes qui entreprennent. Même constat chez Emilie Mellerio qui, à part quelques commentaires déplaisants sur la garde des enfants, ne s’est jamais vue opposer un refus pour son genre. Un point de plus pour l'entrepreneuriat, univers visiblement moins misogyne que d'autres.

“Soyez entrepreneurs de votre vie.“

L’une et l’autre soulignent en revanche leur liberté et la flexibilité de leurs horaires, qui autorisent une organisation plus souple. Et peu importe si, certains soirs, après s’être accordées une journée off, il faut travailler au-delà de minuit. “Comme on fait quelque chose qui a du sens, on ne le vit pas comme quelque chose de contraignant“ insiste la fondatrice de The One AI. Et de se comparer, pour être sûre que le message passe, avec un gamer. “On est tellement dedans, qu’on met l’énergie qu’il faut.“

Quand on demande à certains élèves ce qu’ils ont retenu de leurs échanges, et si cela les a inspirés, on les sent touchés par ces paroles, par l’audace des entrepreneurs rencontrés, par l’idée de poursuivre ses rêves, par le courage de ceux qui n’abandonnent jamais, par la nécessité de croire en soi.

Mais plusieurs de conclure leur réaction à chaud en se disant plutôt froids à l’idée de créer leur entreprise. Heureusement, Geneviève Poulingue, de la SKEMA Business School, veille au grain et rappelle le credo du jour: “soyez entrepreneurs de votre vie.“ Pédagogie, art de la répétition.

Cela tombe bien, cette rencontre inaugure une série. Au Brésil d’abord, où le proviseur Laurent Donnat veut poursuivre sur cette lancée, toujours avec la chambre de commerce franco-brésilienne, pour multiplier ce type d’initiative en lien avec les 2 autres lycées français. Et dans le monde, avec ce nouveau partenariat entre l’AEFE et 100.000 entrepreneurs dont l’expérience brésilienne a servi de pilote. Rendez-vous dans les prochains mois à Saint Domingue, Belgrade, et Abu Dhabi. L’esprit d’entreprendre, on l’a compris, n’admet pas les frontières, les barrières. À commencer par celles que l'on se construit soi-même.

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100 000 entrepreneurs, association d’intérêt général créée en 2007 par Philippe Hayat et le Club Horizon, a pour objet de transmettre l’esprit d’entreprendre aux jeunes à travers des témoignages d’entrepreneurs dans les établissements scolaires de la 4e à l’enseignement supérieur.
Elle développe ses actions au travers de 3 axes majeurs : l’égalité des chances pour chaque jeune, la mixité dans le monde professionnel et la préparation des jeunes au monde de demain à travers notamment trois actions fortes : les semaines de sensibilisation des jeunes à l’entrepreneuriat féminin, les mois de l’entrepreneuriat dans les quartiers et les interventions d’entrepreneurs dans les secteurs d’avenir.
Depuis sa création, 600 000 jeunes ont été sensibilisés à l’esprit d’entreprendre dont 80 000 sur l’année scolaire 2020-2021.

L’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), établissement public national à caractère administratif, placé sous la tutelle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, est chargée de piloter et de soutenir un réseau d’enseignement français à l’étranger constitué de 540 établissements scolaires répartis dans 138 pays, scolarisant 365 000 élèves. Opérateur public de l’enseignement supérieur français à l’étranger, elle assure à ce titre des missions relatives au service public de l’éducation à l’étranger. Au sein de l’AEFE, le bureau parcours des élèves et orientation garantit la continuité du service public de l’orientation, en lien avec le ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, et le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation.

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