Destination phare des touristes brésiliens et étrangers, la superbe ville coloniale de Paraty est située à 4h de route de Rio de Janeiro. Fondée au 16ème siècle, c’est l’ultime étape de la route de l’or qui partait du Minas Gerais, c’était via ce petit port que partait les ressources aurifères vers Lisbonne avant d’être préférée à Rio. On flâne dans ses rues piétonnes aux maisons colorées restées intactes en slalomant entre ses pavés cyclopéens du Portugal, jadis utilisés comme ballast par les navires de la Couronne. On profite des ses très bons restaurants, de ses pousadas d’époque et de ses boutiques exposant l’artisanat local... Soit, mais le véritable bijoux de Paraty est en fait sa côte qui se poursuit jusqu’au littoral Paulista, particulièrement la zone oubliée de la réserve de la Juatinga, inaccessible par la route, telle une île lointaine, elle est préservée du tourisme de masse.
Découvertes des joyaux naturels de la Costa Verde
La Costa Verde s’élance des plages protégées de Prainha et Grumari à Rio jusqu’à Ilha Bela en passant par Ilha Grande, Angra dos Reis et Ubatuba. Ces collines verdoyantes se jettent dans une mer aux différents tons de bleu, la côte est parsemée de criques et de plages de sable fin. Autour de Paraty, on atteint les fameuses plages de Trindade sans efforts, en bus ou en voiture via une route sinueuse qui s’échappe de la Rio-Santos. Mais la côte entre Paraty-Mirim et Laranjeiras est dépourvue de route et offre un paysage sauvage, quasi vierge. Pour rejoindre ses plages désertes et ses petits villages de pêcheurs nous pouvons prendre le bateau ou les sentiers côtiers - très - vallonnés. Il faut compter 3 à 4 jours de marche pour faire la traversée de la réserve au bord de l’eau, on en prend plein les yeux mais aussi, plein les jambes !
Le fjord tropical du Saco de Mamanguá
Le départ se fait depuis la plage de Paraty-Mirim, située à 45min de Paraty, un bus part toutes les 3 heures de la Rodoviaria . Très vite, les choses sérieuses commencent. Il faut s’attaquer à un mur végétal pour passer une première colline donnant sur le joyau secret de la côte de l’état de Rio de Janeiro : le fjord tropical du Saco de Mamanguá. S’enfonçant sur 8 km dans les terres et comptant environ 2km entre chaque rive, ce bras de mer est un havre de paix et un véritable paradis naturel à l’écosystème unique. Au fond du Saco, l’eau turquoise vire au marron à l’approche du gigantesque marécage habité de milliers de crabes rouges et de quelques hérons blancs. On peut se faufiler dans la mangrove en canoë et remonter une rivière à la dizaine de lacets qui donnent finalement sur une petite cascade, on est alors en harmonie avec cette nature imposante, on s’abandonne à son silence, serein et déconnecté de tout. L’autre attraction du Saco est de faire l’ascension au Pain de Sucre qui culmine à 500m, au bout de 1h30 d’intenses efforts, on jouit d’un panorama magnifique sur tout le fjord, le point culminant du Cairuçu et la côte. Plusieurs villas de luxe bordent le rivage du Saco mais elles sont discrètes et plutôt d’un bon goût architectural. On passe la nuit côté rive droite au très confortable Refugio do Mamanguá ou au Mamanguá Beach Hostel pour les budgets plus serrés, et un camping très sommaire se situe sur la plage do Cruzeiro, rive gauche. On s’endort au bruit des vaguelettes qui lèchent le littoral, des moteurs des bateaux faisant leur dernier voyage et des soupirs des crapauds.
Les plages de la costa verde
La suite, ce sera les vagues de la Praia Grande qu’on atteint après avoir franchi une colline de 400m de haut, le chemin part de la plage de Engenho, à l’entrée du fjord. Cette grande plage, contraste complètement avec la tranquillité du Saco de Mamanguá, on est déjà presque en pleine mer, le sable est plus épais et une petite île apparemment déserte se dessine à l’horizon, l’île de Itaoca. On parcourt les 2km avant d’entamer un joli sentier côtier qui nous fera traverser 4 petites plages habitées par les natifs, les Caiçaras. On atteint la bourgade de Pouso de Cajaiba, avec son église qui donne sur la plage, faisant face aux nombreux bateaux de pêches traditionnels, avec leur casier qui dépassent à bâbord et à tribord. Pour rappel, toujours pas de véhicules en vue… Il y a plusieurs options pour passer la nuit au Pouso, que ce soit chez l’habitant ou dans les pousadas de Silmar et Regiane. Le lendemain, pour ne pas déroger aux bonnes habitudes, on commence par une montée de 45min pour redescendre au niveau de la magnifique plage de surfeurs de Martins de Sa avec son unique camping, ses collines magistrales de part et d’autres et ses borrachudos, ses micro moustiques insupportables... On poursuit 2h le long de la côte en passant par la mini plage de Cairuçu das Pedras où vit une seule famille. On attaque alors la grande difficulté de ce trek : les 900m de dénivelé positif et négatif dans la grandiose Mata Atlantica pour rejoindre l’adorable village de pêcheurs de Ponta Negra. Après 7 heures de marche, on arrive complètement lessivé dans les bras de Teteco qui propose 3 chalets chaleureux, une fois installés il nous sert un dîner dans sa cabane au bord de l’eau avec les prises du jour, accompagné d’un ciel étoilé et du doux vacarme des vagues. On s’écroule de fatigue pour se réveiller au chant des oiseaux et aux cris des coqs du village, on savoure un petit déjeuner maison préparé avec soin par la tante. Dernière journée, et donc, dernières montées mais plus douces cette fois. On déjeune à la Praia do Sono avant de s’accorder une petite sieste pour finir par une dernière heure de marche, l’objectif est atteint : Laranjeiras et sa route qui nous ramènera à Paraty. Parabéns !
Ce trek est certainement l’un des plus beaux des 5000km de la côte du Brésil, dynamique et varié, il offre de belles surprises à chaque étape. Pour une première fois il est fortement conseillé d’être accompagné par un guide local ou de passer par une agence qui se chargera de réserver vos nuitées et repas, voire d’assurer le transport de vos sacs en bateau. Pour ceux qui ne souhaitent pas marcher, il est possible de se rendre au Saco de Mamanguáen bateau depuis Paraty et à Ponta Negra depuis Laranjeiras. Même si la région vient tout juste d’être raccordée au réseau électrique, elle devrait jouir encore longtemps de cette tranquillité et de cette nature brute au fort relief, lui assurant ce charme unique entre les 2 plus grandes métropoles du pays.