Nouvelle constitution, parité, coronavirus, corruption... Voici quelques-uns des mots qui pourraient résumer l’année 2020 au Chili. Entre pandémie et révolution sociale, le pays a vécu d’intenses moments ces 12 derniers mois.
1) Le 18 octobre 2020 ou la date anniversaire de la crise sociale
Ce jour-là, des centaines de Chiliens et de Chiliennes se sont réunis dans plusieurs villes du pays et dans la capitale sur la "place de la Dignité", ainsi rebaptisée par des manifestants, pour célébrer l'anniversaire de la révolte sociale dans le pays. Un an plus tôt, le 18 octobre 2019, le Chili a connu sa plus forte crise sociale depuis le retour du pays à la démocratie en 1990. Parmi les demandes des citoyens, de meilleurs systèmes de santé et d’éducation, des retraites plus dignes et la rédaction d’une nouvelle constitution qui puisse garantir ces revendications.
2) "Apruebo" gagne le référendum sur la nouvelle constitution
Le 25 octobre, les citoyens se sont rendus aux urnes pour dire s’ils voulaient, ou non, changer la constitution actuellement en vigueur. Elle a été écrite sous le régime de la dictature d'Augusto Pinochet dans les années 1980. Le résultat du référendum a été sans appel : 78,28 % de "oui" pour une nouvelle constitution. Le vote portait également sur le mode de rédaction du nouveau texte. Avec 79 % de "oui" en faveur de la convention consituante, la nouvelle constitution sera donc rédigée par des membres élus par la population. Ce référendum a été organisé suite à la forte crise sociale qui a éclaté dans le pays en 2019.
3) La parité pour la convention constituante
En mars a été approuvée la parité pour la convention qui rédigera la nouvelle constitution. 50 % de femmes et 50 % d’hommes écriront donc le nouveau texte. Avec cette mesure historique, le Chili est alors devenu le premier pays au monde à garantir cette égalité pour la rédaction d’une constitution.
4) Deux millions de femmes dans les rues pour la journée du 8 mars
À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, deux millions de Chiliennes ont manifesté dans tout le pays. Elles revendiquent plus d’égalité entre les femmes et les hommes et veulent la fin du modèle patriarcale chilien. Elles exigent également la fin des violences de genre. En 2020, quarante-deux féminicides ont été commis au Chili. Le mouvement féministe a pris beaucoup d’ampleur ces dernières années dans le pays.
5) Les peuples indigènes prendront également part à la rédaction de la nouvelle constitution
En décembre a été approuvée la mesure garantissant 17 sièges aux différents peuples indigènes du Chili dans le processus de rédaction de la nouvelle constitution. Les peuples autochtones, et particulièrement la communauté mapuche, ont fortement participé aux manifestations lors de la crise sociale. Ces peuples, ainsi qu’une grande partie de la population, revendiquent notamment la plurinationalité de l’État chilien ainsi que leur auto-détermination. Toutefois, les membres de la communauté mapuche jugent insuffisant le nombre de sièges qui leur a été accordé dans l'organe qui rédigera la nouvelle constitution. Dans la région de l’Araucanía notamment, située dans le sud du pays, des affrontements continuent d’avoir lieu entre des membres de cette communauté et les forces de l’ordre. Les mapuches dénoncent l’appropriation de leurs terres ancestrales par de grandes entreprises soutenues par le gouvernement.
6) Un manifestant poussé du haut d’un pont par un carabinier
C’est un événement qui a suscité une vive émotion dans la population chilienne. Lors d’une protestation "place de la Dignité", un manifestant a été poussé par un carabinier du haut du pont Pio Nono, à Santiago. Le jeune homme, âgé de 16 ans, est tombé dans le lit presque vide du fleuve Mapocho. Il s’en est sorti mais garde des séquelles physiques et psychologiques. À travers des vidéos d’autres manifestants, ainsi qu’une enquête judiciaire, il a été démontré que la chute avait été provoquée par un carabinier présent à ce moment-là. L’agent a été suspendu de ses fonctions puis arrêté pour tentative d’homicide. Aujourd’hui placé en détention provisoire, il affirme qu’il s’agit d’un accident. Depuis le début de la crise sociale les carabiniers du Chili ont été accusés à plusieurs reprises par des ONG, d’usage excessif de la force et de nombreuses violations aux droits de l’homme.
7) Pandémie de coronavirus : bilan des contaminations et nombre de morts
Depuis la détection du coronavirus au Chili, début mars, le pays compte près de 604 000 personnes qui ont été diagnostiquées positives à la covid-19 et enregistre 16 488 morts. Selon les spécialistes la deuxième vague devrait arriver au cours du mois de janvier, en plein milieu des vacances d’été.
8) Pandémie de coronavirus : un an de mesures strictes
Le gouvernement chilien a mis en place une stratégie de confinement ainsi qu'un couvre-feu pour limiter les déplacements et la propagation du virus dans le pays. Ces mesures restrictives ont pu être prises dans le cadre de l’état de catastrophe décrété par le gouvernement au début de la crise sanitaire. La fin de cet état de catastrophe a été repoussée au mois de mars 2021. À cette date la population aura donc vécu une année entière avec un couvre-feu, des restrictions de déplacement ainsi que des confinements à répétition.
9) Pandémie de coronavirus : les manifestations de la faim
En mai, après deux mois de confinement, des protestations ont éclaté dans les quartiers défavorisés de la capitale Santiago. Le prolongement de la quarantaine a propulsé des ménages, déjà en situation de précarité, dans une extrême pauvreté. Ne pouvant plus sortir pour travailler, ces familles se sont retrouvées sans argent, ni nourriture. La société civile s’est fortement mobilisée pour apporter de l’aide à ces familles, et par la suite le gouvernement leur a distribué des caisses de nourriture.
10) Vaccination contre le coronavirus : le Chili a lancé sa campagne en décembre
Le Chili fait partie des trois premiers pays d’Amérique Latine à avoir commencé la vaccination de sa population en décembre, avec le Mexique et le Costa Rica. Le gouvernement chilien ambitionne de vacciner 15 millions de personnes d’ici le premier semestre 2021, soit 80 % de la population. Le premier vaccin à avoir été injecté est celui de Pfizer-BioNTech mais d’autres commandes ont déjà été passées avec divers laboratoires. La vaccination contre le coronavirus au Chili sera gratuite et non-obligatoire.
11) Le président Sebastián Piñera serait impliqué dans une affaire de corruption
Trois entités sont concernées dans cette affaire de corruption. Il s’agit de l’administrateur de fonds de pensions AFP Habitat, d’une entreprise spécialisée dans la gestion d’actifs financiers Moneda Asset (dans laquelle le président Sebastián Piñera a placé de l’argent personnel), ainsi qu’une entreprise d’investissement dans le domaine de la construction ILC. Ces trois entreprises sont pointées du doigt pour avoir réalisé des opérations d’investissement illégales en utilisant l’argent placé par les citoyens dans l’administrateur de fonds de pensions AFP Habitat. Un groupe de députés a été chargé d’enquêter sur cette affaire qui impliquerait le président Piñera et des membres de sa famille.
12) Éclipse solaire totale : deuxième année de spectacle au Chili
Pour la deuxième année consécutive le Chili a pu observer une éclipse solaire totale. En 2019, le même phénomène s’était produit dans le nord du pays, cette fois c’est dans le sud que le spectacle avait lieu. Malgré de mauvaises conditions météo, de nombreuses communes ont été plongées dans le noir en plein milieu de l’après-midi. Pour que ce spectacle se reproduise au Chili il va falloir attendre 28 ans puisque c’est en 2048 qu’aura lieu la prochaine éclipse solaire totale.