À partir de demain, samedi, 9 millions de Chiliens seront de nouveau confinés en phase 1 du plan Paso a Paso. Le gouvernement a pris cette décision face à la flambée des contaminations ces dernières semaines dans le pays.
Le Chili se trouve quasiment au même stade critique qu’au moment du pic de la pandémie l’année dernière. Le ministère de la Santé a annoncé, ce vendredi, 6 600 nouvelles contaminations ces dernières 24 h. Et à partir de demain, samedi, 9 millions de Chiliens seront de nouveau confinés en phase 1 "Cuarentena" du plan Paso a Paso. Mais dans le même temps, la campagne de vaccination bat son plein. Désormais 28 % de la population a reçu au moins une dose du vaccin contre la Covid-19 et 14 % des Chiliens sont maintenant complètement vaccinés. Le Chili se trouve ainsi dans le trio de tête des pays qui vaccinent le plus au monde, derrière Israël et les Émirats Arabes Unis.
Cette prouesse a été rendue possible grâce notamment à la stratégie du gouvernement de mettre en place un calendrier très précis pour vacciner les personnes âgées et les malades chroniques en premier. Une grande partie de ces populations a déjà reçu le vaccin. Mais la force du Chili, c’est surtout d’avoir commandé, en amont, suffisamment de doses afin d’immuniser 80 % de la population d’ici le mois d’août 2021. Le gouvernement a ainsi passé plusieurs commandes avec les principaux laboratoires : AstraZeneca, Pfizer, Johnson and Johnson ou encore Sinovac. De cette manière, le pays s’est assuré un approvisionnement continu des vaccins. Enfin, les Chiliens sont plutôt habitués aux campagnes de vaccination de masse puisque chaque année le virus de la influenza, sorte de grippe, fait son apparition en hiver.
Le gouvernement a donné une "fausse sensation de sécurité"
Malgré tout, les hôpitaux sont aujourd’hui débordés et plusieurs établissements dans le pays manquent de lits. Sur la journée de jeudi, 172 personnes sont mortes, un chiffre qui n’avait pas encore été atteint depuis le 27 juin 2020, date qui détient, pour l’instant, le record de personnes mortes en 24 h : 279. Début mars, Jeanette Vega, conseillère à l’Organisation Mondiale de la Santé, attribuait la responsabilité de ce rebond des cas de contaminations au "permis vacances", accordé à la population pendant la période estivale. La conseillère a ainsi expliqué au média Cooperativa, qu’avec cette autorisation, "nous savions que nous allions transférer l’épidémie à d’autres régions et que, lorsque les gens rentreraient de vacances nous aurions une hausse importante des contaminations dans la région métropolitaine." Jeanette Vega pointe également du doigt le gouvernement qui a donné une "fausse sensation de sécurité" en réactivant l’économie.
Le relâchement de la population quant aux gestes barrières coïncide également avec le début de la campagne de vaccination a expliqué la docteure Claudia Cortés à la BBC Mundo : "Beaucoup de personnes ont pensé que comme les vaccins étaient arrivés, le problème était résolu, et elles se sont réellement moins préoccupées des gestes barrière." Mais les spécialistes avertissent que les premiers effets du vaccin ne seront visibles qu’à partir du mois d’avril et que l’immunité collective ne sera pas atteinte avant le mois de juin 2021.
Bien que la campagne de vaccination soit très effective, le gouvernement chilien se voit aujourd’hui dans l’obligation de faire machine arrière et de re confiner près de la moitié de la population. Le Parlement a, par ailleurs, récemment voté en faveur de l’extension de l’état d’exception de catastrophe pour trois mois de plus, jusqu'en juin. Dans le même temps, le gouvernement a aussi prolongé le couvre-feu qui dure depuis maintenant un an au Chili.
Retrouvez en détail les restrictions qui correspondent à chaque étape du déconfinement sur le site du gouvernement chilien.