Le 29 mai prochain, les Français et Française du Chili sont appelés aux urnes pour voter pour leurs conseillères et conseillers consulaires. Cette année, les six têtes de liste sont toutes des femmes. Pour vous aider à mieux les connaître, lepetitjournal.com Santiago leur a posé cinq questions identiques. Aujourd’hui nous vous présentons Catherine Blanche, tête de la liste Ecologie et Solidarité pour Notre Avenir Commun.
Pouvez-vous vous présenter en quelques phrases ?
Je suis Catherine Blanche, j’ai 39 ans et je vis au Chili depuis 2014. Je travaille au lycée Antoine de Saint-Exupéry, à Santiago, en tant que bibliothécaire. Spécialiste des questions d’éducation et de développement local j’ai travaillé durant plusieurs années dans le secteur hospitalier où j’ai par ailleurs été représentante syndicale. J’ai été bénévole puis salariée dans diverses organisations non gouvernementales avec lesquelles j’ai eu la chance de travailler en Afrique (au Sénégal, au Burkina Faso, au Maroc, en Égypte, à Madagascar, entre autres) et également en Inde. J’étais déjà très sensible aux questions sociales mais c’est lors de ces missions que j’ai réellement pris conscience de l’urgence climatique et de son lien étroit avec les inégalités sociales. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de m’engager chez Europe Écologie Les Verts.
Comme nombre de nos compatriotes, mon arrivée au Chili n’a pas été simple : j’ai connu des difficultés d’insertion professionnelle et de démarches administratives, des moments de grande solitude et de questionnements aussi. Mais, ayant toujours été engagée, je ne me suis par arrêtée en arrivant ici ! J’ai rapidement rejoint l’association Français du monde-adfe, ce qui m’a aidé à mieux comprendre la culture chilienne et la nécessité d’un appui pour les Françaises et les Français vivant hors de France. Je me suis également investie dans le milieu associatif, sur la question du zéro déchet, et j’ai intégré une coopérative de consommatrices et consommateurs dans laquelle je suis coopératrice et qui permet à de nombreuses familles de la capitale de se nourrir sainement et localement.
C’est tout cet engagement que je porte depuis des années qui me conduit à être candidate aujourd’hui. Une volonté non seulement de représenter nos concitoyennes et concitoyens mais aussi de faire bouger les lignes face à l'urgence climatique et aux inégalités croissantes.
Comment avez-vous constitué votre liste ?
C’est dans un esprit de rassemblement et de diversité que nous avons constitué notre liste. Tout d'abord autour de Français du monde puis dans une volonté de dialogue avec les forces de gauche afin de réaliser une liste d’union, car les enjeux le méritent. Les crises que nous vivons depuis fin 2019 nous montrent la nécessité de nous unir, je ne pouvais pas imaginer me présenter à cette élection autrement que dans le rassemblement. Je suis donc allée chercher des candidat·e·s de terrain, au plus près des citoyen·ne·s, des personnes engagées de tous les horizons et en région pour représenter l’ensemble des Français·e·s du Chili. Nous avons alors constitué en équipe et de façon collaborative, une liste avec des personnes de talent, aux compétences complémentaires, des femmes et des hommes impliqués qui se sont engagés à représenter et à défendre les droits de nos concitoyen·ne·s. Des personnes pour qui les urgences écologiques, sociales et démocratiques sont des priorités. Des personnes avec de l’expérience, décidées à partager leur savoir : nous avons ainsi, en numéro 2, Daniel Colas, Conseiller consulaire sortant, riche d’une expérience de 7 ans sur ce mandat.
L’idée de l’alliance entre Europe Écologie Les Verts, la France Insoumise et le Parti Socialiste s’est fondée sur nos valeurs communes sur la transition écologique, la justice sociale et la solidarité nécessaire à la vie démocratique dans notre communauté. De là est née notre liste d’union de la Gauche, motivée par l’action citoyenne et la dignité pour tous les Français et toutes les Françaises qui vivent au Chili.
Quel est selon vous le plus grand défi auquel font face les Français et Françaises du Chili ?
Les défis sont nombreux pour la communauté française au Chili. Nous avons beaucoup souffert ces derniers mois, depuis octobre 2019, de certaines décisions du gouvernement français, mais aussi du gouvernement chilien qui n’ont fait que creuser la précarité et l’isolement de beaucoup d’entre nous. La double crise sociale et sanitaire a touché nombre de nos compatriotes, c’est une réalité souvent difficile à affronter. Beaucoup de personnes ont vu leurs revenus diminuer, voire disparaître : difficultés pour payer la scolarité des enfants, difficultés pour maintenir une entreprise, problématiques de paiement de certains soins, retard dans le versement des retraites, etc.
Par ailleurs, le Chili est un pays difficile : bureaucratiquement mais aussi culturellement. Il faut faire preuve de patience, d’une grande adaptation, non seulement pour obtenir un visa, mais aussi de façon plus personnelle pour comprendre cette société très patriarcale et qui peut mettre à mal nos familles mixtes.
La période actuelle nous montre encore plus à quel point les Françaises et les Français de l’étranger ont besoin non seulement d’être accompagné·e·s mais également d’être épaulé·e·s et mieux représenté·e·s. Nos situations sont diverses et hétéroclites, elles obligent à ce que le système français s’adapte. La France doit pouvoir assurer un service public de qualité pour toutes et tous au Chili. C'est pourquoi notre engagement est celui de la protection des services publics et du renforcement des liens de solidarité. Nous nous engageons formellement à porter les voix de nos compatriotes dans les instances décisionnelles pour défendre des statuts décents et des options dignes afin que toutes et tous aient les mêmes chances de réaliser leurs rêves.
Notre engagement est clair, il est écologiste, social et transversal. C’est celui de la défense des services publics ainsi que de nos droits fondamentaux.
Que représente pour vous la mission principale de conseiller des Français de l'étranger ?
Les conseillères et conseillers élus de notre liste seront des élu·e·s de proximité et de terrain, ils seront présents autour des tables de concertation des Conseils consulaires qui représentent la communauté française. Ils parleront et seront force de proposition et d’amélioration vers plus d’écologie et de solidarité. Ils défendront les dossiers de demande de bourses scolaires, d’aides sociales, de retraites ou encore de formations professionnelles. Ils seront les gardiens du respect des droits et libertés des Françaises et des Français de l’étranger. Ils seront ce relais nécessaire entre l'administration et les citoyen·ne·s, une vigie pour des procédures et des budgets consulaires utilisés pour davantage d'écologie et de solidarité. Mais nous ne voulons pas nous limiter à cela ! Tout cela passe évidemment aussi par une réforme des institutions qui donnera plus de prérogatives aux élu·e·s consulaires pour davantage d'interaction avec l'administration locale. Nous voulons mettre la participation citoyenne au cœur de notre action, faire de ces 5 années d’exercice un mandat collectif.
Les conseillères et conseillers élu·e·s feront partie du corps électoral pour élire les sénateurs et les sénatrices des Français·e·s de l’étranger en septembre 2021, c’est pourquoi cette élection n’est pas seulement de proximité, c’est une élection très politique. Nos concitoyennes et concitoyens ont besoin d’élu·e·s au parlement qui puissent les représenter et qui portent haut et fort les problématiques économiques, sociales et environnementales que nous vivons ici au Chili et plus globalement à l’étranger.
Pouvez-vous nous détailler les grands axes de votre programme ?
Notre engagement est clair, il est écologiste, social et transversal. C’est celui de la défense des services publics ainsi que de nos droits fondamentaux. La défense des services publics au nom de la protection de l’environnement et des biens communs, au nom de la protection sociale et de la dignité humaine. Cela implique la défense d’une sécurité sociale efficace et d’une politique de protection des Françaises et des Français en matière de retraite. Cela veut dire également soutenir la communauté française locale en renforçant le réseau scolaire français, en permettant l’accès de toutes les familles qui le désirent aux établissements de l’AEFE. Cela signifie aussi d’appuyer les travailleuses et les travailleurs, les entrepreneur·e·s, les étudiant·e·s et les associations françaises de la circonscription, et de favoriser l’accès à la culture. C’est également la lutte contre toute forme de discrimination, le respect de la parité et la protection des plus fragiles. C’est enfin l’amélioration du réseau consulaire pour qu’il puisse répondre aux besoins des citoyen·ne·s. Concrètement nous demanderons une réforme du barème des bourses, un arrêt de la discrimination des Français·e·s de l’étranger face au calcul des retraites, une annulation des délais de carence. Nous lutterons contre la privatisation rampante du réseau éducatif et la précarisation des personnels, nous travaillerons à la labélisation E3D de nos établissements scolaires et appuierons la création d’associations FLAM (Français langue maternelle) pour les enfants n’ayant pas accès aux établissements français. Nous souhaitons l’ouverture du programme STAFE aux petites entreprises (TPE-PME).
Un des axes centraux de notre campagne est celui de la transparence et du collectif. Nous nous engageons à participer et à rendre compte des réunions de Conseils consulaires. Enfin, nous voulons associer la population aux décisions du Conseil consulaire dans le cadre de toutes ses commissions, par le biais de consultations citoyennes et associatives non partisanes et inclusives. Notre programme met les citoyennes et les citoyens au cœur du réseau consulaire !
Par mail, lepetitjournal.com Santiago a envoyé les mêmes questions aux six candidates de l'élection consulaire, avec les mêmes consignes à respecter. Nous publions ci-dessus leurs réponses telles que nous les avons reçues.