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Au Chili, l'Assemblée Constituante lance l'écriture de la nouvelle Constitution

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Jose Pereira - Creative Commons (CC BY-NC-ND 2.5)
Écrit par Naïla Derroisné
Publié le 5 juillet 2021

Ce dimanche 4 juillet, les membres de l’Assemblée Constituante se réunissaient pour la toute première fois, à Santiago. Les récents élus disposent d’un an pour écrire la nouvelle constitution chilienne. La session d’inauguration d’hier s’est déroulée dans un climat tendu, mais l’exercice démocratique a finalement été accompli.  

Les 155 membres de l’Assemblée Constituante se réunissaient ce dimanche 4 juillet pour la première fois depuis leur élection fin mai. Ils se sont rassemblés sous un chapiteau installé dans la cour de l’ancien Congrès National, dans le centre de Santiago. Lors de cette session inaugurale, les rédacteurs et les rédactrices de la nouvelle constitution ont élu Elisa Loncón comme présidente de l’Assemblée. Elle a obtenu 96 voix, sur 155, lors du second tour. Son élection est très symbolique au Chili, puisqu’Elisa Loncón est une femme Mapuche, la communauté indigène la plus importante du pays.

 

 

Linguiste et académicienne, Elisa Loncón enseigne à l’Université de Santiago du Chili. Née dans la région de l’Araucanie, elle a passé son enfance au sein de la communauté Lefweluan. Fervente défenseur de la culture et des territoires des peuples indigènes, elle a commencé son discours de présidente de l’Assemblée Constituante en parlant mapudungun, la langue de la communauté Mapuche, avant de poursuivre en espagnol :

 

Nous allons transformer le Chili en un Etat plurinational, un pays interculturel. Le nouveau Chili ne portera pas atteinte aux droits des femmes, ni ceux des enfants, et prendra soin de la Tère-Mère. Notre rêve est sur le point de se réaliser. Mes frères, mes sœurs, nous allons refonder le Chili et établir une nouvelle relation entre le peuple Mapuche, les peuples originels, et toutes les nations qui composent ce pays.

À la fin de la session, Elisa Loncón et Jaime Bassa, le vice-président élu de l’Assemblée, ont présenté les prochains sujets qui devront être discutés entre les élus. L’accent a été mis sur les personnes emprisonnées dans le contexte du mouvement social de 2019, ainsi que sur les Mapuche détenus dans la région de l’Araucanie. "Nous avons été élus par le peuple et la démocratie doit inclure tout le monde. Avec des jeunes emprisonnés, avec des Mapuche emprisonnés, la démocratie ne peut pas vivre", a déclaré Elisa Loncón.

Une journée marquée par des heurts entres les manifestants et les policiers

La libération des "prisonniers politiques" est un sujet qui a été présent dans les esprits tout au long de la journée. Au moment même où les élus s’installaient dans l’ancien Congrès National, des affrontements ont éclaté entre des manifestants et des policiers aux abords du bâtiment. Les protestants, majoritairement pacifiques, étaient venus réclamer la libération des "prisonniers de la crise sociale" et ont dû faire face aux gaz lacrymogènes et aux canons à eau des carabiniers. Des élus de l’Assemblée Constituante ont dénoncé la répression exercée par les policiers et ont demandé la suspension de la session avant de rejoindre les manifestants dans la rue. La cérémonie a finalement repris deux heures plus tard, avec l’ensemble des 155 membres.
 

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Naïla Derroisné - "Plaza Dignidad" lors de la manifestation à l'occasion de la session d'inauguration de l'Assemblée Constituante, le dimanche 4 juillet 2021. 

 

Plus tôt, dans la matinée, des centaines de personnes s’étaient réunies sur la "place de la dignité" pour célébrer le début de l’Assemblée Constituante, mais surtout réclamer la libération des "prisonniers politiques de la crise sociale". Parmi elles, Sandra brandissait une pancarte sur laquelle était écrit : "Stop aux montages et à la criminalisation." Sandra a participé à toutes les protestations lors du mouvement social de 2019. Actuellement, quelques-uns de ses amis se trouvent en prison pour "le simple fait d’avoir manifesté", nous a-t-elle raconté. Et de poursuivre : "Ils ont été enfermés sans même être jugés. Certains sont victimes de montages de la part des forces de l’ordre. Nous espérons que les membres de l'Assemblée Constituante agissent pour leur libération. Nous ne pouvons pas entreprendre ce processus démocratique s’il y a des personnes enfermées pour le simple fait d’avoir manifesté pour leurs droits."

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