Ce week-end, les Chiliens ont élu les personnes qui rédigeront la nouvelle constitution. C’était la première fois dans l’histoire du pays qu’un tel scrutin était organisé. Ce vote était directement issu des manifestations massives qui ont secoué le pays en 2019. Plus de femmes, plus d’indépendants et la prise en compte des peuples indigènes, une grande partie de la population réclamait une meilleure représentativité pour l’écriture de la nouvelle constitution, c'est désormais chose faite.
Les Chiliens ont réussi leur pari puisque sur les 155 sièges de l’assemblée constituante, près d’un tiers sera occupé par des candidats indépendants, directement issus de la société civile.
Les partis politiques prendront tout de même part à la rédaction de la nouvelle constitution mais dans une moindre mesure. La coalition de droite unie sur une même liste, a remporté presque 40 sièges, et les partis du centre et de la gauche, plus éparpillés, occuperont un tiers de l’assemblée. L’opposition et les indépendants seront donc en position de force et des coalitions pourraient être envisagées, car pour l’écriture du nouveau texte les décisions devront être prises à une majorité des 2/3 des voix.
Les membres de l'assemblée constituante disposent d'un an pour écrire la nouvelle constitution
Les grandes gagnantes de ce scrutin ce sont surtout les femmes puisque grâce à la parité, elles occupent 50 % des sièges, et c’est une première mondiale. Quant aux peuples indigènes, qui représentent environ 13 % de la population du pays, 17 sièges leur sont réservés.
Depuis le palais de la Moneda le président Sebastián Piñera s'est exprimé tard dans la soirée soulignant le caractère inédit du vote : "Cette élection est historique parce-que c'est la première fois que l'on vote pour une convention constituante paritaire entre hommes et femmes et avec la participation de nos peuples indigènes [...]" Il a également reconnu la déroute de la coalition Vamos por Chile (dans laquelle se trouve le parti présidentiel) face aux indépendants : "Lors de ces élections la population a envoyé un message fort au gouvernement et à toutes les forces politiques. Nous ne sommes pas suffisamment en syntonie avec les demandes des citoyens. Ce message clair exige du gouvernement, ainsi que de toutes les forces politiques traditionnelles, d'entreprendre une profonde réflexion." Avant de conclure : "Le rôle des membres de l'assemblée constituante sera de créer un dialogue qui puisse permettre de se mettre d'accord afin de donner au pays une bonne constitution."
Le taux de participation est de 43 %, un peu moins que lors du référendum d'octobre 2020 ("pour" ou "contre" une nouvelle constitution).
Les rédacteurs et rédactrices de la nouvelle constitution disposent d’un an pour écrire le nouveau texte. L’année prochaine, il sera soumis à un nouveau vote par référendum. S’il est approuvé, le Chili abandonnera alors définitivement la constitution actuelle, celle qui a été écrite sous la dictature de Pinochet.