D’après une enquête réalisée entre octobre 2020 et février 2021, 10,8 % de la population chilienne serait en situation de pauvreté. Une augmentation due, entre autres, à la pandémie connue l’an dernier, et qui met fin à 30 ans de décrue de la précarité dans le pays.
Le chiffre était craint et redouté, il est désormais officiel. D’après l’enquête de l’institut de statistique Casen, publié le 5 juillet dernier, 10,8 % de la population chilienne se trouverait sous le seuil de pauvreté. Dont 4,3 % serait en situation d’extrême pauvreté. Ce sont ainsi plus de 2,1 millions de chiliens qui gagneraient moins de 60 % du revenu médian, sur une population totale de près de 19 millions d'habitants.
Hausse de la pauvreté au Chili : une situation inédite depuis la fin de la dictature
Alors que l’amenuisement de la pauvreté était continu depuis 1990, le Chili a vu ce taux augmenter de 2,2 % entre l’enquête Casen de 2017 et celle de 2020, revenant à un état comparable à celui de 2015. Le chômage, lui aussi, a battu des records en juillet dernier en touchant 13,1 % de la population active.
?Un diagnóstico fundamental es el que nos entregó #CasenEnPandemia 2020 para afrontar los grandes desafíos en materia social.
— Alejandra Candia Díaz (@_alecandia) July 6, 2021
Hoy 10,8% de la población es pobre por ingresos y 4,3% pobres extremos, dando cuenta del fuerte impacto de la emergencia que aún estamos enfrentando ? pic.twitter.com/7OO1KOQzN8
Le grand facteur de cette crise est bien évidemment la pandémie de coronavirus. Avec une chute du PIB de presque 6 % en 2020, des commerces fermés une bonne partie de l’année, le domaine du tourisme paralysé pendant un an, ou encore les vendeurs à la sauvette n’ayant plus personne à qui vendre leur produit, la situation a été difficile à tenir. La deuxième vague a également tout terrassé sur son passage en mettant le coup fatal à nombres d’entreprises qui avaient réussi à garder la tête hors de l’eau jusque-là. La pandémie a aussi mis fin prématurément à une saison touristique déjà restreinte à cause de la fermeture des frontières des pays étrangers.
La crise chilienne, bien que très grave, participe à une conjoncture mondiale. Mais le gouvernement Piñera juge que les mesures instaurées ont permis de limiter la casse. Selon le ministre des Finances, Rodrigo Cerda, "si les aides sociales n’avaient pas été mises en place, le taux de pauvreté aurait été plus proche des 14 %". Le coordinateur de l’enquête Casen, Ignacio Iarrazaval nuançait également ces chiffres en disant que "dans presque toute l'Amérique Latine, les taux d'augmentation de la pauvreté sont plus élevés". Le Chili ne serait donc pas une exception, ou un exemple de mauvaise gestion. Mais il en reste que là où la crise des Subprimes de 2008 n’avait pas rompu la baisse continue de la pauvreté, la pandémie de coronavirus l’a fait. De quoi remettre en question la résilience du pays déjà pointée du doigt à plusieurs reprises ces derniers mois.
Une enquête révélatrice d’une crise mondialisée
Si l’enquête de la Casen montre le retour de la pauvreté au Chili, elle indique également que ce sont les secteurs économiques mondialisés qui ont été les plus touchés. Les villes ont ainsi été bien plus impactées que les zones non urbaines. Ces dernières ont même vus leur taux de pauvreté continuer de décroître. On peut ainsi voir que des régions comme l’Araucanie ont été peu atteintes par la pandémie, quand la région Métropolitaine, ou celle de Valparaiso, regroupant les villes mondialisées, ont été frappées de plein fouet. On peut aussi observer que les populations indigènes restent relativement épargnées, contrairement aux populations non-indigènes, nouvelle preuve de l’atteinte des secteurs fonctionnant à l’international.
La situation ne devrait pas s’améliorer tant que le pays n'aura pas mis fin aux mesures sanitaires. Alejandro Weber, sous secrétaire aux Finances, disait au micro de Radioconcert que désormais, l'important était de "stimuler l’emploi et la croissance".
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