Le 16 novembre 2025 les Chiliens et Chiliennes se sont rendus aux urnes pour choisir leur futur président. Aucun candidat n’ayant recueilli la majorité des suffrages, s’ouvre à présent une période de campagne qui promet d’être particulièrement intense en vue du second tour. Deux candidats, qui n’ont absolument rien en commun s'affrontent : Janette Jara et José Antonio Kast. Le climat politique chilien semble désormais tendu avec des voix qui s’élèvent des deux côtés.


deux candidats occupant des positions si opposées sur l’échiquier politique s’affronteront pour la présidence du Chili le 14 décembre 2025.
Prochaine étape attendue des élections Présidentielles au Chili, le 14 décembre 2025. En attendant, la rédaction lepetitjournal.com revient sur les candidats et les enjeux. Qui sont ces candidats si opposés? En quoi ces résultats semblent marquer un certain tournant dans l’histoire moderne du Chili?
Portrait de Janette Jara, au Chili
Janette Jara, arrivée en tête au premier tour des élections présidentielles avec 26,85% (soit 3.476.615 des voix) est la représentante de la coalition de centre gauche Unidad por Chile. Membre du parti communiste depuis l’adolescence, elle est la première femme communiste à représenter l’union pour la gauche aux éléctions présidentielles.
Jara est rentrée en politique en 2016 en tant que sous-secrétaire au bien être social.
Le premier point intéressant à mentionner est que Jara semble se démarquer des autres candidats, tant par ses idées plus progressistes que par son histoire familiale qui n’est pas caractérisée par un héritage élitiste. Fille d’ouvrier et d’une mère au foyer, habitant dans une région défavorisée de la capitale, elle est la première de sa famille à accéder aux études supérieures. Une grande différence dans le monde politique chilien, caractérisé par des familles puissantes et fortunées surreprésentées dans l’offre politique.
Ayant un passé militant, elle est rentrée en politique en 2016 en tant que sous-secrétaire au bien être social. De plus, elle a travaillé en tant qu’avocate mais aussi en tant qu’enseignante universitaire. Puis, elle fut ministre du Travail et de la protection sociale sous la présidence de Gabriel Boric (Du 11 mars 2022 au 8 avril 2025). Elle a été porteuse de plusieurs réformes sociales prometteuses, notamment avec la réduction du temps de travail à 40 heures ou bien avec l’augmentation du salaire minimum.

Kast s’est présenté à trois reprises à l’élection présidentielle (en 2017, 2021 et 2025)
Portrait de José Antonio Kast
Avocat de 59 ans, Kast est un homme politique chilien d’extrême droite (à la tête du parti Les Républicains) portant des idées très conservatrices et nostalgique d’une politique chilienne dépassée. Il est arrivé en deuxième position au premier tour des élections présidentielles le 16 novembre 2025, avec presque 24% des suffrages exprimés. Figure bien connue des Chiliens, il s’est présenté à trois reprises à l’élection présidentielle (en 2017, 2021 et 2025) et a bénéficié d’une progression constante de sa popularité. En effet, il a gagné, depuis 2017, un nombre important de voix, se voyant aujourd’hui comme le candidat favori.
Kast semble être connu au Chili pour ses promesses strictement conservatrices, qui nous rappelle par certains aspects les positions du président Donald Trump, comme la construction d’un fossé à la frontière entre la Bolivie, le Pérou et du Chili, la fermeture du ministère de la femme, un contrôle extremement dur sur l’immigration…
Par ailleurs, Kast est porteur d’un passé familial lourd. En effet, il est le fils d’un ancien officier nazi : Michael Kast, dont il a été prouvé l’existence de son adhésion au parti nazi NSDAP. Kast est aussi le frère d’un ancien ministre travaillant sous Pinochet. Il est certain que Kast ne cache pas son admiration pour l’ancien dictateur chilien Augusto Pinochet, qui, pour rappel, a eu une plainte internationale contre lui pour génocide terrorisme et torture, et de plusieurs procédure judiciaires contre lui. Même avec les multiples violations des droits de l’homme qui ont été commises sous la dictature militaire de Pinochet, ses politiques économiques libérales sont aujourd’hui glorifiées par Kast et d’autres candidats de droite.
Ainsi Kast, par son admiration avertie de l’ancien dictateur, ne se met pas forcément des voix à dos.
Alors qu’une admiration de Pinochet semble extrêmement problématique de nos jours, les résultats d’une étude du baromètre politique du CERC-Mori datant du 30 mai 2023 montre que la population chilienne n’a jamais porté un regard aussi positif sur la dictature depuis la fin de celle-ci. En effet, un tiers de la population chilienne a un avis positif sur Pinochet. Dès lors, nous sommes loin d’un consensus sur la place qu’a Pinochet dans l’histoire nationale. Ainsi Kast, par son admiration avertie de l’ancien dictateur, ne se met pas forcément des voix à dos.

L’offre politique au second tour : une polarisation extrême des candidats
Voici l’offre des candidats au second tour : une politicienne du parti communiste aux idées progressistes mais aussi sécuritaires et un avocat en quête du pouvoir aux aspirations similaires de Pinochet, avec une campagne majoritairement axée sur la sécurité. Une telle situation est presque inédite : deux candidats occupant des positions si opposées sur l’échiquier politique s’affronteront pour la présidence du Chili le 14 décembre 2025.
Aujourd’hui les sondages sont en majorité favorables à Kast, laissant peu de chance, voire la nécessité d’un miracle pour que Jara se retrouve à la tête du pays. Les résultats du premier tour des élections présidentielles du 16 novembre 2025 ont en effet été caractérisés par une surreprésentation des candidats de droite et d'extrême droite, laissant peu de doute sur le résultat final. Il apparaît clairement que les campagnes politiques ont accordé une place centrale à la question sécuritaire. Face à la hausse du taux d’homicides au Chili, un véritable sentiment d’inquiétude, voire de panique, s’est emparé du pays et de ses habitants. On peut donc assurément affirmer que Kast a eu un si bon score grâce à ses idées et propositions en matière sécuritaire.

Au sein de la capitale et d'autres villes comme Valparaiso, de nombreuses affiches, slogans, et activités de campagne politique et militante voient le jour.
Des résultats lourds de sens, rappelant un passé sombre
Si Kast remporte ces élections, ce serait la première fois que l'extrême droite reviendrait au pouvoir après 35 ans. Le dernier en jeu était bien le dictateur Augusto Pinochet, laissant un pays et un peuple marqué par de nombreuses violations des droits humains (notamment la torture, disparition forcée…). On observe donc un déplacement fulgurant de l'électorat chilien vers l'extrême droite, alors même que les générations traumatisées et touchées par la dictature sont encore belles et bien vivantes et tentent de réparer, retrouver et restaurer leur passé. Au sein de la capitale et d'autres villes comme Valparaiso, de nombreuses affiches, slogans, et activités de campagne politique et militante voient le jour. Il est attendu de nombreuses manifestations et de ralliement dans les villes du Chili.
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