Lorsqu’ils visitent le Chili, les voyageurs se rendent généralement directement dans le nord pour voir le désert d’Atacama ou dans le sud pour randonner en Patagonie. Peu sont ceux qui prennent le temps de découvrir Santiago qui regorge pourtant de lieux insolites et de quartiers atypiques. La rédaction de lepetitjournal.com Santiago s’est lancé le défi de vous faire connaitre quelques-uns de ces endroits, en commençant par une virée dans le cœur artistique de la capitale : le Barrio Brasil.
Les murs ont-ils des oreilles ? Si ceux du Barrio Brasil en avaient, ils auraient des tonnes d’histoires à nous raconter. Historiquement peuplé par la haute société chilienne, le quartier s’est dégradé à partir de la moitié du XXe siècle. La construction de nouveaux lotissements du côté de Providencia, ainsi que le déménagement de l’école militaire Bernard O’Higgins, ont attiré l’aristocratie chilienne dans d’autres quartiers de la ville situés plus proche de la cordillère des Andes. Le Barrio Brasil a alors connu un lent déclin entre pillage et dégradation. L’évènement qui a scellé la déchéance du quartier est sa séparation du centre historique par l’autoroute Norte-Sur. Le patrimoine architectural du barrio s’est donc peu à peu étiolé. Les grands palais et résidences sont devenus des squats et des maisons de joie. Le coup de grâce fut le tremblement de terre de 1985. Construit à une époque où les exigences sismiques n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui, le barrio fut touché de plein fouet. Une partie des habitations fut détruite et la basilique El Salvador fut endommagée.
Étrangement, cet évènement vint marquer une sorte de renaissance du quartier. Le Barrio Brasil restait apprécié par les habitants de Santiago pour son côté humain, bien loin des grands ensembles construits ailleurs dans la ville. C’est alors que des groupes de rock et des artistes en tout genre vinrent emménager dans les logements restés vacants. Avec un voisinage plus tolérant aux bruits et aux dérangements en tout genre, ces artistes purent exprimer leurs talents sans limite. Et cette émulsion culturelle participa à la régénération du quartier qui attira des personnes en quête de liberté intellectuelle. Ce n’est pas pour rien qu’une des figures du Barrio Brasil est Victor Jara, penseur et écrivain libre, assassiné sous la dictature Pinochet.
Aujourd’hui, le quartier est un mélange de tout cela. De grands bâtiments haussmanniens marqués par le temps, ainsi que de magnifiques graphes qui créent un style unique. Une traversée du Barrio Brasil et vous aurez l’impression de faire un voyage dans le temps. Mais surtout de voyager entre les populations. Les politiques de la ville ont essayé d’attirer les familles en créant des lieux culturels et adaptés aux enfants sur place. C’est ainsi que sur la seule Plaza Brasil vous pourrez retrouver des commerces, un parc avec des équipements de sport, le centre culturel Victor Jara, ou encore des jeux pour enfants avec un style très propre, imaginés par l’artiste française Federica Matta. Mais à la tombée du jour, c’est une tout autre population qui s’installe aux tables des bars et des discothèques. Des hommes d’affaires, des étudiants et des artistes viennent rappeler au barrio sa gloire d’antan.
Nos coups de cœur sont de part et d’autre du Barrio Brasil. Au Nord du quartier, le centre commercial Belmacedo Brasil qui abrite le plus grand site de vente d'antiquités de la ville. Que ce soit pour trouver du mobilier ancien ou trouver la perle rare, perdez-vous-y l’espace de quelques minutes pour vous imprégner de ce lieu unique. Au Sud, le petit Barrio Concha y Toro. Avec un style censé imiter les villes européennes du début du XXe siècle, vous tomberez immédiatement sous son charme. Asseyez-vous à la terrasse d’un café sur la Plaza libertad de la prensa et profitez quelques minutes de cette parenthèse enchantée. Les murs n’y ont peut-être pas d’oreilles, mais ils resteront en place encore quelques années puisque le barrio Concha y Toro a été déclaré monument historique national en 1989.