Trois voitures autonomes coincées dans une rue en cul-de-sac: bienvenue dans le quotidien d'une ville où l'intelligence artificielle partage désormais la route avec les humains avec ses problématiques.


La scène aurait pu sortir d'une comédie absurde. Le 6 décembre dernier, trois voitures blanches Waymo se sont retrouvées dans une situation digne d'un ballet mécanique raté : deux d'entre elles se sont légèrement heurtées lors d'une manœuvre dans une impasse, tandis qu'une troisième, descendant la colline, se retrouvait coincée derrière elles. Impossible de passer. Le résultat ? Un embouteillage provoqué par des véhicules sans conducteur qui semblent avoir oublié comment se dire pardon.
L'utilisatrice TikTok @chii_rinna a immortalisé la scène, commentant avec amusement le bourdonnement caractéristique des robots-taxis en mode perplexe. "Ces Waymo créent un embouteillage", constate-t-elle!. La vidéo a explosé sur les réseaux sociaux, dépassant les 3 millions de vues en quelques jours.
L'omniprésence discrète des voitures fantômes
Pour comprendre l'ampleur du phénomène, quelques chiffres s'imposent. Ces véhicules blancs que l'on croise désormais à chaque coin de rue ne sont plus une curiosité : Waymo opère plus de 800 véhicules commerciaux dans la Bay Area, sur un total de 2 500 à travers les États-Unis. L'entreprise, filiale d'Alphabet (la maison-mère de Google), assure désormais 450 000 trajets payants par semaine au niveau national.
En d'autres termes, les robots-taxis sont passés du stade expérimental à celui d'acteur majeur du transport urbain. Pour les nouveaux arrivants dans la région, le choc culturel est saisissant : commander un taxi et voir arriver une voiture vide relève encore de l'expérience surréaliste. Pour les habitués, c'est devenu aussi banal que de croiser un scooter électrique sur le trottoir.
Des mésaventures à répétition
L'incident du cul-de-sac n'est malheureusement pas isolé. Quelques jours plus tôt, une Waymo à Los Angeles avait défrayé la chronique en traversant... une intervention policière en cours. Les images montrent le véhicule autonome passant tranquillement devant un suspect plaqué au sol, tandis que des officiers du LAPD tentent en vain de lui faire prendre une autre direction. Le robot-taxi, imperturbable, continue sa route sous le regard médusé des témoins.
La liste des incidents s'allonge : en octobre dernier, une Waymo avait tué KitKat, le chat emblématique d'une épicerie du Mission District, provoquant l'émoi du quartier. Plus récemment, fin novembre, un autre véhicule a heurté un petit chien dans le Western Addition, alors même que les passagers, dont des enfants, hurlaient pour qu'il s'arrête.
La mort de KitKat révèle les défis des véhicules autonomes
La réponse de l'entreprise
Face à ces accumulations de dérapages, Waymo adopte un discours mesuré. Dans un communiqué concernant l'incident du 6 décembre, l'entreprise explique que les deux véhicules ont fait "un contact mineur à faible vitesse" lors d'une manœuvre multi-points. Le porte-parole ajoute : "Nous examinons cela plus en détail, et lorsque nous rencontrons des situations comme celle-ci, nous sommes en mesure d'en tirer des leçons et d'apporter des améliorations."
Une déclaration qui résonne comme un refrain familier pour quiconque suit l'actualité de la tech : l'erreur est une opportunité d'apprentissage, le bug devient une fonctionnalité à perfectionner. Reste que pour les habitants qui partagent quotidiennement les rues avec ces véhicules, la patience commence à s'effriter.
Vivre avec les robots au quotidien
Au-delà de l'anecdote virale, ces incidents soulèvent une question fondamentale : comment cohabiter avec une technologie qui transforme radicalement notre rapport à l'espace urbain ? Les Waymo sont partout désormais – on les voit faire demi-tour maladroitement, attendre sagement aux feux rouges, parfois bloquer la circulation en cherchant l'adresse exacte du client.
Pour les francophones fraîchement installés dans la région, c'est l'un des signes les plus visibles que l'on vit désormais dans le laboratoire grandeur nature de la Silicon Valley. Là où Paris débat encore de l'interdiction des trottinettes électriques, ici les voitures sans conducteur sillonnent les rues par centaines.
L'expansion continue à un rythme effréné. Waymo vient d'obtenir l'autorisation d'opérer dans l'ensemble de la Bay Area (neuf comtés), propose depuis novembre des trajets sur autoroute, et prévoit de conquérir une douzaine de nouvelles villes américaines en 2026. L'entreprise a même annoncé son arrivée à Londres et Tokyo.
Entre fascination et inquiétude
L'incident du "Waymo standoff", comme l'ont surnommé les réseaux sociaux, cristallise l'ambivalence collective face à cette révolution technologique. D'un côté, on admire la prouesse technique : des véhicules capables de naviguer dans le trafic chaotique, de reconnaître les piétons, de se garer seuls. De l'autre, on s'inquiète légitimement lorsqu'ils peinent à gérer l'imprévu – qu'il s'agisse d'une impasse trop étroite ou d'un chien qui traverse.
Un homme en gilet jaune a finalement dû intervenir pour dénouer la situation du 6 décembre, rappelant cette évidence : les robots ont encore besoin des humains. Du moins pour l'instant.
Ce qu'il faut retenir
Pour les francophones de la Bay Area, nouveaux venus ou visiteurs, le message est clair : oui, ces voitures blanches sans conducteur font désormais partie du décor. Non, elles ne sont pas infaillibles. Et si vous en croisez trois bloquées dans une impasse, vous tenez peut-être la prochaine vidéo virale.
Bienvenue dans le futur – avec ses promesses, ses bugs, et son lot d'anecdotes surréalistes qui font le sel du quotidien dans la capitale mondiale de la tech.
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