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ROGER SASPORTAS - "Le théâtre comme moyen pédagogique est intéressant pour tout ce qui est comportement humain"

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 15 mars 2016, mis à jour le 8 février 2018

Roger Sasportas a fondé RS Management en 1989 et a contribué à développer les formations par le théâtre en entreprise. Aujourd’hui, les plus grandes sociétés, dans tous les secteurs, lui font confiance et c’est à travers Recursimo, spécialiste de l’interculturel au Brésil, que RS Management entend désormais s’implanter dans ce nouveau pays. Lepetitjournal.com a rencontré Roger Sasportas à Rio, pour son premier séjour brésilien.

Lepetitjournal.com : Pouvez-vous nous en dire plus sur votre parcours ? Venez-vous du théâtre ou de l’entreprise ?
Roger Sasportas :
J’ai envie de dire les deux, mais plutôt de l’entreprise. J’ai eu une petite vie d’entreprise avant, dans le domaine commercial et des ressources humaines, mais assez courte puisque j’ai créé RS Management assez jeune, en 1989. On a créé une passerelle entre le monde de l’entreprise et le monde du théâtre, c’est-à-dire qu’on s’est dit que les techniques du théâtre seraient efficaces pour le monde de l’entreprise et cela a été le cas. A condition de ne pas tomber dans le piège du théâtre pour le théâtre, ce n’est pas une finalité. On utilise des formations par les techniques du théâtre, de l’acteur (expressions verbale, corporelle, émotionnelle), pour faire en sorte que les personnes soient plus efficaces lors d’une communication orale, une prise de parole en public ou une gestion des conflits par exemple. Ces techniques permettent d’avoir une certaine posture, un certain comportement et de gérer ses émotions.   

Comment se passent concrètement vos formations ?
Pour 70% d’entre elles, ce sont des formations courtes, de deux jours. On va faire venir au théâtre un groupe de sept-huit stagiaires, salariés de l’entreprise, qu’on va faire monter sur scène pour expérimenter tout de suite ce qu’ils viennent d’apprendre des formateurs qui sont des comédiens professionnels. Ces derniers vont leur expliquer par exemple comment maîtriser leur posture, vocabulaire, parole, gestuelle, regard, etc. et les font donc ensuite monter sur scène pour des mises en situation, des jeux, des techniques d’improvisation théâtrale, tout cela ramené au monde de l’entreprise pour travailler son efficacité en réunion, face à un client qui vous déstabilise, etc. Les stagiaires vont savoir comment encaisser, reformuler, garder leur sang-froid voire tourner cela avec de l’humour s’il le faut… Ainsi, sur les deux jours, ce seront 20% de théorie et 80% de pratique.

Quelle est la part de l’improvisation dans les techniques utilisées ?
Elle est très importante, c’est l’ADN du comédien et donc l’une des techniques phares de notre approche parce que l’improvisation permet de travailler sur l’instant présent, surtout lors d’une négociation, d’un entretien avec son PDG, avec un client… Il faut s’en sortir maintenant. Cela permet aussi de travailler son imaginaire, car celui-ci rend service face aux imprévus, mais aussi la répartie avec des matchs d’improvisation.

Quels sont les objectifs du théâtre en entreprise ?
La formation phare, sur laquelle nous sommes leaders à Paris toutes pédagogies confondues, c’est la prise de parole en public. Mais presque tous les problèmes rencontrés dans le monde de l’entreprise peuvent être traités par le théâtre donc nous nous sommes déclinés sur la gestion des conflits, qui est d’abord un problème de communication, la gestion du stress, le management (posture, charisme, communication) ou encore la négociation (commerciale notamment en travaillant sur le naturel, la spontanéité, la répartie, la crédibilité…). Le théâtre comme moyen pédagogique peut être très intéressant pour tout ce qui est comportement humain.

Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez concernant les entreprises et leurs employés ?
Au départ, la question  n’était pas tant de savoir comment faire passer le message en entreprise, mais est-ce que cela serait accepté par le monde de l’entreprise. Il y a encore une vingtaine d’années, il fallait y aller doucement, le réflexe de l’entreprise, c’était de dire : "Le théâtre, quel rapport avec l’entreprise ? On n’est pas là pour s’amuser, pour jouer, on est là pour travailler, pour être sérieux". Après, elles se sont aperçues que nos techniques étaient très concrètes, très pragmatiques, et elles ont commencé à accepter cela. Les premiers clients ont été les banques et elles restent nos premiers clients. Ensuite, on est passé à l’industrie et les ingénieurs ont adoré cela. Et puis on a touché tous les secteurs, à partir du moment où il y a des hommes et des femmes, besoin de communiquer, de gérer des conflits, du stress, cela nous concerne. Passé le cap du contrat signé avec l’entreprise, nous pouvons en effet connaître parfois des réticences de la part de stagiaires eux-mêmes. Ce sont des cas ponctuels qui viennent du fait qu’on leur a imposé la formation (20-30% sont imposées par les entreprises) et/ou parce que ce sont des esprits contestataires, qui n’aiment pas se dévoiler face aux autres. Mais c’est rare parce que le théâtre a un côté magique qui permet de se découvrir, de se lâcher.

Est-ce que vos formations ont pu faire naître des vocations justement avec des salariés devenant comédiens ?
Assez rarement, parce qu’on indique dès le départ que notre formation n’est pas faite pour faire du théâtre, ce sont uniquement les techniques avec un parallèle dans l’entreprise. Mais, grosso modo, 10% des stagiaires veulent faire du théâtre ensuite.

RS Management est également présent à l’international. Désormais au Brésil, comment cela s’est fait ?
C’est une question d’opportunité humaine, ce n’est pas du tout une stratégie d’expansion internationale planifiée. Je rencontre des gens, comme cela a été le cas avec Françoise Donant de Recursimo, et si ces personnes croient au produit et qu’on arrive à s’entendre, on essaye. RS Management apporte sa crédibilité, ses 26 ans d’expérience, nos très belles références… Nous sommes ainsi présents à l’Ile de la Réunion, au Maroc, à New York, en Belgique et désormais au Brésil où je vois un très grand potentiel. Françoise Donant est venue à Paris et je lui rends la pareille en venant ici à Rio, nous sommes sur la même longueur d’onde.

Les formations sont-elles les mêmes en France et à l’étranger ?
Fondamentalement oui, le théâtre est universel, il a partout son mot à dire, mais il y a des différences culturelles. On ne peut pas négocier ni organiser la formation de la même manière dans l’Océan Indien, au Maroc et à Paris. Même en France, il y a des nuances selon les régions. A la Réunion par exemple, les gens sont très susceptibles, ont peur de se découvrir, donc l’approche est différente pour faire passer le message. Aux Etats-Unis, les Américains sont certes à l’aise dans la forme, mais dans le fonds, ils ont des problématiques qui ne se voient pas. Eux aussi ont besoin de préparer leurs discours, etc. A part cela, sur le fond, tout est pareil : ce sont des hommes et des femmes qui rencontrent des problèmes dans le monde de l’entreprise pour mieux travailler, prendre la parole, convaincre les autres, gagner leur confiance...   

Malgré la crise, vous pensez que vos formations peuvent fonctionner au Brésil ?
Ma conviction et mon côté optimiste font que je pense qu’on peut convaincre de nombreuses grandes entreprises qui ont un souci pour que leur personnel soit meilleur, mieux dans sa peau, mieux coordonné, etc.

Propos recueillis par Corentin CHAUVEL (www.lepetitjournal.com - Brésil) mercredi 16 mars 2016

- Voir le site de RS Management

Françoise Donant, directrice associée de Recursimo :

"Les formations sont prêtes à commencer, au moins à Rio. Il y a la structure, deux équipes de comédiens-formateurs sensibilisés et les théâtres. Je suis également présente sur le plan de la pédagogie et de l’adaptation à la culture." 

lepetitjournal.com Rio
Publié le 15 mars 2016, mis à jour le 8 février 2018

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