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VILLE - Encore trop d’enfants des rues

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 22 juillet 2010, mis à jour le 13 novembre 2012

Le Brésil vit au rythme d'une croissance accélérée qui enrichit les plus démunis, et de programmes d'aide sociale qui ont contribué à sortir 30 millions de personnes de la pauvreté absolue ces dix dernières années. Malgré cela, les SDF continuent à hanter en nombre les artères des grandes villes. Et la quantité d'enfants des rues ne diminue pas vraiment : à Rio de Janeiro ils seraient 1.200. Une question de politique sociale plutôt que de lutte contre la faim

Largo do Machado, zone résidentielle de la zone sud de Rio, un soir de fin avril. Treize garçons et filles, adolescents, respirent consciencieusement les vapeurs hallucinogènes de colle industrielle enfermée dans un sachet en plastique. Au journaliste qui les interroge, ils répondent tranquillement qu'ils vivent de vols et rapines diverses. Tous habitent sur le trottoir et sont originaires de Duque de Caxias, São João de Meriti, Queimados ou autres agglomérations périphériques de la région métropolitaine de Rio.

Un jeu de gendarmes et voleurs
''Un bon portrait de ce à quoi nous sommes quotidiennement confrontés '' commente un assistant social du Conseil Tutélaire des Mineurs de la Mairie, lequel vient de procéder à un recensement de la population de rue de Rio de Janeiro. 4.500 SDF, dont 1.200 enfants. 50% d'entre eux viennent de la grande périphérie où les autorités les renvoient régulièrement après les avoir recueilli. Mais 65% d'entre eux reviennent dans les jours qui suivent.

''Certains de leur propre chef, note Silva Filho, professeur de Sciences sociales de l'Université d'État de Rio de Janeiro, mais la plupart sont renvoyés par des réseaux d'exploitation du travail infantile, parfois avec la bénédiction des parents qui s'économisent ainsi une bouche à nourrir.''

Ce jeu de gendarmes et voleurs entre les services sociaux et les enfants de la rue est sans fin : recueillis la nuit dans des abris de premiers secours où ils peuvent se laver, manger et dormir, ils sont ensuite embarqués dans des fourgons de la Mairie qui les ramènent dans leurs  foyers d'origine, au nom de la politique de regroupement familial. Peu après, ils s'en retournent librement là où ils ont déjà été recueillis.

Rassembler les efforts
''Nous manquons de coordination entre les différentes municipalités, reconnaît Carlos Augusto de Araujo, sous-secrétaire à la protection sociale de la ville de Rio, nos collègues ne sont pas toujours avertis lorsqu'on renvoie un enfant dans son secteur''. Pire, il n'existe aucune base de données centralisée entre l'État de Rio et les différentes mairies des environs. Un enfant qui a fait l'objet d'une intervention quelque part n'est pas répertorié ailleurs.

Forts de l'étude réalisée sur la population de rue de Rio, les autorités veulent corriger au plus vite ces dysfonctionnements. Mais la coordination des listings des enfants des rues ne va pas suffire pour résoudre le problème. ''Elle doit s'accompagner de politiques sociales d'encadrement dans les familles, explique Silva Filho, car c'est là que réside l'origine du problème''.

Un problème qui n'est plus seulement une question de misère ou de pauvreté. Aujourd'hui, la plupart des parents de ces enfants reçoivent une bourse famille qui les aide à joindre les deux bouts. ''Mais ce sont généralement des familles déstructurées, où la mère est seule chef de foyer. Elle travaille à l'extérieur, ne sait souvent ni lire ni écrire, l'encadrement éducatif est déficient'', complète Solange Gorette, directrice du département de protection spéciale de Duque de Caxias.

L'autre bout de la lorgnette
C'est l'autre bout de la lorgnette, celui que les habitants de la zone sud de Rio ne voient pas lorsqu'ils sont sollicités au feu rouge, par un enfant qui fait la manche ou agressés par un groupe d'adolescents le soir dans une ruelle isolée.

Des actes de vandalisme en diminution pourtant, ''ce n'est pas encore le meilleur des mondes, admet Augusto Boisson, président de l'association des habitants de Leblon, mais la mairie fait un effort pour réduire la population d'enfants des rues dans notre quartier''.

Un effort qui doit aussi s'accompagner d'une intervention d'encadrement à la source, là où naissent les problèmes, dans les cités périphériques de Rio de Janeiro. Les autorités semblent l'avoir compris.

Jean-Jacques Fontaine (www.lepetitjournal.com ? Rio de Janeiro) jeudi 22 juillet 2010
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Publié le 22 juillet 2010, mis à jour le 13 novembre 2012

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