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KATIA VAZ - "Je n'aime pas arbitrer les matchs de foot féminins"

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 14 octobre 2013, mis à jour le 16 octobre 2013

Katia Vaz est la seule arbitre femme de la fédération paulista de Futsal 7 Society. Une femme arbitrant un match de foot masculin, c'est plus commun au Brésil qu'en France, même si la aussi, il y a encore des progrès à faire.

Katia Vaz est vendeuse du lundi au vendredi, elle consacre ses soirées et ses week-ends à sa passion : le football. Elle ne joue pas mais sur le terrain, c'est elle qui détient l'autorité. ''C'est une sensation de supériorité que je ressens, de pouvoir, cela inverse la situation du travail, où je suis la subordonnée, l'image de la femme fragile, le dernier mot est le mien'', explique la jeune femme.

Katia est avant tout passionnée de sport. Ancienne joueuse de basket, elle se met au foot un peu tard, à la suite d'une blessure au bras. Elle a dix-huit ans lorsqu'elle se rend à ses premiers entraînements. Il n'a jamais été question pour elle de devenir professionnelle, elle était engagée sur les chemins de la faculté et de l'emploi.

Ayant des contacts avec le monde de l'arbitrage, elle finit par prendre un cours "pour être déléguée", précise la jeune femme. Elle a commencé ainsi, en notant les actions et les buts, derrière une table, à l'abri de l'animation du terrain. Ce qui l'a poussé à passer de l'autre côté ? "Voir trop d'erreurs d'arbitrage", déclare t-elle.

La seule femme de sa fédération
Depuis deux ans, Katia est arbitre de futsal 7 society, un autre type de football, très populaire au Brésil. La partie compte sept joueurs, sur un terrain plus petit, en salle et dirigée seulement par deux arbitres latéraux. Elle intervient en première, deuxième et troisième division. Katia est la seule femme de sa fédération. ''Le foot est un monde masculin, machiste. En tant que femme, on doit lutter constamment'', explique t-elle.

Aujourd'hui, 90% des matchs qu'elle arbitre sont masculins. ''C'est un fait, il y a beaucoup plus d'équipes masculines que féminines'', explique la jeune femme. Pour Katia, ce n'est pas un problème : ''je n'aime pas arbitrer des matchs féminins, je ne le supporte pas. Je les connais presque toutes alors il existe un conflit de personnalité entre moi, Katia et l'arbitre, sur le terrain. Elles m'appellent par mon prénom et discutent trop mes décisions.''

''Les joueurs outrageants restent une minorité''
Dans ce monde, encore peu féminisé, les préjugés et les insultes, Katia les entend fréquemment : ''va faire la lessive'', ''sapatão'' (terme péjoratif signifiant lesbienne). La relation avec les joueurs est parfois compliquée. Certains n'acceptent pas ses décisions mais l'arbitre y répond toujours de manière ferme. S'ils vont trop loin, elle n'hésite pas à sortir le carton. Quant aux chants venant des tribunes, il n'y a pas grand chose à faire, Katia ne s'en préoccupe pas. Jamais rien de ce qu'elle a entendu ne l'a poursuivi jusque chez elle. ''Contrairement à ce que les gens pensent, les joueurs outrageants restent une minorité, confie Katia. Souvent, le comportement d'un joueur insatisfait est lui même réprimé par les autres joueurs de son équipe. Malgré tout, il y a un certain respect pour la figure de la femme'', conclut-elle.

Pour autant, la jeune femme reconnaît qu'elle n'a pas la même légitimité qu'un homme sur le terrain. ''Généralement, l'erreur vient de mon collègue masculin mais la responsabilité retombe sur moi. Ça arrive tout le temps parce que 'les femmes ne connaissent rien au foot'. Je ne réponds pas à ça, je ne peux pas'', confesse-t-elle. Il y a encore du chemin à faire mais Katia est confiante : ''Le président de notre fédération souhaite mettre un trio féminin à la tête des compétitions, pour mon premier match, il m'avait mise en première division, il a confiance en moi'', lance t-elle souriante.

Lorsque Katia n'est pas sur le terrain, elle est dans un stade. L'argent gagné en arbitrant est aussitôt dépensé pour sa passion. Le c?ur de l'arbitre bat pour Palmeiras mais là encore elle ne le crie pas sur les toits, cela aussi pourrait devenir un argument sur le terrain pour contester ses décisions.

Charlotte DEROUIN (www.leptitjournal.com ? São Paulo) mardi 8 octobre 2013

lepetitjournal.com Rio
Publié le 14 octobre 2013, mis à jour le 16 octobre 2013

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