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COUPE DU MONDE - Solidar Suisse tire à boulets rouges sur la Fifa et le gouvernement brésilien

Écrit par Lepetitjournal Rio de Janeiro
Publié le 19 octobre 2014, mis à jour le 19 octobre 2014

La Coupe du monde au Brésil, achevée depuis trois mois, est encore au centre des critiques. Elles ne concernent pas le football, mais tout ce qui a entouré la compétition : utilisation de l'argent public, annulation de projets, expulsions de domiciles, traitement des travailleurs et bien d'autres. L'ONG Solidar Suisse dénonce avec vigueur les injustices du Mondial. Lepetitjournal.com vous donne les grandes lignes de ce rapport choc, qui devrait alimenter la polémique.

Dans son rapport, publié mercredi dernier, Solidar Suisse, qui lutte pour plus de justice sociale, économique et politique, rappelle une vérité : la Coupe du monde 2014 est la plus chère de l'histoire. 10,4 milliards d'euros ont été investis, soit le double de l'édition allemande de 2006, en majorité de l'argent public alors que de nombreux investissements privés avaient été annoncés. Pour appuyer ces chiffres, Solidar Suisse s'est penché sur l'endettement des villes brésiliennes : celles qui ont accueilli des matchs ont augmenté leur dette de 51% entre 2012 et 2014, alors que d'autres grandes villes du pays, non impliquées dans la compétition, ont connu une hausse de 20% en moyenne.

Des investissements controversés
Les investissements pour la rénovation ou la construction des stades sont les premiers pointés du doigt. Malgré un taux de remplissage en hausse après la Coupe du monde, l'ONG affirme qu'ils ne seront jamais rentabilisés dans des villes comme Manaus, Cuiaba, Natal et Brasilia, qui n'ont aucune équipe en première division brésilienne. La construction a elle dépassé le tarif habituel : le prix du siège est évalué à 4.870 euros, contre 2.730 en moyenne lors des deux dernières éditions.

Les chantiers des stades ont aussi des conséquences humaines : huit ouvriers sont morts sur les chantiers, notamment sur les retardataires, et, selon une étude, 83% des travailleurs étaient payés au salaire minimum brésilien ou à peine au-dessus. Plus globalement, la Coupe du monde aura surtout créé des emplois temporaires dans les domaines du tourisme et du bâtiment, mais très peu de postes pérennes.

Toujours concernant les investissements, les projets d'infrastructures auraient pris du plomb dans l'aile : 16 des 44 annoncés ont été annulés, soit un taux de réalisation de 70%. L'argent a-t-il été bien réparti ? Tout le monde a le souvenir des manifestations précédant la Coupe du monde.

Quand Mondial rime avec souffrance sociale
Les marchands de rue, que vous voyez toute l'année dans les grandes villes, auraient eux aussi souffert du Mondial puisque, selon Solidar Suisse, ils ont été chassés des alentours des stades. L'ONG prend l'exemple de São Paulo, où seuls 2.400 vendeurs sur les plus de 150.000 habitués, ont eu le droit de s'installer.

Pire encore, des milliers de Brésiliens ont été chassés de chez eux, pour laisser place aux travaux autoroutiers ou de chemins de fer : 36.653 selon le gouvernement, 250.000 selon l'ONG. Aucun préavis ni indemnisation n'étaient prévus dans la plupart des cas.

En conclusion, la vraie question du rapport est de savoir à qui a profité le Mondial. 10,4 milliards d'euros investis, 11,7 milliards d'euros de recettes selon le ministère du Tourisme, mais ces recettes ne vont pas toutes dans les caisses de l'Etat, qui va continuer à rembourser ses investissements. Le grand gagnant semble être la Fifa : selon les estimations, son bénéfice atteint entre 4 et 5 milliards d'euros.

Florent ZULIAN (www.lepetitjournal.com - Brésil) lundi 20 octobre 2014

lepetitjournal.com Rio
Publié le 19 octobre 2014, mis à jour le 19 octobre 2014

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