Tom Ashe est un sympathique anglais de 34 ans. Ce souriant joueur de trombone est arrivé à Rio en 2008 et a fondé Favela Brass l'an dernier. Il s'agit d'une école de musique pour les jeunes de la favela de Pereirão, située entre Laranjeiras et Santa Teresa, où il vit. Lepetitjournal.com est allé à sa rencontre.
Tom Ashe voue sa vie à la musique. Installé depuis six ans à Rio, le projet "Favela Brass" trottait dans la tête de ce joueur de trombone anglais depuis le constat qu'il a fait lors d'une prestation musicale spéciale au Complexo do Alemão à laquelle il a assisté. La samba qui était jouée autrefois dans les foyers cariocas, et notamment dans ces lieux de création de la samba, est désormais délaissée au profit du funk.
Les concerts de samba ne se produisent plus dans les habitations des morros. Quelques endroits subsistent comme la Pedra do Sal qui poursuit cette tradition, mais c'est une exception. ''Pourtant la ville de Rio regorge de musique live", fait remarquer Tom Ashe. Après des projets à court terme, Tom Ashe a vu plus grand, désirant former des jeunes qui pourront devenir musiciens professionnels et ensuite, à leur tour, enseigner aux jeunes du quartier et perpétuer cette tradition musicale.
C'est ainsi qu'est né, dans sa propre maison de la favela de Pereirão, sur les hauteurs de Laranjeiras, Favela Brass, un projet qui dépasse l'aspect social de seulement former des jeunes des favelas. Il est ''bien plus large car il touche à la culture même du Brésil'', souligne le Britannique. Cette culture musicale se perd même parmi les jeunes musiciens brésiliens qui, sans formation, n'ont pas accès à des connaissances élémentaires : le solfège est souvent inconnu et les partitions apprises par c?ur, la finesse et la complexité, se tarissent peu à peu.
Jouer de la musique en s'amusant
Favela Brass compte plusieurs professeurs dont un de renom dans le monde de la samba. Ils participent bénévolement pour certains, ou échangent leur talent contre une chambre dans la maison de Tom Ashe à un prix réduit. Une quinzaine
Pour financer Favela Brass, Tom Ashe participe en grande partie de sa poche, mais ne s'en préoccupe pas. Les fonds qu'il désire obtenir serviront à payer d'autres instruments, ainsi que les salaires des musiciens. Il organise donc des soirées jazz et des "curry club". ''Comme tout Anglais qui se respecte, je suis un fan inconditionnel du curry'', dit-il en souriant. Les recettes de ces événements profitent directement à l'école, pour''faire tourner la machine''. Tom Ashe travaille également sur un projet de "crowdfunding" qu'il espère sortir pendant la Coupe du Monde pour essayer de briguer le plus d'attention possible. Il filme notamment ses cours pour ensuite les diffuser sur Internet afin de montrer au public ce qu'il fait, pour les convaincre de l'aider.
Un cours détonnant et divertissant
Nous assistons ainsi à une séance hebdomadaire avec les enfants et découvrons comment fonctionne les rouages de cette
Les méthodes utilisées sont aussi innovantes et originales, convenant bien à ces enfants débordant d'énergie qui veulent jouer avant d'apprendre la lecture des notes. Ainsi le rythme est transformé en des objets de la vie quotidienne que l'on chante : "gua-ra-na" pour les triolets, "quei-jo" pour les croches. Quant à la lecture des notes, ce sont des symboles géométriques de formes et de couleurs différentes qui sont placés sur la partition et l'instrument. Tom Ashe souhaite que les enfants prennent le maximum de plaisir avec le minimum d'investissement : ''il ne faut pas les démotiver, mais au contraire qu'ils prennent du plaisir à jouer''. Et petit à petit, il leur apprend à jouer, lire une partition, et connaître la musique, tout en restant ludique. C'est ainsi que le sympathique Britannique arrive à leur donner les clés pour devenir de véritables musiciens de samba qui, un jour, joueront dans la favela où ils ont grandi.
Nicolas SANCHEZ (www.lepetitjournal.com ? Brésil) jeudi 8 mai 2014
Meia noite no Rio Tom Ashe organise une soirée jazz samedi soir afin de financer son école de musique pour les enfants de la favela de Pereirão, mais aussi pour danser. Plus d'infos en cliquant ici |