Les expositions nous ont gâté ce mois. C’est cette période de l’année où un hommage est rendue aux jeunes artistes, où des expositions itinérantes s’installent pour quelques semaines et bien sûr en dehors de cela la création artistique continue.
Revealed au Fremantle Arts Center
L’exposition, Revealed 2022 met en lumière des artistes de 29 centres d’arts aborigènes et 9 artistes indépendants avec plus de 250 œuvres en tout genre, peintures, installations, textiles, photographies, médias imprimés, vidéos, bijoux, tissages et sculptures.
Bien des histoires sont à l’origine de ces œuvres et c'est l’occasion d’apprendre davantage sur les communautés, leur pays et traditions.
Le nombre de personnes à attendre l’ouverture était impressionnant, toutes ces œuvres étaient à vendre et à des prix abordables, d’où l’engouement.
Mon coup de cœur va à l’installation de Ilona McGuire, The sixth spade dont les pelles sont puissantes de signification pour une Australie occidentale dont l’exploration minière a une grande place, pour son identité et sa situation économique. Esthétique aussi, l'ocre blanc rayonne à partir du monticule rouge, des éclaboussures multicolores jaillissent tout autour.
Il y en a bien d’autres, toutes ces œuvres ont un intérêt, soit visuel, soit par le message qu’elles communiquent, soit les deux.
Un autre très belles séries est celle de Sharon Egan « Not Ngooni » (frères de sang) où la peinture n’est autre que la résine de Balga (Grasstree) sous une forme très rouge. Cette substance est précieuse pour les aborigènes, son utilisation est multiples, la fabrication d’outils, allumer le feu…Des pièces magnifiques et lourdes de sens.
Je vous recommande vivement cette exposition.
The West Australian Pulse 2022 à l’Art Gallery of Western Australia
Cette exposition présente 49 œuvres de jeunes artistes diplômés de l’école secondaire. Elle met en évidence les incroyables compétences techniques, la profondeur de leur préoccupations concernant l’avenir de la planète, les problèmes familiaux, d’identité et de santé mentale.
Le premier prix revient à la toile de Tanami Dundas-Steedman, « Home », un œil d'enfant qui regarde à travers une porte légèrement entrouverte, juxtaposé au bras d'une femme qui se protège. Ce travail est une déclaration visuellement saisissante sur la violence familiale à partir de plusieurs points de vue.
Que ces jeunes poursuivent une carrière artiste ou pas, ils sont engagés et nous ont offert une fenêtre sur leur points de vues, plus matures que l’on ne pourrait croire.
The sixtine Chapel au Naval store à Fremantle
La chapelle Sixtine est l’une des œuvres d’art de la renaissance italienne les plus célèbres du monde mais perché à 20m de hauteur pas simple d’en percevoir tous les détails.
Le hall du naval store est pour l’occasion entièrement recouvert des représentations de ces fresques, vous y verrez les neuf scènes de la genèse, les ancêtres du Christ, les sept prophètes et cinq sibylles ainsi que l’histoire du peuple d’Israël, des photos très détaillées que vous pourrez approcher de très près. Grace à l’audio-guide ou une application sur votre téléphone vous bénéficierez d’amples explications pour chacune des 34 fresques ainsi exposées. Il faut compter deux bonnes heures pour faire le tour.
S’il s’agit plus d’une expérience éducative que d’une exposition artistique mais une occasion unique de découvrir les détails d’une œuvre gigantesque qui vous donnera certainement l’envie d’aller voir l’œuvre originale.
Hatched 2022 National Graduate Show at PICA
Cette exposition regroupe 25 œuvres concoctées par les élèves de la promotion 2021 d’écoles d’art à travers l’Australie.
La diversité des œuvres exposées frappe tant par les mediums utilisés tant par les idées qu'elles véhiculent explorant les concepts du foyer, de ses racines, de connexion, d'identité et de changement. Elles reflètent la diversité des expériences du monde d'artistes émergents à travers le pays.
Dylan Sarra, avec Art of the Petroglyphs vous fait entrevoir la responsabilité dont il se trouve investi malgré lui avec ses pierres gravées qui proviennent de ses ancêtres. Elles ont été déterrées sur les rives de la rivière Burnett lors de travaux d’irrigation, envoyées dans différentes institutions dans le Queensland, elles ont été très vite oubliées. Il les fait revivre et nous fait partager son histoire. C’est bien plus qu’un projet artistique.
Susie Althorp, elle, nous envoute et nous charme avec un mobile géant en céramique « Immerse ». Les formes délicates en porcelaine flottent comme du varech au grès des mouvement d’air, projetant des ombres à travers une douce lumière dorée. Une atmosphère subaquatique qui nous rappelle la vulnérabilité de l’écosystème marin
D’origine vietnamienne, Shaye Du’o’ng joue avec de la cire pour recréer un mausolée comme ceux que l’on trouve dans toutes les maisons vietnamiennes, une plaque de cheminée ornée de chiens à tête de Vache-qui-rit.
Impossible de les nommer tous, prenez le temps de les découvrir.
Wingspan au Goods shed à Claremont
Originaire d’Europe de l’est les parents de Kati Thamo ont fui la Hongrie après la deuxième guerre mondiale. Elle a grandi à Perth mais son art fait écho à ses origines.
Tel un oiseau migrateur, nous passons d’’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre tout en douceur, une référence pas anodine à l’immigration.
Tout comme des illustrations de contes, ses dessins et estampes sont d’une grande poésie, plein de détails, on ne se lasse pas de les regarder. On retrouve la même poésie dans un style diffèrent avec les dessins d’oiseaux australiens, plus colorés, plus joyeux peut être…
Dans la petite pièce du fond, des ombres chinoises défilent : on retombe en enfance
Une très belle exposition qui vaut la peine que l’on s’arrête dans la très belle gare de Claremont.
Van Gogh à Supreme court garden.
Cette exposition immersive itinérante est une nouveauté à Perth. C’est incontestablement une exposition très commerciale. En entrant vous accédez à un hall qui comporte , un bar, une boutique un atelier de cours de peinture, quelques panneaux comportant des explications sur les tableaux principaux et une reproduction de la chambre de Vincent Van Gogh à Arles, pour faire des photos et les poster sur les réseaux sociaux. Pour accéder au hall d’exposition vous passez par un sas au thème des nuits étoilées, encore l’occasion de faire des photos pour les réseaux sociaux.
Le hall est équipé de nombreux panneaux de projections en trois sections où l’on peut déambuler à loisirs, quelques patch au sol reçoivent aussi des projections d’images. Un diaporama défile en continu et en musique, les tableaux défilent par thèmes, un tableau diffèrent sur chaque panneau. C’est un plaisir de voir défiler ses merveilleuses peintures, cependant je suis restée un peu sur ma faim.
J’ai eu l’occasion de voir, il y a quelques années (avant Covid) une exposition de ce type, aussi sur Van Gogh, à l’Atelier des lumières à Paris qui était beaucoup plus envoutante. Le site industriel magnifique se prêtait tout à fait à ce type d’évènement, mais surtout les tableaux étaient projetés dans leur intégralité sur toute la surface des murs et aussi au sol. Ceci vous donnait vraiment l’impression d’être dans les tableaux, sensations qui manquait à cette exposition.
Cette exposition a toutefois le mérite de faire naitre ou renaitre un certain intérêt pour Van Gogh et les peintres postimpressionnistes et faire découvrir ses tableaux.