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Bilan culturel No22 du mois de mai 2022 à Perth et sa région

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Fremantle Arts Center opening
Écrit par Isabelle de Casamajor
Publié le 4 juin 2022, mis à jour le 5 juin 2022

Retour en force des activités culturelles, une grande diversité, expos, cinés et théâtres qui mettent en lumières toute la créativité que l’on peut trouver en Australie occidentale.

Les expositions feront l’objets d’un autre article.

 

Earthside au Blue room theatre

Earthside au Blue room theatre

Kaitlin Tinker nous emmène en voyage, un voyage dans l’espace. L’espace, et un espace inconnu pour la future maman. A travers cet hommage au commandant Ripley incarnée par Sigourney Weaver, l’ultime survivante, Kaitlin nous confit sans complaisance ni non-dit, toutes les étapes de la naissance de son fils, pas aussi glamour qu’on avait voulu lui faire croire.

Elle nous dévoile son désarroi postnatal et ses sentiments tourmentés face à une orthodoxie dévorante qui s'est développée sur la façon d’accoucher, de nourrir, faire dormir, élever les bébés.

Cette comédie intergalactique noire soulève des sujets trop souvent ignoré et gardé sous silence au bénéfice des merveilles de la maternité. Elle est aussi cru et brutale. Mieux vaut y être préparer.

 

This much I know to be true

This much I know to be true de Andrew Dominik

Ce n’est pas une première pour Nick Cave et Warren Ellis, ils ont déjà collaboré à grand nombre de musiques de films.

Ce film, tout en musique, est tourné sans public dans une salle ressemblant à une église où la lumière pénètre partiellement créant des jeux d’ombres envoutant. L'atmosphère est dépouillée et austère, permettant aux chansons de prendre toute leur mesure, parler d'elles-mêmes et de nous transporter .

Les chansons, tirées des albums Ghosteen et Carnage, sont empreintes de chagrin et de douleur, mais il y a aussi de l'humour dans ce film. Durant le confinement Nick Cave a profité de l'occasion pour se recycler (contre l'avis de son manager) en céramiste et une présente la vie du diable.

Les conversations sur les méthodes de travail éclectiques de Warren et Nick sont surprenantes. Nick définit Warren comme un agent du chaos, toujours en mode "émission" plutôt que "réception". Ce qui rend difficile de lui présenter simplement quelque chose d'aussi traditionnel qu'une "chanson".

"Tout un tas de merdes terribles se produisent lorsque Warren et moi entrons dans une pièce. Mais il y a ces moments où tout concorde et la magie opère... ", admet Nick Cave. Warren appelle ces moments " méditatifs " ; Cave les appelle " transcendants ". Nick ironise aussi sur les départs successifs des membres des «Black seeds», suggérant qu’il sera le prochain.

Andrew Dominik nous présente pour finir « the Hand Red Files » qui permet aux fans de Nick Cave de soumettre des questions ouvertes auquel Nick Cave met un point d’honneur à répondre.

Pour finir, Cave révèle qu'alors qu'il s'efforce aujourd'hui de se défaire des étiquettes de musicien et écrivain pour s’affranchir en tant que mari, un père, un ami et un citoyen.

Un bel aperçu de l’intimité créatrice de Nick Cave et un vrai plaisir d’écoute ses chansons.

 

Spectrums of a chocolate cake

Spectrum of the Chocolate cake au Blue room

La star, objets de désirs et de tortures, celui part tout arrive, les désirs coupables et inavouables, c’est le gâteau au chocolat…

Nous assistons à une fête d’anniversaire où quatre jeunes femmes sont réunis pour l’évènement, elles jouent à un jeu de mime, sans un mot. Le mobilier du studio un peu désuet s’évanouit peu à peu pour laisser place à la danse.

Les sentiments  explosent alors, plaisir innocent ou culpabilité, voracité ou modération, complaisance ou abstinence, chaque chorégraphie telle une couche de ce fameux gâteau au chocolat nous font passer par toutes les strates de la tourmente qu’il génère.

Le démarrage était un lent mais la danse libère les corps alors que les sentiments se dénouent sans demi mesure, l'état d'ambivalence est clairement rendu par ces interprètes accomplis.

Jusqu’au climax où, il est enfin consommé : vision d’horreur, du chocolat plein les mains, il y en a vraiment partout, quel gâchis !!!

Un vrai clin d’œil à la gourmandise et belle performance.

 

Mothering Sunday

Mothering Sunday d’Eva Husson

Adapté d'une nouvelle de Graham Swift, Mothering Sunday fait des allers-retours entre deux périodes distinctes de la vie de Jane Fairchild, une écrivaine née, et talentueuse.

Un de ces après-midi ensoleillé de mai 1924, jour de la fête des mère, Jane Fairchild (Odessa Young), femme de ménage et enfant trouvée, se retrouve seule et libre pour la journée. Elle retrouve son amant secret Paul Sheringham (Josh O'Connor), le dernier héritier mâle survivant d'une famille aristocratique. Ceux-ci sont à une « garden party » avec leur amis, les employeurs de Jane, M. et Mme Niven (Colin Firth et Olivia Colman).

Les amants s'adonnent avec une certaine malaise à ce qui semble être leur dernier rendez-vous. Paul va devoir retrouver sa famille et sa fiancée, laissant Jane errer nue dans les chambres et les bibliothèques de Paul, tandis qu'il s'en va vers une autre vie et qu'elle découvre ses propres nouveaux horizons. Aucun des deux ne peut prévoir les évènements qui vont changer le cours de la vie de Jane à jamais.

La réalisatrice française Eva Husson évite le côté coincé des films britanniques, les scènes intimes sont crues et sensuelles à la fois, le rythme est lent sans jamais être pesant pour un drame d'époque passionnant sur la perte et la renaissance.

Au début, cela ressemble à une histoire nostalgique d'amour perdu. Puis, le film se transforme furtivement en une triste réflexion sur le traumatisme de la Première Guerre mondiale, qui a bouleversé la vie de nombreuses familles. Enfin, Jane endeuillée à la naissance, n’ayant absolument rien à perdre comme le mentionne un jour Mme Niven, ayant perdue son amour « de jeunesse », elle trouvera son salut dans la création et l’amour des mots.

L'histoire de Jane nous ramène à sa relation de la quarantaine avec le philosophe Donald (Ṣọpẹ́ Dìrísù) et à ses prises de conscience dans les années 1920. Jane Fairchild confit à a ce dernier que les trois événements majeurs dans sa vie furent le jour de sa naissance, le jour où son patron lui a offert une machine à écrire, et un autre jour qu'elle ne révélera pas.

La vie a fait d’elle « un observateur de l’humanité » et le scenario capture à merveille les pouvoirs littéraires émergeants de Jane. Un film qui prend le temps, certain trouveront un peu trop.

 

Sit (or I'll make you sit)

SIT! (Or I'll Make You Sit) au Blue room theatre

Pour faire simple : Ainsley et Blair sortent ensemble,

Blair a récemment rompu avec son Ex, Dom, un homme.

Ainsley ne veut pas emménager avec Blair avant d’avoir rencontré son ex.

Et Tchekhov est le chien de Blair, il ne parle pas mais son regard en dit long.

La rencontre va avoir lieu, un diner en toute simplicité.

Blair est nerveuse et mal-à l’aise, quelques ombres planent sur son passé et elle va devoir y faire face.

Emprise et manipulation, sa relation avec son Dom n’avait rien de paradisiaque, les échanges entre ces trois-là est ambigu, entre dégout et attirance, tour à tour chacun essaye de tirer la couverture à soi, sous le regard dubitatif de Tchekhov, le seul à avoir du recul.

Tous très convaincants, dominés ou dominants mais consentants et attachants, ces jeunes acteurs sont aussi talentueux que surprenants, la pièce est drôle mais grave toujours sur le fil du rasoir.

L’action se joue principalement autour d’une table, la pièce est entourée de barreaux, ce n’est pas un hasard et contribue à l’atmosphère oppressante et oppressive qui y règne.

L’attrait morbide pour l’autre, le besoin d’être aimé quoi qu’il en coute, cette satire vous réserve bien des surprises et un très bon moment.

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