Objets hautement symboliques de la culture aborigène, dans ce dossier en quatre volets nous faisons un peu de lumière sur leurs origines, histoires et autres détails que vous ne pouvez ignorer.
Il existe plus de 200 communautés aborigènes distinctes avec leurs propres dialectes et coutumes. Ainsi, les Aborigènes ne chassent pas tous avec des boomerangs ou ne jouent pas tous du didgeridoo ou ne vendent pas tous des peintures à points !
Les dessins et figures de la peinture aborigène ont tous une signification bien particulière souvent apparentée à la mythologie du rêve. Nous ne connaissons pas toute l'histoire et, à moins d'être initié, vous ne la connaîtrez jamais. Les artistes vous donneront un aperçu de leur culture et de leur histoire, mais une partie de celle-ci est gardée secrète.
Le dossier d’aujourd’hui évoque les bases de la mythologie du rêve et fait un inventaire des principaux symboles utilisés. Pour en savoir plus, je vous recommande d’assister à des visites guidées ou "conversations" avec des artistes aborigènes, eux seul possèdent ce savoir qui nous échappe.
L’art Aborigènes à travers la mythologie
L’art Aborigène est l’une des plus anciennes formes d’art et une des plus importantes sur le plan culturel, en raison du grand symbolisme de ces œuvres.
En effet, la population Aborigène n’ayant pas de langue écrite, l’art Aborigène et son iconographie ont toujours été essentiels. La population autochtone utilisait l’art pour raconter des histoires, et pour communiquer en général.
De ce fait, l’art Aborigène est riche de sens. En décryptant ses symboles, il est possible de décoder des messages anciens. Ces histoires constituent la base de leur mythologie, qui s'appelle le Temps du rêve ou Tjukurpa. Elles peuvent, par exemple, décrire le kangourou qui boit au billabong, la fourmi à miel ou le serpent arc-en-ciel qui façonne la terre en la traversant ou encore vous décrire le chemin pour vous rendre à un point d’eau.
Une cérémonie est un moment au cours duquel les individus dévoilent leurs propres contes. Ces histoires peuvent paraître simplistes, mais elles sont bien plus que cela, elles ont un lien direct avec la nature et l'histoire du peuple aborigène. En effet, le Dreamtime représente une loi à respecter, le chemin à suivre par la communauté.
Certaines personnes pourront même vous dire, avec une grande précision, comment les premiers colons sont arrivés en Australie à la fin du 18ème siècle ! Nous avons nos archives nationales, ils ont les leurs directement ancrées dans leur mémoire !
Mythologie : le Dreaming, le Rêve
Dreaming est une traduction anglaise approximative d'un concept aborigène, qui n'a pas d'équivalent dans les langues occidentales. Les groupes ont chacun leurs propres mots pour désigner ce concept : par exemple, le peuple Pitjantjatjara (région d’Uluru) utilise le terme Tjukurpa, les Arrente (région d’Alice Spring) l'appellent Aldjerinya et les Adnyamathanha (région des Flinders ranges) utilisent le mot Nguthuna.
Pendant le Temps du Rêve, les créateurs ont créé les hommes, les femmes et les animaux, ont établi les lois du pays et la façon dont les gens devaient se comporter les uns envers les autres, les coutumes d'approvisionnement et de distribution de la nourriture, les rituels d'initiation, les cérémonies de la mort qui doivent être accomplies pour que l'esprit du mort voyage paisiblement vers son lieu spirituel, et les lois du mariage.
Le Dreaming fait référence à tout ce qui est connu et à tout ce qui est compris. C'est la façon dont les Aborigènes expliquent la vie et la façon dont leur monde est né. Il est au cœur de l'existence des Aborigènes traditionnels, de leur mode de vie et de leur culture, car il détermine leurs valeurs et leurs croyances ainsi que leur relation avec chaque créature vivante et chaque élément du paysage.
Le voyage des ancêtres créateurs
Le Dreaming raconte les voyages et les exploits des ancêtres créateurs. Les ancêtres créateurs ont créé les arbres, les rochers, les points d'eau, les rivières, les montagnes et les étoiles, ainsi que les animaux et les plantes, et leurs esprits habitent ces éléments du monde naturel aujourd'hui. Les histoires de Dreaming montrent les bons et les mauvais comportements des ancêtres qui chassent, se marient, s'occupent des enfants et se défendent contre leurs ennemis.
Concept de temps
Le Dreaming est souvent compris comme une période de temps, mais ce concept européen d'une unité de temps dans le passé n’en contient pas toute la signification. Le Dreaming n'est pas une époque révolue, mais une entité continue, d'où viennent les gens et à laquelle ils retournent. L'art est l'un des moyens par lesquels les autochtones communiquent avec le Dreaming et maintiennent leur connexion avec lui. Lorsque les gens adoptent les caractéristiques des ancêtres du Rêve par la danse, le chant et l'art et lorsqu'ils entretiennent les sites sacrés, les esprits des ancêtres créateurs sont renouvelés.
Notre "pays »
C'est donc le monde naturel qui constitue le lien entre les gens et le Dreaming, en particulier la terre (ou "pays", « country ») à laquelle une personne appartient.
Les autochtones se considèrent comme liés à ce monde naturel, dont ils font partie, et dont ils connaissent les caractéristiques dans les moindres détails. Cette relation implique des responsabilités pour sa survie et sa continuité, de sorte que chaque personne a des obligations particulières pour protéger et préserver l'esprit de la terre et les formes de vie qui en font partie. Ces obligations peuvent prendre la forme de pratiques de conservation, d'obéissance à la loi, de respect de codes de comportement ou d'implication dans des activités cérémonielles secrètes/sacrées. L’'influence du Dreaming est ancrée dans chaque aspect de la vie quotidienne. Le Dreaming est présent dans les chants, les danses, les contes, la peinture, la fabrication d'objets, les activités de chasse et de collecte de nourriture, ainsi que dans le système social (parenté), car il fournit le cadre de vie.
Un véritable concept de viabilité et durabilité avant l’heure.
Le lien de l'individu avec le Dreaming
Pour les autochtones qui suivent les croyances traditionnelles, le Dreaming est vraiment personnel. Chaque personne y est liée par son Rêve individuel (ou totem), cette croyance implique l'idée que les ancêtres créateurs qui étaient physiquement vivants dans les caractéristiques naturelles du paysage dans lequel ils se déplaçaient autrefois. Chaque personne à son totem dont il doit prendre soin, un excellent moyen de s’assurer de la préservation de l’environnement.
Le Dreaming de l'enfant à naître
Au tout premier stade de la vie, pendant la grossesse, chaque fœtus est censé être activé par l'un de ces "bébés esprits". Leur présence pénètre dans le corps de la mère à partir de l'un des endroits où les bébés esprits se cachent, attendant l'occasion de pénétrer dans un fœtus. En général, la mère associe cet événement à l'endroit où elle prend conscience de porter son enfant pour la première fois. Comme chaque partie du paysage est clairement identifiée à un ancêtre esprit du Rêve, il n'y a généralement aucun doute quant au Dreaming auquel appartient l'enfant à naître.
Conception
Certains auteurs antérieurs ont supposé que les autochtones ne connaissaient pas la conception physique. Ce n'est pas le cas. Les Aborigènes traditionnels avaient tendance à souligner que l'acquisition d'une identité spirituelle était l'aspect vital de la conception. Cette croyance renforce les liens spirituels et physiques que les autochtones entretiennent avec la terre.
Les liens avec la terre
Lorsqu'un aborigène traditionnel regarde le paysage, il voit toujours beaucoup plus que les simples caractéristiques physiques. Il y a une conscience profonde de la présence des ancêtres du Dreaming, des signes de leur présence tout autour, leurs traces, les endroits où ils ont creusé des vallées, fendu des rochers ou perturbé le sol sur leur passage.
Parfois aussi, leurs corps ou ceux de leurs ennemis sont perçus dans les roches, les rochers et les arbres. Leurs esprits réels sont également là, ni dangereux ni inamicaux, ils continuent à vivre dans le monde qu'ils ont créé. Il est possible de communiquer avec les esprits des ancêtres. Le lien ainsi créé est d'une force énorme. Dans l'ensemble, la terre est une "mère" au sens propre du terme.
Les gardiens
Cette interprétation du paysage confère des responsabilités de premier ordre. Dans de nombreux endroits isolés de l'Australie d'aujourd'hui, il existe des lieux calmes et sacrés qui sont régulièrement visités et entretenus par des hommes ou des femmes aborigènes qui sont les gardien des lieux. Leurs responsabilités définissaient généralement le territoire occupé par chaque groupe. Elles constituent également une base pour les revendications de droits fonciers d'aujourd'hui.
Mythologie : Le rainbow serpent
Le serpent arc-en-ciel est un être immortel et un dieu créateur dans la mythologie aborigène. Il a la forme d'un arc-en-ciel et d'un serpent. Le serpent arc-en-ciel joue un rôle important dans les croyances et la culture des Aborigènes de l'ouest de la Terre d'Arnhem.
Le lien entre le serpent et l'arc-en-ciel suggère le cycle des saisons et l’importance de celles-ci et de l'eau dans la vie humaine.
Lorsqu'on voit un arc-en-ciel dans le ciel, cela suppose que le serpent arc-en-ciel se déplace d'un point d'eau à un autre. Cela explique pourquoi certains points d'eau ne s'assèchent jamais en cas de sécheresse.
Il existe d'innombrables noms et histoires liés au serpent. Ils illustrent tous l'importance et la prédominance de sa présence au sein des traditions aborigènes :
- Il est aussi associé aux cérémonies de la fertilité. De nombreux aborigènes de la région de Kimberley croient que le serpent arc-en-ciel place des enfants spirituels dans les trous d'eau. Les femmes seront fécondées si elles s’y baignent.
- Il est élié à l'abondance de nourriture par la propagation des plantes et des animaux, ainsi qu'à la gestion de la communauté et au maintien de la paix.
- Le serpent arc-en-ciel est le protecteur de la terre, de ses habitants et de la source de toute vie. Cependant, le serpent arc-en-ciel peut aussi être une force destructrice s'il n'est pas respecté comme il se doit. Dans les moments de colère ou de rage, il provoque des tempêtes et des inondations pour punir ceux qui désobéissent aux lois. Lors des inondations, le serpent arc-en-ciel avale et consomme les gens et régurgite leurs os, qui se transforment en pierre. Il peut aussi entrer dans un homme et lui donner des pouvoirs magiques, ou laisser dans son corps des "petits arcs-en-ciel", sa progéniture, qui le feront souffrir et mourir.
Le serpent arc-en-ciel est représenté comme une longue créature mythique composée de différentes parties d'animaux, comme une tête de kangourou, une queue de crocodile et un énorme corps de serpent.
La version la plus populaire de l'histoire du Serpent Arc-en-ciel affirme que dans le Dreaming, le monde était plat et stérile. Le Serpent Arc-en-ciel sommeillait sous terre avec toutes les tribus animales dans son ventre, attendant leur naissance. Lorsque le moment fut venu, il se leva en criant aux animaux de se réveiller. Il a créé le soleil et le feu. Il a remué la terre, créant les montagnes, les vallées et les collines, et a inondé la terre d'eau, formant les rivières, les ruisseaux, les billabongs et les lacs.
Les scientifiques ont découvert que les premières peintures du serpent arc-en-ciel apparaissent dans l'art rupestre de la Terre d'Arnhem il y a 6000 à 8000 ans, après la dernière période glaciaire, et l’élévation du niveau des océans.
Mythologie : Les sept sœurs
Les Sept Sœurs sont des êtres ancestraux, c'était des habitants du ciel qui sont descendus sur la terre et y ont été poursuivis par un groupe d'hommes. Pour les hommes, c'était la première fois qu'ils voyaient des femmes et ils étaient pris par le désir. Les femmes ont réussi à s'échapper en les frappant avec leurs bâtons de fouille.
Elles rencontrèrent alors un homme esprit maléfique et sorcier connu sous le nom de "Wati Nyiru" ou "Yurlu" qui les suivies.
Yurlu était profondément amoureux des sœurs et souhaitait prendre l'une d'entre elles pour épouse mais une telle union était interdite par la tradition car il n'appartenait pas au bon groupe de peau.
Persistant, Yurlu poursuivit les sept sœurs à travers le pays. Il a essayé de les capturer en utilisant ses nombreuses ruses et ses métamorphoses. L'une des sœurs a été capturée à un endroit connu sous le nom de Pangkapini, mais les sœurs ont réussi à la sauver. Yurlu a ensuite essayé de capturer cinq des sœurs, mais elles ont toutes réussi à s'échapper. On raconte que les sept sœurs ont été suivies depuis Pirilyi jusqu'au point d'eau de Puyatu (Cave Hill) où se trouvait une grotte dans laquelle les sœurs se sont réfugiées et où elles ont campé pour la nuit. Yurlu, lui, était là à espionner les sœurs. Il y a aujourd'hui un monticule de pierre sur le site, qui serait celui de Yurlu espionnant les femmes. Les femmes se sont échappées de la grotte en utilisant leurs bâtons pour creuser un trou à l'arrière de la grotte.
Il existe de nombreuses étapes et déclinaisons de cette histoire, un peu comme le voyage d’Ulysse. La poursuite s'est étendue aux travers des déserts australiens, traversant les terres des peuples Martu, Anangu, Pitjantjatjara, Yankunytjatjara et Ngaanyatjarra.
L'histoire enseigne des compétences et des leçons vitales pour survivre sur ces terres arides, aux changements de saisons et parle de la création, les sœurs ayant fait partie du paysage, des trous d'eau et des sources alors qu'elles fuyaient Yurlu. Elle nous enseigne également les liens de la famille et des relations. À la fin de l'histoire, les sept sœurs se réfugient dans le ciel, mais le filou les a suivies et la poursuite se poursuit aujourd'hui alors que nous observons les étoiles Pléiades poursuivies dans le ciel nocturne par la constellation d'Orion.
Mythologie : les Mimih
On trouve des peintures rupestres aborigènes représentant des esprits Mimih, datant d'il y a 50 000 ans, sur le rocher Nourlangie, en Terre d'Arnhem ou à Kakadu, dans le Territoire du Nord de l'Australie.
Les Mimih sont des êtres féeriques de la Terre d'Arnhem dans le folklore des indigènes australiens du nord du pays. Ils sont décrits comme ayant des corps extrêmement fins et allongés, si fins qu'ils sont en danger par vents violents.
Pour éviter cela, ils passent généralement la plupart de leur temps à vivre dans les crevasses des rochers. Les Mimih sont si timides qu'ils s’y cachent toute la journée et ne sortent que la nuit en faisant des trous dans les rochers et en sortant avec leurs armes et leurs animaux domestiques, échidnas, crocodiles, kangourous, goannas, bandicoots, wallabies des rochers, papillons, poissons, oiseaux, tortues, barramundis, tortues et petits pythons des rochers, pour n'en citer que quelques-uns, qui vivent dans les rochers et les cours d'eau avec eux.
Ils sont généralement de nature calme et ne s'énervent que lorsqu'un intrus tue ou blesse un de leurs animaux de compagnie. Ils ne s'opposent pas à ce qu'une autre de ces espèces soit tuée pour être mangée, mais ils deviennent extrêmement contrariés si l'un de leurs propres animaux domestiques est blessé. Toute la nuit, les Mimih chassent, pêchent et organisent des cérémonies, puis à l'aube, ils rentrent dans leurs maisons et referment des portes en pierre.
Avant l'arrivée des Aborigènes, ils avaient des formes humaines. Lorsque les Aborigènes sont arrivés dans le nord de l'Australie, les Mimih leur ont appris à chasser, maitriser le feu et à cuisiner les kangourous et d'autres animaux. Ils ont également réalisé les premières peintures rupestres grâce auxquelles les Aborigènes ont appris à peindre.
Les Mimih prodigiaent ces enseignement aux « vieil hommes médecines » (marrkidjbu), qui transmettaient à leur tour leurs connaissances aux anciens de la tribu afin qu'ils puissent les enseigner aux autres hommes choisis.
En l'absence de langue écrite, la peinture était le seul moyen de transmettre l'histoire et la religion de la tribu, garantissant ainsi que les générations futures connaîtraient les exploits des êtres ancestraux qui ont foulé la terre au début des temps.
Les Aborigènes respectent le souhait des esprits Mimih d'avoir une totale intimité, et prennent soin de rester à l'écart des escarpements la nuit.
Dans les années 1960, Crusoe Guningbal (Kuningbal) a introduit pour la première fois des figures sculptées de Mimih pour les cérémonies. Cette innovation dans la pratique traditionnelle était indépendante des diktats du marché de l'art ou du domaine public
Iconographie et symbolisme
La signification des symboles trouvés dans l'art aborigène peut changer en fonction du contexte de l'histoire et peut varier d'une région à l'autre. Les symboles peuvent fluctuer légèrement entre les différents groupes linguistiques, et entre les différents artistes et clans familiaux. Il est donc difficile d’en faire une interprétation certaine.
De plus, une peinture peut avoir plusieurs niveaux d'histoire selon que l'histoire est racontée aux enfants, aux nouveaux arrivants, aux aînés ou aux touristes.
Dans l'art aborigène, les artistes rassemblent des groupes de symboles pour raconter une histoire. Les artistes ont leur propre approche stylistique et technique à travers leur utilisation de la composition spatiale, de la couleur et des symboles utilisés.
Les individus
Dans l’art Aborigène, les personnes sont représentées avec une forme en « u ». Il s’agit de la forme laissée dans la terre lorsque les humains s’assoient en tailleur.
Le fait que ce symbole représente un homme ou une femme est déterminé par les outils et ustensiles gravés à côté. Par exemple, un homme peut avoir une lance ou un boomerang (deux barres identiques ou une plus courte que l’autre), tandis qu’une femme aura un bâton à fouiller ou un coolamon, un sac traditionnel utilisé pour transporter de l’eau ou des baies (une seule barre longue ou une barre courte et une barre longue oblique).
Les lieux de rencontres
Les représentations des lieux de rencontres dans l’art Aborigène étaient vitales. Ils indiquaient aux générations suivantes où trouver un abri ou de l’eau, étant donné la nature hostile de l’intérieur des terres australiennes. Ils sont également importants en raison du caractère sacré de ces lieux.
Les points d’eau sont représentés par une série de cercles concentriques. Plusieurs points d’eau reliés par des lignes ondulées signifient de l’eau courante.
On peut aussi y voir des personnes « U » tout autour de ces cercles.
De même, les lieux de rencontre sont matérialisés par une série de cercles concentriques. Les lignes adjacentes représentent les chemins empruntés par différents individus pour se rendre sur ces lieux. Les lieux de rencontre étaient un aspect extrêmement important de la vie des autochtones, où les gens se réunissaient, souvent en cercle.
Les trous de roche sont un autre exemple de sites qui avaient une importance à la fois pratique et spirituelle, et qui apparaissent donc souvent dans l’art Aborigène. Ils ne fournissaient pas seulement une source d’eau, mais ils étaient également le lieu de diverses cérémonies religieuses et culturelles.
Les animaux
Le plus souvent, les animaux sont représentés par les traces distinctes qu’ils laissent derrière eux.
Les traces des kangourous sont caractérisées par les empreintes en forme d’encoches laissées dans le sable par leurs pieds et une ligne au milieu de celle-ci représentant la marque laissée par la queue.
Le symbole aborigène de l'empreinte d'un opossum est une ligne droite avec quatre doigts saillants qui représentent les quatre orteils griffus de sa patte arrière.
Le symbole aborigène de l'émeu ressemble à une flèche qui représente son empreinte distinctive à trois doigts.
Certains animaux ont une signification plus spirituelle dans l’art Aborigène. C’est le cas du serpent, élément fondamental des croyances autour de la création des Aborigènes. En tant que symbole de force, de créativité et de continuité, le serpent est très présent dans l’art Aborigène.
Un autre animal important est la tortue. Dans l’art Aborigène, la tortue représente le Warabah, qui est à la fois un emblème de protection et un guerrier. C’est aussi une source de nourriture.
La nourriture
La nourriture est naturellement un élément important de l’art Aborigène. Sa présence indiquait aux générations suivantes l’emplacement des sources d’alimentation disponibles. Le s «bush tuckers», nourriture originaire d’Australie, se compose de baies, de plantes, de fruits, d’œufs et de viande d’animaux indigènes. En plus, cela inclut de la flore et de la faune utilisées dans la cuisine et le traitement des maladies.
Les fourmis à miel sont représentées par un dessin simplifié de l'insecte lui-même, mettant en évidence son abdomen gonflé et rempli de miel.
Leur nid est représenté par un réseau de tunnels en forme d'étoile menant aux chambres où vivent les fourmis à miel. Elles construisent leurs nids dans le sol sous un arbre ou un buisson et camouflent l'entrée avec des feuilles mortes.
Les fruits, les fleurs et les œufs (tous représentés par de petits cercles), ainsi que les baies de buisson, l’igname et les larves blanches mais parfois on peut trouver des représentations plus réalistes.
La nature
En raison du lien profond entre les Aborigènes et leur terre, la puissance des éléments s’étend au-delà du physique, jusqu’au spirituel. Par exemple, les Aborigènes célèbrent la pluie en exécutant des chants et des danses lors de cérémonies.
Les étoiles sont également extrêmement importantes, car elles sont une source fiable d’orientation et sont des êtres totémiques. Leur représentation évoque souvent l’histoire des sept sœurs.
Concept de l'art dans la société aborigène traditionnelle
Le concept d'art dans la société aborigène traditionnelle est très différent du concept d'art dans la société européenne. Dans les sociétés aborigènes traditionnelles, des activités comme la danse, le chant, les décorations corporelles, les dessins sur le sable, la fabrication d'outils ou le tressage de paniers n'étaient pas considérées comme des activités distinctes appelées art et design. Toutes ces activités faisaient partie du Rêve et de la vie quotidienne ordinaire. Il n'y avait pas de concept d'un type spécial de personnes, les artistes, car, en un sens, tout le monde était un artiste. Cette situation évolue à mesure que les communautés traditionnelles s'adaptent aux aspects de la culture occidentale, mais le nombre d'"artistes" dans un groupe autochtone est généralement beaucoup plus élevé que dans les communautés non autochtones.
Les points distinctifs que l’on trouve dans les peintures à points constituent un autre élément clé de l’art Aborigène. Il faut bien noter que ces types de peintures sont nés à l’époque de la colonisation. Elles ont été développées par crainte que les colons blancs puissent comprendre les savoirs anciens et sacrés de l’art Aborigène. Les points visaient à dissimuler leur signification à l’œil non averti, mais restaient compréhensibles pour le peuple Aborigène.