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Bilan culturel No24 du mois de juillet 2022 à Perth et sa région

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Moon in a dew drop
Écrit par Isabelle de Casamajor
Publié le 4 août 2022

Retour sur quelques une des activités culturelles du mois de juillet, de belles expositions, trop de films pour les voir tous et le théâtre n’était pas reste.

 

Carrolup

Carrolup coolingah wirn – The spirit of Carrolup children à John Curtin gallery

Carrolup était une mission dans la “Wheat belt”. Les enfants volés de cette mission ont eu dans le malheur la chance d’avoir pour éducateur Noel et Lily White qui ont mis l’art au premier plan de leur éducation. Entre 1946 et 1950, ils vont créer des centaines d’œuvres d’arts. La philanthrope Florence Rutter achète nombres de ces œuvres d’arts et les revend à travers le monde et plus particulièrement en grande Bretagne au bénéfice des enfants de la mission. Un grand nombre de dessins ont été retrouvé aux états unis et retournés à John Curtin gallery. Cette exposition retrace une partie de cette histoire et présente un certain nombre de reproduction de ces œuvres. Des reproductions, car les originaux sur des supports de faible qualité et sont extrêmement fragiles. Malgré un talent reconnu, ces enfants devinrent des domestiques ou de la main d’œuvres agricoles en quasi esclavages comme il était de mises à cette époque. Certains devinrent sur le tard, malgré tout, des artistes reconnus.

Les œuvres issues de Carrolup ont pour la plupart un style très distincts qui est facilement identifiables.

 

Moon in a dew drop

Moon in a dew drop par Lindy Lee à John Curtin gallery

Lindy Lee, australienne d’origine chinoise nous fait découvrir différents aspects de son travail et aussi de son parcours par rapport à son héritage, à l’influence de la philosophie du taoïsme et du bouddhisme. Ses œuvres sont toutes en finesse, délicates elles nous font découvrir le parcours artistique de Lindy. Tout d’abord les travaux d’impressions avec lesquels elle a débuté, puis intégré certains aspects de ses origines pour complètement adopter les techniques chinoises de projections d’encre et se lancer dans la fonderie du bronze.

Ce parcours reflètent aussi sa démarche personnelle à la recherche de son identité, sa pratique du bouddhisme zen et la méditation.

Elle utilise avec beaucoup de talent les aléas incontrôlables du comportement du métal en fusion dont le processus prend un caractère méditatif. Une fois poli, la brillance du bronze est semblable à de l’or et les courbes sont sensuelles et légères. Une très belle exposition…

 

Number please!

Number please! Au musée de Wireless hill

Cette exposition nous fait découvrir une époque où téléphoner était un exploit technique, un luxe, elle nous apprend aussi comment l’Australie occidentale à gérer ce progrès jusqu’à l’introduction du réseau NBN. Le premier téléphone a été mis en place entre Perth et Fremantle en 1878

L’histoire de Mary Ellen Cuper qui a obtenu le poste de maitresse de poste au télégraphe de la poste de Victoria plains en 1874 en dépit de ses origines aborigènes. Elle brilla par sa dextérité et sa capacité à apprendre.

Certains retrouveront avec nostalgie les anciens téléphones en bakélite, et ceux colorés des années 80.

Il est même fait référence à Charles Bourseul, ingénieur français, qui décrit le concept de son téléphone dans le magazine "L’illustration" en 1854.

Il y a moins de 100 ans, le téléphone domestique n'existait pas, mais aujourd'hui, plus de 90% de la population mondiale est connecté.

 

Edward and Isabella

Edward and Isabella de Adam Morris

Autofinancé, réalisé entièrement pendant une pandémie et tourné dans la ville d'Albany, ce long métrage indépendant suit un couple, joué par Chloe Hurst et Daniel Barwick, alors qu'ils reflètent sur leur relation.

Le film évite les clichés du genre alors que les protagonistes retracent leur chemin pendant quelques jours de vacances, avec tendresse et objectivité, sans colère, loin des mesquineries et reproches qui peuvent déchirer un couple.

Le scénariste et réalisateur Adam Morris explore la relation de ce couple fragile que l’amour et l’affection  ne suffit pas à rendre heureux.

Un superbe film, on regrettera juste quelques imperfections techniques mais qui n’enlève rien au résultat final.

Edward et Isabella est le premier long métrage de Morris et a déjà remporté le prix WA Screen Culture Awards, celui du meilleur long métrage au Festival international du film de Prague et Meilleur réalisateur aux Tokyo Film Awards.

 

Walk

Walk au Blue room

A mi-chemin entre sculpture et danse, Bobby Russell nous invite dans un installation artistique où, l’expression culturelle est un mode de communication et le moteur d’un voyage à travers des lieux d’un autre monde.

Le couloir qui nous a amené dans le studio a pour l’occasion été transformé en un tunnel au plafond recouvert de fibre de rembourrage et à l’éclairage bleu. Celui-ci nous plonge d’emblée dans une atmosphère d’outre-tombe. Son entrée sur scène est magistrale, dans l’encadrement d’une porte, au travers de flashs puissants. Bobby tâtonne, puis telle une chrysalide s’extirpe, se libère d’une créature faite de tissus de différentes textures animés par des cables reliés à des poulies. Puis se succède un nombre de d’épisodes sans trop de lien, mais marqués une certaine évolution et métamorphose, tantôt chevalier sous une pyramide de lumière, tantôt en Narcisse qui éclaire successivement  des parties de son visage avec une torche pour finir en tout en mouvement et lumière qui augmente crescendo pour un final à la chorégraphie digne d’une revue de danse.

Après avoir commencé le crâne rasé dans un costume androgyne, c’est avec une perruque verte électrique et cape à paillettes à Franges, ultra féminine que Bobby termine ce spectacle.  Totalement convaincante, sous un éclairage savamment orchestré, Bobby joue avec les genres, les émotions, les mouvements et aussi avec la lumière. Un très beau spectacle entre rêve et cauchemar, même si on a un peu de mal à trouver l’ombre d’une histoire.

 

The forgiven

The forgiven de John Michael McDonagh

Ce film est une adaptation du roman de Lawrence Osborne. Les paysages du Maroc sont splendides et la lumière est d’autant plus éclatante que le récit est noir. Une noirceur empreinte de sarcasmes et d’ironie.

Jo Henninger (Jessica Chastain) écrivaine américaine et son mari médecin britannique David (Fiennes) se rendent pour un week end festif chez un de leurs vieux amis : Richard (un Matt Smith narquois), qui rénove un magnifique ksar dans le désert à quatre heures de Tanger avec son partenaire américain, un hédoniste du nom de Dally (Caleb Landry Jones). La route est longue et les haltes en cours de route quelque peu avinées. Ils finissent la route de nuit quand soudain ils percutent un adolescent, Driss (Omar Ghazaoui) qui a surgit au milieu de nulle part. Il ramène sa dépouille chez leur hôte qui contacte les autorités pour régler le problème.

La fête continue, insouciants les invités sont une caricature d’un monde riche mais vide de substance, rien ne nous est épargné. Abbey Lee joue le rôle d'une fêtarde australienne qui saute dans la piscine dans sa robe à paillettes ; Marie-Josée Croze joue le rôle d'une photographe française moralisatrice qui fait des généralisations sur les Américains ; et Alex Jennings joue le rôle d'un lord britannique qui arrive en retard avec une troupe de jolies femmes aussi jeunes qu’elles sont courtement vêtues.

Après l’apparition d’une police, peu zélée, c’est le père du garçon Abdellah (Ismael Kanater) qui débarque pour récupérer le corps de son fils unique. Il insiste pour que David l'accompagne chez lui pour enterrer le garçon, nommé Driss, comme le veut la coutume.

C’est alors un déballage de stéréotypes, entre bakchich et référence à l’ISIS, David révèle un racisme primaire. Le père, lui semble digne, calme et stoïque qui cache une douleur et une rage bien présente.

C’est alors que ce couple qui traine misérablement leur désamour se sépare, David suit Abdellah dans un voyage initiatique de la reconnaissance et du pardon, alors que Jo laisse éclater sa libido alors que la fête continue.

Toute la valeur de ce film est dans son aspect satirique et la richesse de son écriture, tout est d’une apparence impeccable, glamour, bien trop propre et exotique. Décors, costumes, tout est parfait, seul les personnages ont une laideur interne.

 

 

Rebirth

Still birth au Blue room theatre

Une mère et sa fille, mère célibataire d’un jeune enfant vivent ensemble quand le frère rentre après une période dans l’armée. Au fil du temps, des sons étranges et une odeur tenace envahissent la maison. Les voisins sont tout d’abord incriminés mais une plus sombre explication est mise à jour. Un homme blanc était piégé dans la maison d'une famille noire à leur insu, cette famille dont il a violé la fille alors qu’elle rentrait chez elle.

Une métaphore qui explore de façon différente comment surmonter le passé et ses blessures.

Tinashe Jakwa, dramaturge en herbe, traite les joies et les peines liées à la gestion des divisions raciales d'une manière mordante et humoristique.

 

So dam easy going

So dam easy going de Christoffer Sandler

Ce film est l'adaptation d'un roman suédois de Jenny Jägerfeld. Une jeune fille Joanna (Nikki Hansenblad), 18 ans, a perdu sa mère et vit avec son père en pleine dépression. Atteinte de trouble du déficit de l’attention (ADHD) se retrouve à cours de médicaments. Sans argent, elle n'a pas accès à cette chimie salvatrice. S’en suit alors une course infernale entre trouver l’argent nécessaire et gérer sa vie sentimentale qui est e. train de prendre une nouvelle tournure.

On ressent vraiment la pression dans la vie de Joanna, elle voudrait être cool, mais elle n’y arrive pas, et de plus, elle a l’art de se mettre dans des situations embarrassantes, voire criminelles.

Elle tente de gérer son stress par rapport à l'argent, les conséquences d'un trafic de drogue inattendu et ses sentiments nouveaux et violents pour Audrey (Melina Benett Paukkonen), la nouvelle fille du lycée.

Ce film est plein de charme et fraicheur, grâce aux acteurs principaux. Les problèmes de Joanna sont bien retranscris mais cette histoire de drogue n’est pas  vraiment crédible et se résout un peu trop facilement.

Cela n’en reste pas moins un joli film plein de sensibilité pour des sujets délicats.

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