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Bilan culturel No23 du mois de juin 2022 à Perth et sa région

Tom Malone  exhibition at AGWATom Malone  exhibition at AGWA
Tom Malone exhibition at AGWA
Écrit par Isabelle de Casamajor
Publié le 5 juillet 2022, mis à jour le 6 juillet 2022

Ce mois-ci à nouveau, l’ennui n’était pas au rendez-vous. Beaucoup d’activités culturelles de qualité illuminent notre hiver.

 

Moody au Blue room theatre

Moody au Blue room theatre

Bipolaire, c’est un mot qui effraie, un sujet grave, un mot que l’on ne sait comment le prendre et dont on parle peu. Quand les mots sont difficiles à trouver, l’expression corporelle prend le relais.

Moody est le récit des hauts et des bas que traversent un couple. La danseuse Ellen-Hope Thomson est bipolaire, c’est tout en mouvement que ses émotions nous sont révélées tantôt euphoriques tantôt brutales et sans concessions face à Tristan McInnes qui compose, relativise, passe outre avec une constance louable et beaucoup d’amour.

Face à la danse d’Ellen c’est l’expression du visage de Tristan qui en dit long, chacun à sa façon et sans un mot, ils nous parlent avec beaucoup de sensibilité de la détresse, de l’impuissance face à une instabilité persistante.

La musique et la lumière aussi donnent le ton, les mots ne manquent pas vraiment. Ce sont les émotions qui ont la priorité et cela fonctionne.

 

Tom Malone exhibition a AGWA

Exposition du concours Tom Malone à l’Art Gallery of Western Australia

Tout en légèreté et transparence, l’exposition du concours Tom Malone nous offre cette année encore de très belle réalisations et en prime vous pourrez aussi voir les premiers prix des années précédentes.

Cette exposition vous permet de voir les infinies possibilités qu’offre le verre, vous découvrirez couleurs et formes, jeux de lumières, trompes-l ’œil qui ne ressemble en rien à du verre, la beauté du minimalismes ainsi que des messages profonds et d’autres plein de fantaisies.

De très belles pièces mais aussi le résultat d’incroyables prouesses techniques, il y a bien plus que de l’art et du talent dans cette exposition.

 

Caress / Ache par WAAPA

Caress / Ache au Roundhouse theatre à ECU Mount Lawley

Cette pièce est présentée par les étudiants en 3e année de théâtre de la WAAPA.

Un vrai challenge, cinq histoires pour le moins lugubres, non liées elles s’entrecroisent sur scène autour d’une préoccupation commune, nos réponses à diverses stimulations physiques.

Tout commence avec un chirurgien, Mark, qui perd un bébé, tenant entre ses mains son cœur, impuissant. Suite à cela, il devient intolérant à tout contact physique, notamment avec son épouse. Et à cote de cela, un couple déchiré par l’infidélité, la fille de réfugiés politique, Aarzu qui rêve de retourne dans le pays de ses parents, la mère d’un garçon autiste commence une activité de téléphone rose pour subvenir à ses besoins et ceux de son fils et enfin une mère désemparée, Alice, qui doit se rendre à Singapour car son fils Peter doit y être exécuté.

Après une première période de flottement, on rentre dans le rythme de la pièce, sautant d’une histoire à l’autre.

Le décor est minimaliste, quelques objets vont et viennent avec leurs personnages. Ils se croisent, se rencontrent rarement. Seule la conclusion va relier deux protagonistes, le docteur est envoyé à Singapore pour superviser la pendaison du fils d’Alice, il arrivera à prendre Alice dans ses bras, le dernier souhait de Peter.

Pour les autres, ils ont contribué à la diversité de situations. L’idée est intéressante, les acteurs très convaincants, la mise en scène dynamique et très bien orchestré mais cela reste un bel exercice de style, il manque un petit quelque chose.

 

Men d'Alex Garland

Men d’Alex Garland

Sans savoir si son mari est mort accidentellement ou s’il s’est suicidé suite à une violente dispute, Harper décide de prendre un peu de temps pour elle dans un village isolé de la campagne anglaise, en espérant pouvoir s’y reconstruire. Mais une étrange présence dans les bois environnants semble la traquer. Ce qui n’est au départ qu’une crainte latente face à un rodeur se transforme en cauchemar total, nourri par ses souvenirs et ses peurs les plus sombres.

Un thriller psychologique qui se transforme en film d’horreur. L’idée est intéressante, les démons d’Harper font surface sous la forme de diffèrent personnages masculins tous habitants du village que l’on découvre petit à petit. Cela ne nous dévoile malheureusement pas les raisons exactes du divorce du couple. Peut-être un désaccord quant à la possibilité de faire un enfant ? Ce qui expliquerait les accouchements successifs à la fin du film et la copine, elle, enceinte.

Tout fonctionne par contraste, la riante quiétude ambiante avec la pression psychologique et les images répugnantes. Le tout est magnifiquement filmé et interprété, c’est seulement un peu trop gore à mon gout.

 

Meditation par Barbara Haddy

 

Sustaining the art practice à Lawrence Wilson Art Gallery

L’exposition « Sustaining the art of practice » s'appuie sur des œuvres de la collection « Cruthers of women’s art » pour révéler les liens entre ses femmes artistes, et les communautés et environnements qui soutiennent leur pratique. Ses femmes trop longtemps absentes de la scène artistique.

Cette exposition est l'occasion d'examiner comment les artistes sont alimentés par une multitude de relations : l'héritage de la famille, les précédents dans l'histoire de l'art, leur communauté, le paysage et le pays dans lesquels ils vivent.

Des éléments d'art et de politique s'entremêlent dans le travail d’Helen Grace, elle s'inspire du passé pour réfléchir au présent. Son travail a porté sur des questions relatives aux femmes dans la vie publique et privée et a contribué à interroger la manière de structurer les espaces de vie, les façons d'organiser le travail et la vie dans ces espaces, et la manière d'exercer la liberté au quotidien.

La prédominance d'œuvres faisant référence au tissu et aux traditions textiles dans cette exposition est une reconnaissance de la capacité du matériau cousu à conserver des traces corporelles à la fois du fabricant et de ceux qui possèdent ou touchent le tissu. 

 

 

State au Heath Ledger theatre

Le spectacle STATE du West Australian Ballet est pour sa deuxième année le point culminant de l'année en matière de danse moderne. Les danseurs ont l’opportunité à travers des œuvres contemporaines et néoclassiques d’incarner une expression artistique qui bouscule les habitudes.

Trois ballets contemporains dont la pièce maitresse de Nils Christie crée pour le ballet de l’opéra de Paris « Before Nightfall ».

Le spectacle débute avec With /in/ Sight du chorégraphe australien Craig Davidson qui dans un décor minimaliste explore les expériences humaines entre chaos et clarté. Après le chaos du début, mouvements différents et tumultueux, le rythme se stabilise et ldeviennent plus doux, fluides comme les costumes fait de jupes et pantalon gris avec quelques touches de couleur. Les danseurs sont impressionnants de maitrises de de confiance mutuelle.

C’est ensuite Galatea & Pygmalion, un magnifique duo inspiré du mythe du maitre sculpteur Pygmalion qui demande à Aphrodite d’insuffler la vie à sa création dont il est tombé amoureux. Sur une musique de Philip Glass, le couple évolue vers leur irréductible destin. C’est une véritable prouesse physique, Galatea tient des positions difficiles pendant de longues périodes et se déplaçant à la fois avec raideur et agilité que son partenaire orchestre admirablement.

Et finalement après un court intervalle, nous sommes envoutés par la création « Before Nightfall » de Nils Christe et une musique dramatique sombre et intense de Bohuslav Martinů, presque sinistre mais d'une beauté remarquable. Nous explorons l'effroi et l'incertitude face à un danger imminent dans décor et costumes, tous blancs et bleus nuit. Les 12 danseurs nous ont offert une prestation raffinée et élégante.

Ces trois pièces ont un même côté obscur, un brin mélancolique, toutes techniques et exigeantes et exécutée avec beaucoup de précision et de grâce : un très beau spectacle.

 

Yirra Yaakin vignettes series

 

Yirra Yaakin Vignette Series au Subiaco Arts center

La compagnie Yirra Yaankin nous a présenté une production constituée d'une collection de huit courtes pièces de plusieurs auteurs émergents et jouées par six comédiens dont certains déjà connu de la scène théâtrale de Perth.

Dans le théâtre studio du Subiaco Arts center, une scène intime et versatile abrite ces histoires qui se suivent mais ne se ressemblent pas mais ont toutes en commun des sujets difficiles.

Et cela commence très fort avec un scenario qui nous plonge dans les incertitudes liées à un premier rendez-vous sans aucune référence à l’identité. Dans la même, veine nous découvrons deux amis qui cherchent l’amour alors que celui-ci est à portée de main, encore faut-il l’admettre.

Tout en dérision, Marlu Man un super héros avec sa cape en peau de kangourou cherche à venger un « influenceur » qui a déversé des commentaires racistes  sur les réseaux sociaux suite au meurtre de son neveu fauché par un homme blanc alors qu’il était en vélo.

La ségrégation est aussi abordée avec un panneau « No coloureds » qui de suite dresse la situation : un frère et une sœur essaye désespérément de s’introduire dans la salle de bal du village. S’en suit le déballage de tous les travers d’une petite communauté où rien ne reste secret, surtout pas ce que l’on voudrait taire.

Le thème de la maladie mentale n’est pas en reste, à demi-mot, mais ce qui se voulait subtil tombe un peu à plat à cause un enchainement maladroit, dommage.

Tout en finesse et avec beaucoup d’humour nous abordons le droit de mourir avec dignité et chez soi. Ce qui pour les populations aborigènes prend une tout autre dimension.

La place des personnes aborigènes dans le monde de l’industrie en Australie occidentale est une fois de plus abordé, comment se positionner dans l’exploitation minière, agir de l’intérieur quand la marge de manœuvre est limitée

Des acteurs de talents, des histoires qui ne tombent pas de le stéréotype, ces vignettes nous ont ravis et il y a vraiment matière à les développer.

 

The nullians par Shyran Egan

 

Exposition « The Nullians » au Rockingham Arts center

Sharyn Egan est une artiste tisserande, peintre et et sculpteur dotée d’une grande curiosité qui n’arrête jamais de créer et d’expérimenter. Elle a appelé son exposition « The Nullians », un pied de nez au concept de la colonisation : « Terra Nullius », une terre sensée être inhabitée dont les habitants auraient pu être appelés Nullians et en son cœur les Balgas (grass trees) : les « couteaux suisses » du bush. Ils sont utiles à peu près pour tout.

Ici sur les murs, les tableaux sont peints avec de la résine de Balga, allant du rouge foncé à des teintes plus claires ou diluées, ses tableaux sont lumineux, la texture de la résine donne des formes à déchiffrer. On ne se lasse pas de les regarder.

Au centre de la pièce, le cœur de ces plantes, qui ne sont ni des arbres ni des herbes, ont été ramassés durant ses explorations dans le bush, certains sont brut et d'autres peints avec de l’ocre. C’est le cœur des balgas qui ont servi à réaliser tous les objets qui sont pressentés. Sharyn a collecté tous ces objets dans des magasins de deuxième main et elle leur offre un retour au source.

Une petite exposition mais de toute beauté qui vaut bien le déplacement jusqu’à Rockingham.

 

 

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