

Second volet du reportage au sein de la CCTV-F pour le concours "les As du français". Les ficelles du métier, les imprévus, les futurs employeurs, la marraine Joyce Jonathan ou l'humour des candidats se dévoilent tour à tour, tout au long de l'émission.

Une émission de télévision n'est pas toujours un long fleuve tranquille. Encore moins quand c'est une première édition et qu'il y a forcément quelques imperfections. Pouvoir en cacher les scories est un des nombreux avantages d'un enregistrement en différé par rapport à un enregistrement live. Lors de la diffusion prévue pour le 27 janvier, date anniversaire de la reconnaissance de la Chine par le général de Gaulle, le spectateur ne verra donc probablement pas les résultats qui ne s'affichent pas, les candidats qui passent dans le champ de la caméra, les installations de décors, les langues qui fourchent ou même les pleurs de l'animatrice Chi Dan.

Car oui, il y a eu quelques larmes durant l'émission. D'abord celles de Wang Shihua, la candidate de Xiamen, déçue par son élimination, et surtout par une performance, selon elle, inaboutie. C'est un exemple du degré d'exigence qui accompagne tous ces postulants et explique en partie leur réussite dans la maîtrise du français. La fatigue aidant, pour celle qui s'est qualifiée la veille et a donc bachoté une bonne partie de la nuit, les nerfs ont lâché. Ceux de la présentatrice, émue par la tristesse de la candidate, ont suivi : le rire n'est pas seul contagieux. "Nous avons passé beaucoup de temps ensemble pour la répétition, et ce n'est pas facile de les voir partir au fur et à mesure", explique Chi Dan après l'enregistrement.
"Et puis tous les candidats sont très forts, avec une personnalité incroyable". Ce que le spectateur peut déjà apprécier quand un candidat, pourtant déjà éliminé, assure un rap au pied levé pour donner le temps à la présentatrice de se remettre de ses émotions. La jolie Chi Dan, dont le français n'a rien à envier aux candidats, du haut de ses 6 ans d'expérience à la télévision, n'aurait pourtant jamais participé à une telle émission. "Mais je ne suis pas aussi courageuse que tous ces candidats. Bien sûr, je suis présentatrice, mais c'est mon travail, je m'adapte. Eux viennent souvent pour la première fois à la télévision." Et c'est vrai qu'il faut aussi du courage pour enchaîner toutes les épreuves, faire un sketch en duo en se prétendant à l'aéroport, dans une banque ou dans un restaurant, ou encore imiter un membre du jury, devant lui, lors d'une fausse interview, qui permet au passage de parler des invités, dont l'animateur et humoriste Julien Gaudfroy ou la marraine de l'émission, la chanteuse française Joyce Jonathan (photo ci-dessous).

Double disque de platine dès son premier album, le choix de la chanteuse n'est pas anodin, puisqu'elle est déjà connue du public chinois. "Je suis venue en Chine régulièrement depuis l'âge de 11 ans, mes parents ayant créé l'agence de voyage la Maison de la Chine. J'ai aussi sorti un album en chinois, qui a reçu un très bel accueil. Ce que je trouve génial en plus, c'est que beaucoup de Chinois m'écrivent pour me dire qu'ils apprennent le français avec mes chansons. D'avoir ce rôle-là, je me dis que c'est utile", se réjouit Joyce Jonathan.
Elle apporte donc un joyeux intermède musical, dans une finale sans épreuve chantée, contrairement aux demi-finales. "Cela ne fait pas assez sérieux pour juger du niveau de la langue", explique Chi Dan. Une autre épreuve dévoile elle, une autre ficelle du métier. A partir de 4 photos sans rapport entre elles, les finalistes doivent improviser une histoire. Après quelques secondes de réflexion, ils réussissent tous le challenge. Impressionnant. Ils ont en fait déjà eu accès aux photos, ne sachant simplement pas sur quelle série ils allaient tomber.

Une future embauche?
Les sept jurés et les cinq invités d'honneur sont en tout cas séduits. C'est tout bénéfique pour les candidats, puisque ces "juges" pourraient vite devenir de futurs employeurs. Et il y a du beau monde, avec des représentants des ambassades de France, du Congo et du Maroc ou encore du ministère des Affaires Etrangères chinois. CCTV-F elle-même n'est pas indifférente à ces talents. Dong Qiang, doyen du département de français de l'université de Beijing, constate que "de plus en plus de Chinois qui n'ont pas de lien avec la France apprennent le français, car plus de personnes ont maintenant les moyens de voyager, et la France est parmi les premières destinations".

Fin de l'enregistrement, il est déjà temps de remballer le plateau (photo JCB)
Victoire ou non, future embauche ou pas, tous les candidats étaient heureux de l'expérience une fois l'émission terminée, les projecteurs éteints et le public parti. Heureux "d'avoir pris beaucoup de confiance et trouvé une motivation pour travailler encore plus devant tous ces gens qui avaient un niveau merveilleux" selon Wang Shihua, dont les larmes avaient séchées. La seconde édition de l'émission, prévue d'ici un à deux ans, devrait voir le niveau encore augmenter. Les futurs candidats peuvent d'ores et déjà cogiter ce message de l'as des "As du français", Sophie Zhong : "L'apprentissage ne s'arrête pas la sortie de l'école, mais se fait ensuite au quotidien, et le concours montre qu'il y a toujours matière a apprendre".
Joseph Chun Bancaud (lepetitjournal.com/pekin) Mardi 17 décembre 2013
Pour lire le premier volet du reportage, cliquer ici.







